Avec les élections régionales de mars 2010, il semblait que l'UMP 38 avait touché son plancher électoral perdant même sa place de formation politique challenger dans l'agglomération grenobloise pour être désormais devancée non seulement par le PS mais aussi par les écologistes.
La législative partielle du Sud Isère marque une étape supplémentaire dans cette descente aux enfers qui parait sans fin.
Les résultats laissent apparaître 6 enseignements majeurs :
1) Une interrogation : que s'est-il passé le 24 mai ?
Jusqu'alors la campagne de Fabrice Marchiol est à un rythme soutenu. Un rythme comparé d'autant plus soutenu que le PS a eu manifestement du "retard à l'allumage". Cette semaine 21, tout s'inverse. Le PS reprend l'initiative pour ne plus la perdre jusqu'au second tour tandis que le ticket UMP semble à bout de souffle, secoué par la seconde place du premier tour et incapable de créer un électrochoc entre les deux tours. Le premier tour semble être arrivé une semaine trop tard …
2) Toute la logique de la campagne de F. Marchiol reposait sur la première place au premier tour. Etre gagnant du premier tour devait permettre de mobiliser pour le second. Dans cette logique, il avait créé un réseau de notables locaux supposés mobiliser leur électorat. Ce réseau a manifestement failli. Non seulement, il n'a pas mobilisé l'électorat mais surtout il a mobilisé … les opposants. Le comité de soutien à Fabrice Marchiol a assuré les meilleurs scores à … Marie Noëlle Battistel. Même dans la Commune gérée par la maire sarkozyste de Chateau Bernard, la candidate PS arrive en tête fut-ce à une voix près !
Ce score est un coup de tonnerre contre des élus locaux qui avaient joué la carte apolitique en mars 2008 pour devenir des militants dès l'élection acquise. L'opinion avait déjà donné dans les revirements radicaux. L'axe stratégique de la campagne s'est retourné contre Marchiol.
3) Il n'y a pas un Canton que la droite parvient à préserver. Là encore, la stratégie de Marchiol consistait à mobiliser le rural et parier sur la démobilisation de l'urbain. Mais, même si l'urbain n'avait pas voté du tout, le rural tout seul aurait assuré une victoire large à Marie Noëlle Battistel. Bourg d'Oisans, Villard de Lans, Clelles … sont des Cantons qui ont largement voté PS. Sur le Canton de la Mure comme sur celui de Monestier de Clermont, les fiertés d'appartenance dont bénéficient d'ordinaire les candidats locaux n'ont pas empêché des victoires larges pour la candidate PS.
4) L'opposition départementale est aujourd'hui explosée après les régionales et cette partielle. Ce constat est le résultat de 3 facteurs. Elle n'est pas crédible comme force d'alternance. Elle ne porte pas de projet collectif connu, fiable, sérieux. Elle n'a pas été capable de retrouver un électorat populaire. Le score du 6 juin, c'est l'éclatement de la "bulle" des élus locaux qui vivent repliés sur une forme d'autocélébration permanente. Dans les urnes, les citoyens viennent de les sanctionner sans le moindre ménagement en donnant le sentiment qu'il suffisait que l'un d'entre eux appelle à voter dans une direction pour que l'électorat vote à … l'opposé.
5) Cette victoire de MN Battistel n'est pas seulement la défaite de son concurrent, elle est aussi la victoire d'un travail en profondeur mené par le député sortant pendant 20 ans. Il a suffi qu'une menace se profile et le réseau s'est remarquablement mobilisé sous l'effet du suppléant de la candidate qui s'est avéré un redoutable organisateur des relais municipaux qui ont parfois ouvertement traîné la patte avant le 22 mai.
6) Une nouvelle étape s'ouvre. La nouvelle députée doit faire ses preuves. Les circonstances nationales sont difficiles. Toutes nos félicitations et tous nos voeux de succès l'accompagnent dans l'exercice de ses nouvelles responsabilités.
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