Denis Bonzy

Catégorie : International

  • Les colombes d’aujourd’hui sont-elles assurées d’être les pigeons de demain …

    Attentats paris 2 17 11 15

    Encore très secoué ce matin par la lecture de l'entretien de Gilles Kepel dans le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes sur le salafisme et le djihadisme. De très longue date, j'accordais de l'intérêt et de l'attention à ses analyses toujours très cohérentes montrant un esprit honnête ayant à coeur de mettre en perspective des données solides. Les analyses de cet universitaire notamment à partir du debriefing de religieux emprisonnés est terrible. Près de 20 pages à l'issue desquelles il n'est pas possible de sortir intact. 

    Depuis hier soir, période de la lecture de cet article, je suis sous le choc d'un diagnostic comme je ne l'avais pas été depuis très longtemps. Les colombes d'aujourd'hui peuvent-elles avoir à ce point l'assurance d'être les pigeons de demain c'est à dire l'assurance d'être … tués, plumés ?

    Revue des 2 mondes mai 2016

     

  • 21 avril 2002 – 21 avril 2016 : le tripartisme suicidaire

    Alpes 2

    La vraie frontière des politiciens, nationalement comme localement, est entre ceux qui veulent diriger pour appliquer une vision collective et ceux qui veulent tout simplement accéder au pouvoir pour s'y maintenir. Les premiers font des choix, prennent des risques, bougent. Les seconds se contentent du statu quo, diffèrent les décisions, aliment les combinaisons à court terme. Depuis 2002, parce que les politiciens au pouvoir ont été ceux du statu quo, rien de sérieux n'a été fait pour faire face à une nouvelle situation politique en France : le tripartisme.

    Non seulement rien n'a été fait mais cette réalité électorale nouvelle a pris de l'ampleur. Les régionales de décembre 2015 ont installé le FN comme manifeste 1er parti de France. Une réalité sortie des urnes donc un fait démocratique à considérer.

    Quand des gouvernants refusent de voir une réalité démocratique, la sanction donnée par l'opinion est terrible. Les Etats-Unis en donnent un exemple actuel avec la primaire républicaine qui est le

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  • Objets connectés : jusqu’où ira la désinformation ?

    Pendant plusieurs jours, les médias ont multiplié les reportages sur des contestations locales face à Linky et aux objets connectés. Des contestations fondées sur le principe de précaution. Seulement un problème : le principe de précaution n'est pas applicable à ce dossier ni techniquement ni juridiquement.

    Techniquement, Linky n'est pas une menace de nocivité. La preuve :

    Linky 1

    Mais surtout, juridiquement la FNCCR a engagé une consultation juridique auprès de l'un des cabinets les plus compétents et cette consultation montre que le principe de précaution n'est pas applicable en l'espèce

    Mais quel média évoque ces deux points pratiques ? Presque aucun.

    Conséquence : dans la même semaine, on constate 4 pages dans Le Point sur Sigfox (société française spécialisée dans les objets connectés). Une société qui part à la conquête des marchés étrangers (San Francisco, Boston …) et qui doit affronter en …. France une vague de contestations totalement irrationnelle pour des têtes émettrices ayant vocation à être produites en France dans la région de Toulouse. 

    Si dans ce contexte, la France ne s'interroge pas sur sa capacité à faire vivre l'emploi, c'est qu'un obscurantisme indécrottable a définitivement gagné.

  • Quand des photos figent la vraie traçabilité …

    Prix Pulitzer 2 2016

    Hier, avec la photo ci-dessus, Associated Press a reçu un prix Pulitzer. La récompense pour une remarquable enquête conduite en Asie sur des travailleurs esclaves dont les crevettes finissent dans des assiettes occidentales. Chaque année, je parcours avec beaucoup d'estime les photos en compétition. C'est souvent une escalade de violences, de cris, de larmes, de déchirures … Là, c'est l'opposé. La photo de la résignation : la fatalité d'une vie d'esclave en pays de paix et en pleine modernité. Et la victime travaille pour fournir un temps de plaisir (la table) aux consommateurs en fin de chaîne. Un travail qui ne figure sur aucune étiquette …

    Le calme de la soumission de la victime ajoute une violence terrible faite par les consommateurs en bout de chaîne. Combien de temps encore l'acceptation de ne pas connaître la vraie traçabilité autorisera-t-elle de telles situations comme pour les animaux dans les abattoirs ? Une réalité incroyable et désespérante à la fois. Une belle cause portée par des journalistes bien loin des anecdotes futiles qui font trop souvent la triste banalité de l'actualité française.

