Denis Bonzy

Catégorie : International

  • La fin de « l’école française de l’eau »

    Colorado 26 08 17

    Demain à Stockholm, comme chaque année à fin août, débutera la semaine mondiale de l'eau. Une manifestation internationale de plus en plus importante face au défi du réchauffement climatique. Dans ces circonstances particulières du défi climatique, la France met fin à ses avancées historiques dans ce domaine. Les avancées historiques datent de la loi sur l'eau en 1964 avec la mise en place d'un dispositif très original respectant la logique des bassins versants avec la création de 6 Agences de l'Eau. Mais depuis les années 90, cette avancée s'érode. Pire, depuis quelques années, c'est l'échec assuré. Il est connu. Diagnostiqué. En mai 2016, un organisme public d'expertise dresse un constat sans appel de la crise. L'Etat coupe les moyens des Agences de l'Eau en aspirant leurs budgets pour d'autres interventions. L'Ademe, autre intervenant, en avril ne savait plus boucler ses fins de mois et devait décaler ses interventions. La liste des crises pourrait durer longtemps. Le prochain programme pluri-annuel à partir de 2020 pourrait connaître une baisse de 20 à 25 % des moyens financiers des Agences. "L'école française de l'eau" a vécu. Au moment où l'eau va devenir une ressource naturelle plus fragile que jamais face au réchauffement climatique, l'Etat français n'a plus ni les moyens ni la volonté d'en faire une priorité. Une situation d'une extrême gravité dans les prochaines années. La crise concrètement, c'est quoi :

    • les canalisations pas remplacées donc des fuites d'eau records c'est à dire le gaspillage de la ressource,
    • l'acceptation de la chloration durable de l'eau avec les effets sanitaires graves,
    • le non renouvellement de la première génération des stations d'épuration donc une perte de performance dans la gestion de la pollution,
    • le non entretien des rivières donc une exposition aux risques d'inondations lors de violents orages en raison de retenues sauvages,
    • la rupture d'alimentation en eau par la non mise en oeuvre d'alternatives d'alimentations pour des secteurs exposés à une ressource fragile,

    NB : pour rappel, chaque ligne ci-dessus en gras et de couleur, c'est un lien pour atteindre l'article de fond en cliquant sur cette partie du texte. 

     

  • Le fipronil et l’allergie à la « réforme » …

    Vélo santé

    Hier, Macron évoquait une supposée allergie des Français à la réforme. Mais les Français ne sont pas allergiques à la réforme. Ils sont allergiques à l'action, à l'initiative, à la mobilisation,. Prenons des exemples concrets et récents : le scandale du fipronil. Dans certains produits, nous mangeons de la "merde" parce que des producteurs préfèrent augmenter leurs profits plutôt que de respecter la qualité de leurs produits donc respecter leurs clients. Que se passe-t-il ? Rien. Une action collective en justice ? Même pas puisque la gauche a tellement verrouillé ce dispositif que c'est un parcours du combattant très protecteur des grandes industries et non pas des consommateurs. Des associations donnent-elles la liste des marques à boycotter ? Même pas. Et pourtant, ce serait la meilleure façon de les responsabiliser que de les pénaliser là où ces marques pensaient gagner : le porte monnaie. Rien ne se passe. Comme il ne se passe rien sur le dossier de la chloration permanente durable de l'eau reconnue comme porteuse de cancers ou les canalisations avec de l'amiante car l'amiante ingérée est aussi dangereuse que l'amiante respirée. Quand les Français ne bougent même plus quand ils mangent ou boivent de la "merde" qui met en cause leur santé, il ne peut plus être question d'allergie aux réformes mais d'allergie à toute action possible. Ce qui est plus qu'une nuance. La véritable priorité serait actuellement de s'interroger sur les facteurs de cette apathie généralisée. Parce que si ces facteurs là ne changent pas, il n'y a pas de doute à avoir, aucune victoire collective sérieuse ne sera possible dans l'actuelle compétition en dehors de "sucettes d'ivresses passagères" comme organiser les JO que plus personne ne veut ou s'offrir un jeune président pour une vieille nation sans ressort.

