Denis Bonzy

Catégorie : International

  • Le prêt à penser au bord de l’explosion !

    Trump 2 02 08 16

    Je suis très surpris et inquiet face à l'actuelle volonté de ne pas regarder en face des faits à la matérialité incontestable. Prenons 3 exemples concrets récents. Tout d'abord, la campagne américaine et le phénomène Trump. Où est la question principale : que révèle le "phénomène Trump" ? Des foules immenses se déplacent à chaque meeting. Des stades sont pleins. Et autant de personnes dehors qui attendent. Les médias locaux évoquent des audiences historiques jamais atteintes. Le candidat casse tous les codes, fracasse les usages, commet des "irrévérences" irréelles et … il gagne, progresse, reste dans la course pour la victoire. Cette réalité mérite une explication.

    Trump 3 02 08 16

    Ensuite, second exemple récent, la compassion de l'Eglise catholique. A titre personnel, je n'ai jamais entendu autant de catholiques prendre fermement et publiquement autant leurs distances avec cette parole officielle compassionnelle, presque sacrificielle de l'Eglise catholique. Du jamais entendu autour de moi ! Là encore c'est une réalité qui mérite d'être considérée, analysée, expliquée. 

    Enfin, la contestation des médias. Aujourd'hui, les discussions ne sont plus sur les sujets traités par les médias mais sur les sujets non traités par les médias. Il suffit qu'une information n'ait pas été donnée par un média classique pour qu'elle soit … importante et perçue comme … vraie ! 

    Que traduisent toutes ces réalités que chacun peut constater ? Le prêt à penser est au bord de l'explosion. 

    Aux Etats-Unis actuellement, les colères contre le prêt à penser s'exposent, s'expriment, votent. Et quand un électorat ne veut pas voir les fautes graves d'un candidat c'est que sa colère est le passeport pour l'excuse, pour le complot qui justifient de ne pas s'en détacher. La colère emporte tout sur son passage.

    De même en France, quand des personnes traditionnellement modérées renvoient le Pape à ses "salons dorés du Vatican", à son âge pour ne pas dire plus …, c'est que la colère est là, désireuse d'être exprimée, impossible à contenir.

    En plusieurs décennies d'observation et de participation à la vie publique, jamais les colères n'ont été aussi fortes, tenaces, violentes. Si cette réalité est ignorée, des secousses considérables sont en préparation. Car une démocratie incapable d'entendre les voix du peuple est toujours en graves difficultés.

  • Vous cherchez du contenu solide sur un sujet : Medium

    Evan Willimas Medium

    Vous êtes saturé(e) par les articles classiques superficiels du creux de l'été ? Une solution : Medium.com. Medium est en train de s'affirmer comme le support d'informations à contenus. C'est le site qui s'affirme actuellement sous cet angle dans le cadre de la présidentielle américaine 2016. Et avec beaucoup de réussites. Hillary Clinton veut expliquer pourquoi elle a choisi Tim Kaine. Elle le fait sur Médium. La Maison Blanche veut expliquer sa politique pour lutter contre les discriminations raciales : Medium.

    Le 1er à avoir utilisé ce support : Mitt Romney au tout début du lancement de Medium. Mitt Romney s'interroge sur son retour dans la course 2016. Il veut commencer à corriger son image. Il choisit Medium : en juillet 2014 !

    Mais le contenu va bien au-delà de ce volet. La classification des articles par thèmes est très utile et pratique.

    C'est un support à signaler. Aujourd'hui, c'est probablement le support où l'on est assuré de trouver sur des sujets d'actualité un contenu détaillé de grande qualité de quoi alimenter sa réflexion. Une belle réussite pour son fondateur : Evan Williams.

  • A 100 jours d’un vote inédit … : la campagne du mal-être

    JFK Library 04 06 16

    Dans 100 jours, la campagne américaine prendra fin et le jour de vote débutera. C'est la 9 ème campagne présidentielle que je suis avec attention. La première date de 1984 où à Boston, je découvrais un "autre univers". 4 campagnes ont mérité des qualificatifs particuliers.

