Denis Bonzy

Catégorie : International

  • Et si le vrai vainqueur des élections américaines, c’était lui …

    Alexander Karp

    En 1980, lors de la victoire de Ronald Reagan, il y eut beaucoup d'étonnement face à certaines attitudes de Reagan. Puis quelques mois après, tout est apparu très cohérent. A la manoeuvre, Richard Wirthlin et son programme PINS. Une vraie croisade informatique. L'opinion américaine avait été segmentée en 157 catégories. Et chaque catégorie avait été quantifiée par Etat. Chaque catégorie avait été testée sur des mots d'évocations. Si bien que lorsque Ronald Reagan procédait à une déclaration, il disposait préventivement d'une simulation de nature à lui donner l'impact sur les électeurs clefs dans chaque Etat. Tout ce qui paraissait improvisé, voire désordonné était très … programmé et cohérent.

    N'est-ce pas le même schéma en 2016 ? Le Point a consacré de façon très réussie une présentation d'Alexander Karp avec sa société Palantir. Via Peter Thiel, proche de Trump et encore plus proche d'Alexandar Karp, ce dernier a-t-il tenu en 2016 la même fonction que Wirthlin en 1980 ? La question s'était déjà posée avec discrétion pendant la campagne. A fortiori lors de la désignation de Kellyanne Conway comme directrice de campagne car Conway est une adepte de Wirthlin. Dans les prochains mois, la clarté se fera jour. Le vrai vainqueur des élections américaines prendra peut-être un nom inattendu comme en 1980 ?

  • L’enterrement annoncé des primaires

    Vote 02 03 16

    Une fois que l'actuelle fièvre retombera, la situation actuelle conduira à enterrer le mécanisme des primaires. La fièvre tient à quoi ? A la forte participation. Mais la forte participation n'est pas la garantie d'un bon mécanisme. Si l'audience rythme tout, "la culture Hanouna" a de beaux jours en France. Parce que cette "culture" c'est le culte de l'audience et exclusivement. C'est compréhensible pour des médias qui vendent de l'audience pour augmenter la cherté de leurs passages publicitaires qui grimpent à mesure que l'audience est forte. Mais peut-il en être de même en politique ?

    Prenons des exemples concrets. En sports, à qui viendrait l'idée de confier la composition de l'équipe concurrente en acceptant que les concurrents influent sur cette composition ? Dans notre domaine de l'entreprise privée, quel entrepreneur s'en remettrait à un concurrent pour fixer les recrutements de son entreprise ? Tout cela n'a pas de sens.

    La primaire est un mécanisme pour les scrutins à un tour. La France a un scrutin présidentiel à 2 tours. C'est la vocation du 1er tour de sélectionner non pas sur un échantillon de 10 % du corps électoral mais sur tout le corps électoral potentiel. 

    La primaire demande de l'honnêteté aux participants. Si la primaire doit être ouverte à tous, comment banaliser la "trahison de la signature" puisqu'il y a un code des valeurs à signer de façon préalable ? En quoi le dispositif peut-il être juste quand le moment venu un militant sincère qui a passé des nuits à coller a le même poids qu'un électeur qui revendique clairement d'appartenir à un groupe concurrent ?

    Comment faire vivre le débat sérieux quand il y a plus de 4 compétiteurs ? On est en train de le vivre actuellement. Le débat de fond n'a débuté qu'au lendemain du 1er tour. Irréel. 

    Comment accepter que la primaire ne soit pas un processus de sélection mais un processus d'élimination par le "camp d'en face" ? Regardons les chiffres. 4 260 000 participants. Entre le 2ème et le 3ème compétiteur un écart de moins de 400 000 voix. Si la gauche revendique quasi-officiellement 15 % au moins des votants, c'est reconnaître que cet écart de 400 000 voix est largement en-dessous du nombre des votants de gauche. Et la banalisation du processus de participation "dans le camp d'en face" aura encore plus d'impact lors de primaires locales quand le nombre de participants devient faible.