  • Espèces animales : refuser le snobisme des causes à la mode

    Renards 24 08 17

    Un snob c'est quelqu'un qui aime une cause ou un individu qu'à la condition que d'autres aiment aussi cette cause ou cet individu. Et comme la France est gouvernée par Paris et que Paris c'est 300 snobs qui vivent au rythme des mêmes causes dans des relations incestueuses montrant, si besoin était, qu'aucune Révolution en France n'a été efficace, c'est un pays qui tourne le dos à de nombreux vrais enjeux. L'un des vrais enjeux de fond actuellement c'est le respect de la chaîne naturelle des équilibres. Il faut donc respecter les fonctions de prédateurs qui ne sont jamais que des nuisibles voués à être tués. Il faut accepter le rétablissement des renards, des loups, des ours … Jamais l'un d'entre eux n'est que nuisible. Ils contribuent à une chaîne naturelle d'un remarquable équilibre. Prenons l'exemple du renard, depuis plusieurs semaines déjà, des associations se battent pour que le renard soit sorti de la liste des nuisibles. Nicolas Hulot a été interpellé. Que fait-il ? Rien. L'ex acteur TV sponsorisé par le chimique Rhodia ne fait rien. Une caricature du snob parisien. Pour identifier les vrais défis, il faut notamment se référer aux vidéos du cinéma américain indépendant hors le circuit commercial classique (cf extrait ci-dessous d'un festival du cinéma en Caroline du Nord). Des productions remarquables avec un contenu pédagogique de grande qualité. Le jour où en France le terrain à la base acceptera de vivre sans chercher en permanence sa soumission aux totems parisiens, la France retrouvera la vitalité qu'elle a perdue depuis si longtemps bien tristement. 

  • La nouvelle trahison des « clercs »

    Nice attentat fleurs

    Pour ouvrir une pensée à la liberté d'appréciation, peut-être que la lecture de 20 ouvrages fondamentaux pourrait suffire. L'un d'eux est à mon avis le livre de Julien Benda sur la "trahison des clercs". Sur le fond, de quoi s'agit-il ? Accepter que la fonction d'intellectuels (qualifié de "clercs") est d'ouvrir le chemin vers des réflexions de fond, avec des analyses non conformistes, totalement rebelles aux pensées uniques éphémères et dangereuses d'une époque. Oser poser les bonnes questions. Sur plusieurs sujets de fond comme actuellement la guerre de religions, n'assistons-nous pas à une terrible nouvelle trahison des clercs. Ou plutôt n'assistons-nous pas en France à la naissance d'une nouvelle génération qui tourne totalement le dos à cette nécessité ? Face aux évènements actuels les plus douloureux, quel fond sérieux après les postures ? Quelles mesures fortes une fois passés les mimétismes désormais classiques ? Ne vivons nous pas sous l'emprise de "clercs sonnants et trébuchants" courant les médias pour cachetonner en fonction de "banalités" qui ont déjà montré leur inefficacité ? Le plus grave, c'est que la proie n'est plus la part de vérité de ces intellectuels mais l'audience. Et l'audience est une redoutable mauvaise conseillère parce que le grand nombre réagit si souvent en fonction d'un décalage entre l'expression et la réelle pensée. Sur ce point, je crois beaucoup aux observations banales du quotidien. A deux ou trois reprises, je suis tombé sur une émission actuelle de TF1 sur des hôteliers qui se notent entre eux. Au moment du départ de l'hôtel, ils sont tous très sympas avec leurs hôtes du moment. Mais les notes tombent à l'opposé du sourire de façade. Le règne des déconvenues généralisées. Face au terrorisme, j'éprouve le même sentiment. Quelle chance de gagner une guerre pour celui ou pour celle qui refuse les contraintes de la guerre ? Aucune. Si nous sommes en guerre, il faudra un jour en accepter les contraintes jusqu'à la fin de cette guerre. Ne pas l'accepter, c'est accepter que la guerre dure encore et toujours et qu'à la fin elle soit … perdue. Et à ce moment là, la trahison des clercs sera sévèrement jugée mais ce sera trop tard.  Une guerre n'a jamais été gagnée par le dépôt de fleurs.