    2008 : la campagne de l'espoir : je n'ai jamais rencontré une telle fièvre collective qu'en 2008. Au printemps 2008, on commençait à sentir une ambiance particulière. Mais dans les dernières jours de la campagne, à Boston, la fièvre était totale : nombre de volontaires (photo ci-dessous du QG de campagne à Boston), assurance d'une victoire historique, militantisme généralisé, longueur des files d'attentes pour voter …

    Obama QG 03 11 08

    2004 : la campagne la plus pénible pour la nationalité française : les pro-Bush expriment leur hostilité contre les français qui viennent de les "trahir" dans la guerre contre l'Irak. Et les pro-Kerry cachent leurs amitiés habituelles. La 1ère fois et la seule à devoir s'expliquer sur son pays. 

    Boston convention 04

    2000 : la campagne du rejet des années Clinton : le second mandat de Bill Clinton a pris fin en réalité au printemps 1998 quand il s'est pris les pieds dans le tapis avec l'affaire Lewinsky. Nous étions à Washington en juillet 1998 lors des auditions par le Procureur Starr. Je n'ai jamais rencontré une ambiance aussi glauque. Chaque matin avec la presse du petit-déjeuner se succédaient des détails plus glauques les uns que les autres. Une opinion qui en veut à un jeune président aussi talentueux incapable de résister à ses travers de tempéraments et abaissant la fonction en conséquence.

    Clinton lettre DB 1992

    1984 : la formalité administrative : la victoire évidente : dans le choc entre Reagan et Mondale, pour la première fois à ce point le sentiment que Mondale est candidat parce qu'il en faut un mais qu'il ne pense jamais pouvoir vaincre Reagan. 

    Reagan 1980

    Et … 2016 : la campagne du mal-être : Trump est une caricature de l'arrogance vulgaire. Et Hillary Clinton est une caricature du recyclage très daté, prête à tout pour accéder au pouvoir. Décevant pour une démocratie qui compte tant de talents. Et le score s'annonce très serré. Bien plus serré que les pronostics des médias français qui annonçaient comme une évidence la défaite de Trump aux primaires …

  • 44 / 0 : enfin fini ?

    Hillary Clinton 2 27 07 16

    Il y a des réalités qui méritent d'être particulièrement considérées. Il a fallu attendre 2008 pour que la 1ère démocratie au monde accorde l'investiture puis élise un Président métis. Il a fallu attendre 2016 pour que cette démocratie accorde l'investiture à la première femme pour devenir éventuellement présidente. Irréel. 44 Présidents depuis la fondation des Etats-Unis et jamais une femme. Pareil en France comme dans tant d'autres pays. Ce qui est regrettable en l'espèce c'est le profil d'Hillary Clinton. Les Clinton et leur concert permanent de casseroles. La certitude qu'un mandat d'Hillary deviendrait aussi le 3ème mandat de Bill Clinton…

    Le danger pour les femmes et pour la politique c'est que leur entrée en politique devienne celle "d'hommes en jupes" : mêmes pratiques, mêmes tempéraments, mêmes acceptations d'usages à répudier. 

    La politique a besoin de valeurs féminines mais de vraies valeurs féminines. Des femmes qui ne cherchent pas à "faire comme" mais qui assument totalement leurs différences. Et en 2016, c'est dommage que la 1ère femme à honorer ce formidable défi aux Etats-Unis soit Hillary Clinton qui incarne à la caricature tous les clichés de la politique qu'il faut changer.

  • La page blanche et les deux colonnes

    St Etienne de Beuvray 27 07 16

    Le drame d'hier pose une question immédiate : la prochaine étape c'est quoi ? Puis cette réaction passée, une seconde question se fait jour : la réponse est-elle adaptée ? Il y a près d'une quinzaine d'année, une personne pour qui j'ai de l'estime m'a confié sa façon de prendre les décisions importantes : la page blanche et les 2 colonnes. Pour prendre connaissance avec beaucoup d'attention de commentaires sur les réseaux sociaux, je recommande l'application de cette méthode que j'applique méthodiquement face aux situations qui me posent question. 

    1) Plus le sujet à traiter est sérieux, plus il faut prendre son temps pour atteindre le calme nécessaire pour bien raisonner.

    2) Au sommet de la page blanche, poser la question posée à résoudre de façon la plus résumée possible.

    3) Sur la colonne de gauche, résumer les attitudes actuellement observées : quelles sont-elles ? Concrètement en quoi consistent-elles ? 

    4) Sur la colonne de droite, face à chaque attitude actuellement observée, placer l'attitude que votre raison profonde vous guide à retenir comme solution raisonnable efficace. Sans tabou. Aucun interdit. La "raison pure". Implacable. D'une honnêteté absolue.