     

     

  • Le vrai tournant de la primaire US 2016 : l’engagement des « milléniaux »

    Milléniaux-1

    Pourquoi la primaire US 2016 échappe à ce point aux prévisions de départ ? Certes par l'usure et par le rejet d'un système politique dont les méthodes ne fonctionnent plus. Mais surtout par le militantisme imprévu des "milléniaux". 

    En 2008, la nouveauté avait été l'entrée en service de nouveaux supports technologiques dont Facebook et Twitter qui ont alors entièrement changé la donne de la circulation de l'information, des conditions de mobilisation …

    En 2016, les deux candidats qui font la "surprise" (Trump et Sanders) ont une campagne menée par des "milléniaux". 

    Qui sont-ils ? Ils ont moins de 40 ans. Leur univers est totalement différent des + âgés. Ils ne lisent pas la presse, ne regardent pas la TV, vivent avec leur smartphone, sont très individualistes. Ils sont aussi + radicaux que leurs aînés. Selon leurs ancrages conceptuels, leurs choix sont + marqués, + clivés. 

    Aujourd'hui, ils bousculent totalement les codes des campagnes US et des prévisions de scores. Cette génération chez les Démocrates fait la force de Sanders. Chez les Républicains, c'est la force de Trump. Le coût moyen d'un électeur de Trump est à cette étape de la primaire de 300 $ là où d'ordinaire en moyenne il était de 2 500 $. C'est aussi ce qui explique que Sanders résiste aussi bien aux puissants réseaux des Clinton. 

    C'est le véritable fait nouveau de la primaire US 2016. 

    Si un tel fait devait intervenir lors de la présidentielle française 2017, l'émergence de profils nouveaux pourrait en être considérablement accélérée et amplifiée. 

  • Les primaires françaises et le pas dans le vide

    Obama 14 04 12 bis

    Pour avoir participé à de nombreuses équipes de campagnes lors de primaires américaines, à 6 mois d'un vote dans ce cadre je n'ai jamais constaté une telle démobilisation qu'actuellement dans les primaires … françaises. Le discours officiel "ils seront 3 millions à voter". Pourquoi ce chiffre ? Réponse souvent donnée : "parce qu'il est probable". Une réponse de ce type, c'est le pas dans le vide, le saut de la foi comme dans Indiana Jones.

    Mais actuellement, c'est le néant. Ou plutôt le seul militantisme du clic. Avec les réseaux sociaux, cliquer pour "aimer", pour retwitter …

    Donc d'abord le règne de l'entre soi.

    Les vraies primaires, c'est quand dans les Communes des équipes se créent, travaillent, distribuent, font du porte à porte pour alimenter des fichiers bien renseignés. Combien de permanences de proximité ouvertes ?

    C'est aussi des candidats qui passent du temps sur le terrain. Leurs collaborateurs qui se déplacent pour

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  • FMI : sur la route des crises généralisées

    FMI 12 04 16

    Hier, le point de conjoncture du FMI avait de quoi démoraliser même les plus optimistes. Et pourtant aucun diagnostic n'échappait à la lucidité nécessaire. Quant à la France, le FMI accélère son déclassement …

    Avec ce niveau de stress, le mouvement Nuit Debout a bien choisi son nom. Il y a en effet matières à insomnies …

  • L’échec n°1 de F. Hollande : quand la France devient une « nation d’ennemis »

    Nuit debout 12 04 16

    Rarement à ce point la France semble devenue d'abord une nation d'ennemis. Pour reconstituer son fonds de commerce électoral, la gauche veut faire revivre la lutte des classes. C'est reparti pour le choc entre le "patronat exploiteur qui se gave" et les "travailleurs exploités". A ce schéma, la droite répond en opposant les "travailleurs sur-imposés" face aux "branleurs fainéants qui ont droit à tout sans rien faire". Puis les catholiques stigmatisés par les affaires de pédophilie dans l'Eglise très largement couvertes dans les médias opposent la "pédophilie discrète" dans l'enseignement public. Bien entendu, à ce tableau, il manque la crise de l'identité quand l'islam met en question les fondements religieux de la France. Et le tout dans un contexte où les médias deviennent les "ennemis de la vérité puisque, comme chacun le sait, les médias sont aujourd'hui tantôt tenus par le grand capital qui les muselle et quand ce n'est pas le cas ce sont les gauchistes qui en font leurs terrains d'expressions".