  • Quelle modestie de viser la Maison Blanche quand d’autres envisagent de tuer … la mort

    Zuckerberg

    Cette semaine L'Express ouvre avec retard le dossier de l'éventuelle candidature de Zuckerberg à la Maison Blanche en 2020. La génération des vainqueurs de la Silicon Valley n'est qu'au début des surprises. Une partie d'entre eux ont des fortunes constituées en moins de 10 ans. Ils n'ont jamais imaginé construire une entreprise qui ne soit pas leader mondial. Leurs entreprises battent la capitalisation de groupes classiques constitués avec soin pendant des décennies. Avec les cessions d'actions, ils ont protégé des générations entières de descendants. Leurs nouveaux défis ont pour noms : les loisirs sur la lune, la visite de mars, hyperloop … et pour certains d'entre eux pas moins que l'immortalité ou comment tuer la … mort. Face à de tes défis que représente la conquête de la Maison Blanche ? Sous cet angle, il n'y a plus de surprise dans ce défi mais juste s'inquiéter qu'il ne soit pas assez … ambitieux. Cette génération donne le sentiment de n'être qu'au début des paris fous…

  • La menace de la fin peut-elle altérer la vanité ?

    Déforestation 3

    Cette semaine, la revue Sciences et Avenir a fait état des conclusions d'une étude publiée dans la revue Science au sujet des forêts d'Afrique. Le coût de la déforestation serait supérieur à celui du maintien des arbres voire même à celui de la reforestation ! Cette étude très sérieuse menée par des techniciens interdisciplinaires et sans chiffrer les impacts sur les espèces animales menacées arrive à une conclusion pratique simple : respecter l'équilibre naturel de base en payant les populations locales pour les placer dans cet esprit de respect des forêts coûte moins cher collectivement que devoir ensuite corriger les impacts de la déforestation. Alors que chaque jour porte une alerte majeure sur ce déséquilibre, combien de temps encore faudra-t-il attendre pour que l'opinion se mobilise sur de tels sujets ? C'est comme les annonces par Météo France des îlots urbains de chaleur quand seuls le béton et le bitume vont composer des quartiers… Jusqu'où faudra-t-il se rapprocher de la fin pour mettre un terme à cette vanité ou à cette voracité financière délibérément ignorantes du lendemain collectif ? Incompréhensible à ce point.

  • Pourquoi faire si on est bon à ne rien faire ?

    John mccain 2 21 07 17

    Aux Etats-Unis actuellement, avec la révélation du cancer de John McCain, une partie de l'opinion, très critique face à la classe politique de Washington, découvre le détail de certaines fonctions, l'ampleur des choix donc celle des responsabilités. Une partie des regards change. Cette réalité montre qu'en France, où également la classe politique est fortement décriée, à quoi peut tenir le changement ? A une diminution du nombre d'élus ? A une diminution du montant des dépenses liées au fonctionnement des élus ? … Non. Au retour aux fondamentaux du pouvoir : être exemplaire, agir et être responsable des résultats. Etre exemplaire, bien au-delà de la base de l'honnêteté, c'est être compétent par les connaissances sérieuses de dossiers de pans entiers d'activités. Agir, c'est refuser le bouclier de l'impuissance généralisée : du "c'est pas moi c'est l'autre" au "c'est impossible" en passant par la date d'une action promise mais toujours … reportée. Et surtout être responsable de résultats. La responsabilité a été croissante partout, parfois même dans le secteur privé sur des bases expéditives, pourquoi la société civile, dans ces conditions particulières, accepterait-elle de payer pour des personnes qui ne seraient responsables de rien ? Bref, le retour au crédit de la classe politique passe par le refus d'une mentalité très développée :"pourquoi faire si on est bon à ne rien faire ?". C'est peut-être la principale leçon donnée involontairement par McCain, véritable légende de la politique américaine depuis les conditions de sa détention au Vietnam. Il a fait. Il n'a jamais accepté d'être bon à ne rien faire. Et il assumé toutes les responsabilités de ses actions y compris quand elles ont été malheureuses comme le choix de Palin en 2008. Si les politiques français ne s'inspirent pas que des mauvais travers de la politique américaine, c'est peut-être une leçon à méditer ?