    5) Si les écarts sont grands entre les attitudes mises en oeuvre et celles que votre raison profonde vous recommande, il faut interpréter les raisons et les conséquences de l'écart.

    Pour ma part, actuellement quand j'applique cette méthode à ce sujet du terrorisme, deux conclusions s'imposent rapidement tant l'écart est grand :

    1) comment est-il possible d'inverser rapidement les tendances d'une guerre perdue manifestement tant l'écart est grand entre les attitudes mises en oeuvre et les attitudes nécessaires ?

    2) face à un tel écart, pourquoi ce pays et ces dirigeants, à circonstances constantes, seraient-ils capables de résoudre un problème sérieux alors même qu'ils ont été incapables de résoudre des sujets tellement plus faciles ?

    A vous d'appliquer la méthode si vous le voulez bien, vous verrez c'est instructif.

  • Trump, les médias et le populisme

    Cleveland 2 19 07 16

    Des médias américains commencent enfin à s'interroger sur leur rôle dans le succès de Trump. Ce qui est très étonnant, c'est leur capacité à s'exonérer des reproches qu'ils font à … Trump. Pour l'essentiel, qu'est-il reproché à Trump ? Le populisme. C'est quoi ? Ce serait dire au peuple ce qu'il veut entendre. Mais pourquoi les médias ont consacré tant de place à Trump pendant la période des primaires ? Parce que Trump avec ses exagérations, ses pitreries … leur assurait de l'audience tandis que les candidats modérés lassaient. Trump fait vendre du papier, lire des sites Internet, regarder des émissions TV ou radios …  Et cela s'appelle comment de la part des médias ? N'est-ce pas la même définition du populisme ? 

    Pour les médias, Trump est populiste mais les médias ne le sont pas. Sur de telles bases, difficile d'avancer sérieusement.

    En France, la télé d'Etat, qui peut vivre à l'écart des audiences, montre qu'elle est restée la "fille de l'ORTF" dès que les circonstances sont là. Et pour le reste, c'est progressivement une information d'opinion qui prend naissance de façon de moins en moins discrète.

    Dans toutes ces hypothèses, difficile pour les citoyens de trouver des repères solides dignes de ce nom. C'est un volet qui n'est pas à négliger dans l'actuelle fragilisation des démocraties occidentales.

  • Hollande et son coiffeur : « ni rire, ni pleurer, ni haïr mais comprendre »

    1512158-barack-obama-un-gros-coup-de-vieux-en-4-ans-de-mandat-avant-apres

    Que les cheveux blancs d'Obama sont sympas face à la noirceur artificielle de ceux de F.Hollande. C'est la maxime de Spinoza qui devrait inspirer les réactions face aux révélations sur Hollande et son coiffeur : "ni rire, ni pleurer, ni haïr mais comprendre". Il faut comprendre ce que cache l'affaire de la perruque du roi. Rire, car c'est la caricature du monarque qui fait gérer sa "perruque" comme aux belles heures des rois d'hier avant 1789. Pleurer, car aucun parlementaire ne surveille le budget de l'Elysée pour dissuader face à des dépenses de ce type et il a fallu l'indiscrétion d'un journal impertinent pour le découvrir. Quel échec terrible pour tous les autres. Haïr, c'est ce que va susciter cette révélation de trop sur celui qui se voulait le président … normal.

    Face à ces réactions, il n'y en a qu'une qui mérite la pratique : comprendre. Comment penser qu'un coup de peigne pour passer devant les caméras puisse justifier l'appel à un tiers mobilisable à plein temps et payé à un tarif hors du commun ? C'est comme la teinture des cheveux qui est devenue la caricature de l'artificialité. 

    Une artificialité qui fait que tout ce jeu politique a perdu de son intérêt. Aujourd'hui l'intervention présidentielle sera probablement très peu regardée. Même pas par volonté de boycotter. Plus simplement par désintérêt naturel du "plus rien à attendre". Triste quand même d'en arriver là. Et les journalistes qui sont toujours les "Monsieur Loyal" pour attiser la promo d'un spectacle qui n'intéresse plus personne. La vraie descente aux enfers d'un système politique répulsif.

  • Patagonia : nouvelle avancée pour l’environnement

    Surf 3 12 07 16

    Les avancées sur les principaux sujets de société (environnement, respect des animaux …) vont dépendre des entreprises et des citoyens.

    Pour sanctionner les conditions scandaleuses d'abattage d'animaux, il faut boycotter l'achat de viandes animales.