    Une fois la fièvre retombée et le bon sens retrouvant la place nécessaire, c'est l'enterrement annoncé des primaires parce que les déviations actuelles banalisées vident ce processus de ses qualités principales.

  • A contre krachs …

    Trump 2 02 08 16

    La séquence temps actuellement traversée est assez surprenante dans les capacités des "experts" à prévoir. C'est l'expérience des krachs annoncés qui n'ont pas lieu et des krachs non annoncés qui … ont lieu. Le Brexit devait entraîner un krach boursier d'ampleur considérable. Rien de ce type n'est intervenu. L'éventualité de l'élection de Trump devait entraîner un krach boursier considérable. Un tsunami financier était annoncé. Rien de ce type non plus. Le krach annoncé devait écarter l'élection de Trump qui de ce fait sortait du champ des possibles avant le 8 novembre. Et c'est l'élection écartée qui est devenu le krach politique non prévu. Avec de telles expériences, il devrait y avoir davantage d'humilité dans les expressions du défilé d'experts qui passent leur temps à nous annoncer de quoi demain sera fait…

  • La vraie leçon américaine que l’establishment français ne veut toujours pas voir

    Trump 05 09 15

    Dans une démocratie, le pouvoir politique ne gagne jamais contre l'opinion. Et contrairement aux idées reçues, l'opinion n'est pas changeante. Elle n'est pas versatile. Elle est d'une remarquable constance dans ses choix. Prenons précisément les Etats-Unis. Les messages ont toujours été dans le même sens depuis 2008. A chaque consultation populaire. Et puis un jour, l'ultime digue saute. 

    Le parallèle avec la France est impressionnant. En France, le message passe depuis 2002. Quel est le message ? Pour l'essentiel, il se compose de 5 griefs majeurs :

    1) Il n'est pas possible de continuer avec un système politique classique devenu répulsif à ce point. 

    2) D'où naît cette répulsion ? Pour l'essentiel de la fracture entre les représentants politiques et l'opinion. Les 1ers n'ont pas été capables de prévoir la crise. Ils sont incapables d'en assurer une sortie rapide. Mais surtout, eux à la différence de l'opinion, n'ont pas été frappés par la crise. Rien n'a changé à la baisse dans leurs statuts matériels : rémunérations, retraites, avantages multiples… Comment peuvent-ils parler de la crise quand ils y échappent à ce point ?

    3) Quand un foyer a tout perdu, qu'a-t-il à faire de la "convenance politique" ? Des votes présentés comme "impossibles" ou pire encore comme "interdits" ?

    4) Jusqu'où faut-il aller pour être enfin entendu ? A quoi peuvent répondre des alertes qui ne fonctionnent plus ? Qui ne sont jamais écoutées ? Jamais suivies d'effets pratiques ?

    5) Qu'y-t-il encore à craindre d'un avenir qui comporte aussi peu d'embellies avec le système habituel devenu insupportable et insupporté ?

    Quand on regarde avec lucidité toutes ces questions et surtout toutes ces étapes, le vote "impossible" trouve beaucoup de "circonstances atténuantes". 

    Et la leçon américaine parait bien voisine de la situation française … Et pourtant beaucoup est déployé pour ne pas la voir.

  • Les virages réels majeurs

    Obama 2 18 11 16

    Trois virages considérables viennent d'intervenir et ouvrent le nouveau siècle sur des bases différentes :

    1) Le Brexit marque la contestation populaire profonde d'un échelon européen sans légitimité démocratique directe perçu comme la dépossession des nations comme des Etats. La sortie de la Grande-Bretagne est un échec terrible pour l'Europe et il faudra des décennies pour que cette puissance économique reconsidère sa position,

    2) L'élection de Trump ou la victoire des revanches populaires : un système politique est devenu tellement répulsif que le candidat qui casse tous les codes classiques de la "normalité" devient le porte-voix des exclus qui sortent voter pour l'occasion,

    3) Et hier, les déclarations d'Obama sur l'Allemagne : c'est la reconnaissance explicite, officielle de son leadership sur l'Europe hors Grande-Bretagne. Et aujourd'hui, les autres leaders doivent se déplacer à Berlin pour s'associer au message de départ d'Obama. Signe que l’Allemagne est la capitale, c’est à Berlin que Barack Obama fait ses adieux aujourd'hui aux dirigeants britannique, espagnol, italien et français qui se joignent en fin de visite pour une cérémonie groupée.