  • La France et le défi toujours sans succès du pouvoir politique modeste

    Gal de villiers 2

    La démission du Chef d'Etat Major des Armées est l'illustration malheureuse d'un mal français profond des professionnels de la politique : toujours croire que la désignation par le suffrage universel direct parerait de toutes les vertus. Ce serait la clef pour la "compétence universelle" parfois même exprimée avec une arrogance insupportable dans ce cas. Le seul vrai chef c'est celui qui gagne ses galons sur le terrain de la compétition concernée. Et le "bon" chef désigné au suffrage universel direct est celui qui sait reconnaître et déléguer le pouvoir aux "chefs des terrains". En France, cette évolution du pouvoir politique modeste est toujours un défi sans succès à ce jour. C'est dommage et très pénalisant parce que la gouvernance moderne c'est cette capacité au pouvoir modeste pour permettre l'éclosion des talents. Avec cette démission, Macron montre qu'il est très "old school" en la matière. 

  • Alibaba : monter jusqu’où ?

    Amazon NYC 25 05 17

    En juillet 2016, le cours de l'action d'Alibaba était de 81 dollars. 12 mois plus tard, il est de … 152 dollars. Rarement le nom emblématique d'une société n'a été aussi mérité comme caverne à trésors. Dans le même temps, Amazon, autre "logisticien" d'envergure mondiale, a vu le cours de son action passer de 700 à 1012 dollars sur la même période. Jamais dans l'histoire de l'économie, des sociétés ont été aussi rapidement constituées, reconnues et dotées d'un capital rendant les démultiplications possibles aussi gigantesques. La capitalisation boursière d'Alibaba aujourd'hui c'est 5 fois Danone, plus de 6 fois GDF – Suez, près de 20 fois Veolia Environnement, pour citer quelques-unes des références du CAC 40. Un nouveau monde économique est en train de naître et la compétition se concentre beaucoup Etats-Unis / Chine … Le décrochage français de plus en plus manifeste dans cette course aux leaders mondiaux modernes. Une réalité qui mériterait d'être analysée avec davantage de rigueur.

  • Providence ou l’autre Amérique

    Providence RI 13 07 17

    Aujourd'hui, dans le plus petit Etat des Etats-Unis (le Rhode Island) s'ouvre un "sommet" qui peut constituer un tournant dans les années Trump. Tout d'abord, dans la belle capitale du Rhode Island (Providence), 30 Gouverneurs sur 50 vont se retrouver pour faire le point sur des sujets importants comme le climat et la décision de retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris. Ensuite, ce nombre très élevé de Gouverneurs va connaître pour la première fois à ce point des interventions de personnalités extérieures comme Justin Trudeau ou Elon Musk. Deux profils très complémentaires. Le premier montre que le voisin canadien partage des préoccupations. Le second montre qu'il n'y a pas d'antinomie entre le progrès de la cause environnementale et le progrès économique. Enfin, c'est à l'initiative de la Gouverneure de cet Etat, Gina Raimondo. Un profil remarquable. Une femme qui a a gagné en 2014, démocrate face à une vague alors républicaine. Première femme Gouverneure de l'histoire du Rhode Island. Et depuis cette date, elle mène des efforts locaux exemplaires. Avec tous ces éléments, Providence va incarner pendant 3 jours l'autre Amérique. Une Amérique douce avec des paysages magnifiques. Providence comme Newport sont des villes extraordinaires avec cette paisibilité que l'on peut retrouver dans le Maine ou le New Hampshire. A Newport, même en plein été, il faut toujours avoir le Kway à la ceinture tant la pluie peut brièvement arriver rapidement et drue. C'est le souvenir de la plus "belle" rincée familiale en bord d'Atlantique. La nourriture est simple et saine. Les places de villages sont propres et sûres. Les habitants sont accueillants. La vie quotidienne échappe à la cherté des grandes capitales. C'est l'autre Amérique que tant de personnes aiment à juste titre et qui est trop souvent oubliée pour parler de la fièvre des grandes capitales.

    Newport 13 07 17