Denis Bonzy

Vie publique : le choc des trois mentalités

Dans l'ensemble de la vie publique française, trois mentalités s'opposent actuellement. Leurs socles sont tellement différents qu'aucun dialogue sérieux n'a encore été tissé. C'est le choc entre les "survivants", les "partisans de l'auto-défense tribale" et la grande majorité de la "ruche endormie".

Les survivants réagissent par adaptation. Ils intègrent les évolutions et cherchent à s'organiser en conséquence. C'est une culture de pragmatisme, de réactivité, de performance.Jeunes 18 06 08

Les partisans de l'auto-défense tribale refusent la crise, refusent la mondialisation. Ils voient la communauté nationale comme une sorte de conglomérat de tribus aux intérêts opposés. Les droits acquis des uns seraient nécessairement opposés à ceux des autres. Tout est dans le rapport de forces.

Les membres de la "ruche endormie" composent le plus grand nombre. Ils sont animés par le sauve qui peut individuel dans l'attente d'un leader qui devrait porter les bonnes perspectives collectives.

Chacune de ces composantes est structurée autour de valeurs souvent contradictoires. Ainsi, les membres de la ruche endormie sont à la fois individualistes et centralisateurs. Ils sont individualistes dans leur organisation personnelle mais centralisateurs dans leur schéma collectif d'organisation. A ce titre, ils attendent beaucoup du secteur public et tout particulièrement de l'Etat.

Ce dernier groupe ("la ruche endormie") progresse. D'où l'actuel paradoxe de la vie publique française. L'individualisme nuit à la mobilisation collective. Mais pour autant, cette mobilisation est perçue comme nécessaire puisque les intéressés attendent encore beaucoup de l'Etat notamment.

C'est la véritable grille "culturelle". Les extrêmes se nourissent de la culture de la défense tribale en acceptant des hors jeux sociaux, économiques ou financiers de façon très déculpabilisée.

Les survivants peinent actuellement car les nouvelles facettes de la crise les éprouvent.

En conséquent, le grand corps central devient la "ruche endormie" qui attend toujours le leader supposé être le "guide" pour sortir de la tempête. Mais pour l'instant ce large groupe ne le voit pas encore avec précision. D'où l'attentisme généralisé.

C'est ce choc des trois mentalités qui porte la vague qui fera le résultat de mai 2012.

Commentaires

2 réponses à « Vie publique : le choc des trois mentalités »

  1. Avatar de Christian Bec
    Christian Bec

    Nous traversons actuellement une période inédite et nos meilleurs experts peinent à se projeter et à dessiner un avenir à court et moyen terme.
    Après la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers, c’est la crise des dettes souveraines et la faillite de la Grèce qui menacent notre système économique et l’euro. Notre dette n’en finit pas de s’accroître et les déficits se creusent.
    Le paradoxe, c’est le détachement du plus grand nombre des citoyens par rapport à cette situation, alors que c’est notre indépendance et notre liberté qui est en jeu. J’ignore si les trois types de mentalités présentés par Denis Bonzy réagissent à des niveaux différents. Pour ma part, je discerne certes une inquiétude mais pas un état d’esprit en mesure de mobiliser et de responsabiliser chacun d’entre nous.
    Il semblerait que les citoyens vivent comme l’Etat, c’est-à-dire en dessus de leurs moyens. Les citoyens, comme les pays industrialisés, financent à crédit leur niveau de vie. Les uns empruntent pour payer les fonctionnaires et les autres pour partir en congés.
    Ce qui m’interpelle, c’est l’absence de concertation et de générosité intergénérationnelle. J’avais analysé le même type de comportement lors de la réforme des retraites. La faiblesse du système des retraites avant la réforme ne générait pas massivement la crainte d’une injustice pour les futurs retraités ayant cotisés pour les générations de leurs parents ou grands parents mais risquant de na pas pouvoir bénéficier d’une retraite lorsque leur tour
    viendra.
    Pourtant, l’égoïsme n’est pas une valeur traditionnelle visant l’équité et une société harmonieuse.
    Il faut dire la vérité aux Français sans stigmatiser aucune catégorie sociale. Il est urgent de prendre en compte les déficits publics, le surendettement des ménages mais également les menaces sur notre système de protection sociale. Notre société n’est plus en capacité de poursuivre une politique d’assistanat où les droits priment sur les devoirs. C’est la fin d’une période. Les efforts seront rudes si nous voulons éviter le pire et ne pas laisser l’ardoise à nos enfants.
    La Cours des Comptes prescrit à 5 % du PIB (90 Milliards d’euros), l’effort à accomplir pour rétablir l’équilibre des finances de la France. Le gouvernement annonce pour sa part 12 Milliards en deux ans (1 Milliard d’économie sur les dépenses et 11 Milliards de recettes fiscales nouvelles).
    Le gouvernement a pris des décisions qui s’imposaient, notamment au sujet de la réforme des retraites. Il doit être ambitieux sur les réformes visant l’équilibre des dépenses et ne pas céder sur la règle d’or. Cette règle n’appartient ni à la droite ni à la gauche. Elle est utile à la France et à l’Europe. 78 % des français y sont favorables (sondage de l’IFOP pour Paris Match).
    Les socialistes ne parviennent pas à produire des propositions réalistes. Ils conservent cette posture idéologique sur fond d’illusion. Méfions-nous d’un socialisme archaïque qui vante l’assistanat plus que l’effort.
    De droite ou de gauche, il faut prendre en compte la gravité et le caractère exceptionnel de la situation, et se comporter en force politique responsable. C’est un enjeu collectif, loin des ambitions individuelles.
    Christian Bec

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  2. Avatar de martial
    martial

    @ Christian Bec – La lutte contre les déficits publics et tout ce que vous érigez comme réformes nécessaires à l’équilibre des dépenses auraient dû être mise en oeuvre en 2007. Or le candidat Sarkozy outre le slogan « travailler plus pour gagner plus » encourageait les français à s’endetter par le crédit hypothécaire (s’inspirant des subprimes outre atlantique)qui nous ont plongé dans la crise… Vos arguments d’aujourd’hui relèvent de postures électoralistes et n’effacent pas la gestion approximative des gouvernements Fillon s’agissant d’une politique fiscale jugée par les français comme inéquitable et par la Cour des Comptes (aux recommandations et observations prises collégialement) comme inefficace quant à sa capacité à réduire les déficits…
    Cordialement.

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