    Beaucoup est organisé en France actuellement pour ignorer ces virages. Mais sur le fond, ils sont chacun le marqueur de changements profonds de première importance durable.

     

  • Le mot du jour : la disruption !

    Obama 5 04 09 15

    Aujourd'hui le mot clef de la journée sera : la disruption. C'est quoi ? C'est le choix de la rupture forte dans les thèmes comme dans les idées. C'est la principale novation de Donald Trump : casser le discours conventionnel. Et Donald Trump l'a fait à sa "manière" sur les sujets les plus "chauds" dont l'identité et l'immigration.

    C'est la disruption qui est attendue actuellement pour sortir de discours et d'approches usés, discrédités, dévalorisés.

    Dès le 7 avril 2016 sur Medium c'est le sujet de fond que j'ouvrais alors.

    Pour naître, la disruption demande du courage et de l'honnêteté.

    Du courage, puisqu'il faut prendre de l'avance sur la bien pensance du moment. 

    De l'honnêteté, parce que l'avance est un immense pari : celui de rester seul alors que pour une fois l'attente est d'être rejoint, vite et en grand nombre.

    En novembre 2008, lors d'une rencontre à Boston au Starbucks de Cambridge Galleria avec un responsable de la campagne d'Obama, son amertume était terrible. Il avait défendu tôt la disruption et le succès avait fait passer son avance puisqu'il était trop rattrapé. 

    La disruption est une mentalité : être soi-même. Puis, selon les circonstances, il y a un moment où la rencontre est possible pour tant d'autres moments où elle ne l'est plus ou pas. Comme actuellement, la disruption c'est reconnaître qu'Obama a été un excellent président et s'il avait été personnellement candidat il aurait gagné le choc entre les colères et le positif. C'est quand le positif (l'espoir) est trop faible que les colères gagnent. Quand l'espoir est là, fort et fiable, la nature humaine lui donne un avantage sur les colères. 

    Et aujourd'hui, en France, la disruption, c'est l'espoir, l'optimisme, la modération. 

  • La politique française et son mimétisme au rabais

    Vote 15 11 16

    C'est consternant de constater depuis une semaine combien la politique français vit au rythme du mimétisme au rabais. En 2008, l'Obamamania frappait. C'était à l'homme politique français qui reprenait les méthodes d'Obama : nouvelles technologies, cool attitude … Et là ils deviennent les "enfants de Trump" : les sondages sont contestés, les journalistes commencent même à devenir chahutés …

    Mais comme à chaque fois que la France copie un usage américain, elle le fait à moitié et encore. Prenons des exemples précis. 

    1) La primaire : pourquoi faut-il voter tous en un seul jour ? N'y avait-il pas matière à concevoir des votes progressifs dans le temps commençant par telle ou telle région puis passant à d'autres ? Cette succession de votes permet la sélection et non pas l'actuelle caricature de débats avec les réponses en 1 minute par candidat. Les derniers débats auraient permis alors de vraies explications entre ceux qui ont co-géré la France dans les 10 dernières années …

    2) Le militantisme pour la primaire : que sont ces candidats qui n'imaginent qu'exceptionnellement de ne pas dormir dans leurs lits parisiens bien douillets ? En France, à de très rares exceptions, une visite en province c'est partir de Paris le matin pour rentrer sur Paris le soir. Mais il n'y a plus de "plongée" durable au "coin de la rue" pour des explications non suivies par les médias. Il y a même des départements démographiquement importants qui n'auront reçu la visite d'aucun candidat (Isère et BLM (?), Isère et NKM (?) …).

    3) La contestation du "système" : en France, ce sont les membres du système, vivant de la politique depuis 30 ans pour les plus jeunes qui … contestent le système. Comment imaginer que les seuls mots puissent faire oublier les réalités durables ? Comment contester sérieusement le système qui les a nourris toute une vie ?