    Bref, en France, dans ce contexte, l'ennemi est partout. L'autre est quasi-systématiquement un ennemi. L'ennemi est le voisin de chaque instant. Et dans le cadre du décrochage des mots de tout sens réel, le PS va proposer le terme … "alliance" pour vivre la campagne présidentielle 2017. 

    Actuellement aux Etats-Unis, Obama bat des records de popularité parce qu'il a su détendre la politique, tenter de faire vivre l'entente ce qui était son choix majeur en 2008.

    Obama 3 08 08 15

    S'il pouvait être un peu plus influent intellectuellement en France dans ce domaine, ce serait agréable et utile. Ce climat de "guerre civile permanente" est d'une improductivité absolue. Et surtout cette instrumentalisation est une terrible manipulation au détriment des citoyens. 

    Il faut dire que le Gouvernement donne l'exemple de cette nouvelle mentalité. Jamais à ce point un Gouvernement n'est aussi ouvertement l'expression d'inimitiés fortes. Valls / Macron, Eckert / Baylet … Même dans cette instance, l'autre semble l'ennemi.

    C'est assez surprenant de constater que l'un des pays qui passe son temps à se moquer le plus de Trump est celui qui vit déjà dans son univers conceptuel sauf pour le sacre de l'argent bien sûr ...

     

  • Marche ou crève : la vraie réalité du moment !

    Do it 01 07 12

    Au rythme des tendances structurelles actuelles, dans trois décennies la France sera sur la porte de sortie des 10 premières puissances économiques mondiales ! Que faut-il pour changer ? Trois qualités qui font terriblement défaut : la lucidité, la volonté, l'ambition.

    La lucidité, c'est quoi ? Regarder les faits comme ils sont. Les accepter. Ne plus se nourrir d'illusions ou de faux débats.

    la volonté, c'est quoi ? C'est la vitamine intérieure qui donne la force des progrès. Le refus des abandons. Du statu quo. De l'immobilisme. Depuis plusieurs mois déjà un entrepreneur français a posé ce socle : Manuel Diaz.

    Manuel Diaz

    Des profils de ce type sont les conditions du rebond de notre pays. Les Etats-Unis ont des moteurs de ce type. Ils partagent leur énergie et non pas les pleurnicheries. Ils ont la gnaque. Et la gnaque contagieuse ! Quel plaisir. La France ne doit pas seulement changer sa représentation politique. Elle doit changer tous ses corps intermédiaires. Prenons deux exemples concrets : la loi sur le travail et la

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  • L’alerte de Powa Technologies …

      Powa Technologies

    L'aventure de Powa Technologies passe relativement inaperçue en France. Au départ, cette société britannique, créée en 2007, est valorisée plus de 2 milliards de dollars en 2014 au titre des "licornes" les plus prometteuses. Sur les seules trois dernières années, elle a levé plus de 250 millions de dollars dont une très large majorité de ce capital-investissement auprès de Wellington Management. 

    Seconde quinzaine de février 2016, elle se met sous administration judiciaire avec 250 000 dollars en caisse et 17 millions de dollars de dettes. La société s'avérait incapable de faire des recettes ! Elle ne savait que consommer l'argent levé …

    Au moment où il est tant question de "finance folle", c'est quand même fabuleux de constater l'écart qui peut exister entre des demandes d'entrepreneurs qui ont des métiers qui produisent des recettes et qui luttent avec difficulté pour obtenir des prêts bancaires et les "facilités" de sociétés qui font "rêver", qui obtiennent des dizaines de millions de prêts alors même que leur métier ne leur permet pas de faire entrer des … recettes.

    Il y a quand même là un écart que le moindre bon sens élémentaire peine à accepter. Les banques ont vraiment pris trop d'autonomie face aux pouvoirs publics qui ont depuis longtemps renoncé à la moindre régulation bancaire sérieuse.