    Pour récompenser les entreprises qui agissent pour l'environnement, il faut choisir les bonnes marques. L'une d'entre elles (Patagonia) effectue des progrès considérables. Elle a effectué la promotion des réparations sur les vêtements pour qu'ils durent et qu'on sorte du cycle infernal de la consommation éphémère. Un volet déjà évoqué dans mes articles. Et Patagonia vient de vivre une nouvelle avancée en changeant le mode de fabrication de certains vêtements : le surf et le néoprène. Il s'agit d'une matière issue de ressources non renouvelables dont la fabrication requiert énormément d'énergie.

    Patagonia lancera à l'automne 2016 la première combinaison sans néoprène au monde. Ainsi, la marque réduit jusqu'à 70 % les émissions de CO2 lors de la fabrication du polymère, par rapport au néoprène traditionnel. Ces combinaisons sont fabriquées en caoutchouc naturel Yulex qui élimine 99 % des impuretés et donne une matière naturelle plus solide et hypoallergénique. Les plantes sont arrosées avec l'eau de la pluie et de l'eau recyclée est utilisée lors du processus de fabrication.

    C'est une avancée considérable. Bravo.

  • Barack Obama et les questions de fond

    Obama bureau 24 06 15

    Hier dimanche, dans le quotidien espagnol El Pais, Barack Obama a donné un entretien très détaillé le conduisant à exposer sa grille de lecture des difficultés rencontrées par l'Europe. Il a identifié deux facteurs majeurs : l'austérité et la rupture entre gouvernants et gouvernés. Tout est dit.

    L'austérité a créé un cycle d'exclusions à son tour générateur de haines, de rancoeurs sur des bases pour partie compréhensibles d'ailleurs. Une société qui n'accueille pas notamment dans le cycle de l'emploi peine à être appréciée.

    Quant à la rupture entre gouvernants et gouvernés, rien n'est épargné. Le passage de Barroso dans une banque d'affaires est une caricature de la répulsion. Le Brexit avait été accompagné d'une pluie de déclarations qui consistaient à indiquer que "pour bien décider, il ne faut pas consulter les … citoyens". Comment vivre l'exemplarité dans de telles circonstances ?

    Ces deux sujets n'ont jamais été traités sérieusement par François Hollande. C'est le socle réel d'un divorce profond parce que l'opinion sait que la tromperie est née de l'absence de volonté de s'attaquer à de telles questions. Sur ces deux sujets essentiels, il n'a rien fait. Même pas tenté de faire. C'est ce qui met en colère l'opinion publique française.

  • Même sous les plus belles images, les faits gagnent toujours

    NYC bis 23 11 15

    Quand une société refuse de traiter ses violences intérieures, ces dernières éclatent toujours dans le drame. C'est ce que vivent les Etats-Unis actuellement. J'ai toujours été surpris par la terrible violence de la société américaine. D'où vient cette violence ? Pour l'essentiel d'une pauvreté qui impose des contrastes trop forts. Même dans les capitales les plus emblématiques de la "réussite" sur la cote Est, il y a des quartiers où il est possible de se demander : comment est-il possible d'y vivre ? 

    Pour bien connaître la réalité de l'Amérique, il faut sortir des "vitrines" pour connaître aussi "l'arrière boutique". Et là, les inquiétudes ne peuvent qu'être fortes. La pauvreté qui saute aux yeux entraîne une exclusion qui est le terreau des pires violences y compris raciales.

    Il y a une autre réalité qui mérite l'attention. Le système américain est capable de produire de magnifiques intelligences. Mais, là aussi, les "vitrines" ne doivent pas cacher toutes les réalités. La France traîne un large cortèges de beaufs insupportables. L'Amérique n'est pas en reste avec une cohorte de "réels cons" manifestement butés, hostiles à tous les autres surtout quand la nationalité et la couleur de peau ne sont pas dans la lignée de leurs repères classiques.

    Tant que cette "autre Amérique" ne sera pas traitée sérieusement, le pire sera toujours possible, voire probable. Paradoxalement, Trump est le produit de cette "autre Amérique". 

    Au-delà de ce pays, cette réalité montre aussi, voire surtout, que même sous les plus belles images, les faits gagnent toujours. Sous cet angle, la France ne devrait pas considérer que les faits américains sont si lointains. Il y a de nombreux chemins, de plus en plus nombreux, que la France se met à emprunter qui risquent de produire des effets aussi graves.

    JFK Library 04 06 16