    Ce mimétisme au rabais conduit à la catastrophe parce qu'en France comme ailleurs l'opinion veut exprimer ses colères et surtout changer les habitudes qui ont produit des résultats aussi catastrophiques.

  • Etre démocrate c’est quoi ?

    Trump caricature 14 11 16

    Depuis le Brexit, on assiste à des "leçons de démocratie" bien surprenantes. Avec le Brexit, il y eut une étape visant à légitimer l'idée du "nouveau vote". Actuellement, on assiste aux Etats-Unis à des initiatives comparables. Une partie de la presse continue le bras de fer contre Trump avec des montages photos comme celui ci-dessus. Et la liste pourrait durer longtemps.

    Il doit y avoir un moment où chacun avec bonne foi doit répondre à une question simple : être démocrate c'est quoi ? Est-ce accepter le choix de la démocratie donc du nombre majoritaire à la condition seulement qu'il corresponde au sien ? Et au cas contraire, la "cause de la démocratie" mériterait-elle le combat au-delà du vote et sur quelles bases pour quels motifs ? 

    Respecter le suffrage universel direct, n'est-ce pas donner la chance de réussir dans l'application de la décision majoritaire ? Si la lutte pour l'échec s'engage dès le lendemain d'une décision majoritaire, quand la lutte électorale prend-elle fin ? Quelles conséquences à terme d'un climat de luttes électorales permanentes ? Au moment où chacun peut constater des démocraties déjà chancelantes, ce serait intéressant que cette question de fond soit sérieusement traitée.

  • Quel superbe week-end de sport avec la Fed Cup

    Caroline garcia 2

    L'équipe française féminine de tennis donne actuellement une merveilleuse leçon de sport, de motivation. Chaque joueuse montre une volonté de gagner qui est exemplaire. Les matches sont superbes. Et l'équipe féminine est en passe de réaliser un exploit historique face à une équipe présentée comme "imbattable".

    Belle sportivité également du public de Strasbourg qui sait encourager sans pénaliser la concurrente.

    C'est la plus belle promotion qui soit pour l'esprit sportif !

    Fed Cup

  • Le stylo et le carnet de voyages …

    Trump Tower

    "Jeudi 24 juillet 1997 : réveil à 7 heures. Il fait gris et il pleut beaucoup …" : c'est le début du compte rendu quotidien effectué par Marie sur son carnet de voyages (cf ci-dessous). Puis vers les 13 heures ce 24 juillet, nous nous dirigeons vers la Trump Tower. La raison est simple. Après le déjeuner, nous souhaitons visiter le Niketown situé quelques centaines de mètres plus loin. Pour déjeuner, nous nous dirigeons vers la Food Court de la Trump Tower alors située au rez de chaussée. Dans l'entrée, nous croisons … Donald Trump qui se dirige vers l'escalator. Tout seul. Ayant beaucoup lu sur lui dans la presse économique à cette époque, je me dirige vers lui pour parler. Il répond avec beaucoup de simplicité. A l'issue du bref échange, je lui tends un billet d'un dollar pour qu'il le dédicace. Ce qu'il fait avec simplicité également. Il sort un stylo. Il signe le "souvenir" Et en plus, il me remet le stylo avec lequel il a signé le billet. Comme je garde les stylos méthodiquement, 20 ans plus tard, il est toujours dans ma "collection". Pour le billet, il doit être dans les nombreux souvenirs de nos voyages. Il faudra prendre le temps de chercher et il rejoindra l'un de nos tableaux souvenirs désormais.

    Deux enseignements : toujours garder les souvenirs car la vie offre des rebonds inattendus. Et surtout bien pratiquer le carnet de la vie quotidienne car cette pratique libère l'esprit des détails mais la lecture avec plusieurs années de décalage restitue tous les détails les plus agréables à revivre car les images reviennent alors si facilement : les devoirs de vacances des enfants, les courses de bateaux dans Central Park …

    NYC 97