Cette semaine, Nicolas Hulot a officialisé que le Gouvernement entendait effectuer une économie de 136 millions d'euros sur les Agences de l'Eau l'an prochain. Et des chiffres considérables circulent au sujet de la baisse de moyens dans le prochain contrat pluri-annuel. C'est grave face à l'actualité. Mais surtout, c'est la démonstration que le Gouvernement refuse de considérer l'environnement comme un vecteur de croissance économique. Au même moment, aux Etats-Unis, 14 Etats viennent de s'engager pour des efforts prioritaires à destination de l'environnement. Californie, Colorado, Connecticut, Delaware, Hawaï, Massachusetts, Minnesota, New York, Caroline du Nord, Oregon, Rhode Island, Vermont, Washington et Porto Rico (qui n’a pas le statut d’État) : voilà la liste à ce jour des 14 Etats qui entendent se démarquer des orientations fédérales américaines pour continuer à respecter les orientations de la COP21. Ces États représentent 40 % de la population américaine et, en cumulé, la troisième puissance économique de la planète. Ils entendent surtout montrer qu'il est possible de respecter une priorité donnée à l'environnement et vivre une forte croissance économique. A suivre avec intérêt pour voir qui de Nicolas Hulot ou de ces 14 Etats a raison…
Catégorie : Environnement
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Pour la disruption, le compte n’est pas bon
Trump, Macron, Trudeau, Catalogne … et la liste pourrait durer longtemps ; un point commun au-delà de la diversité des situations : la victoire de la demande de disruption. C'est une demande plus forte que le simple changement. C'est la rupture totale, radicale, brutale. La demande existe. Elle existe si fortement que chaque offre qui parait porteuse de ruptures de ce type connait le succès. Mais le succès quand ? Jusqu'où ? Le temps d'une campagne électorale et après ? L'opinion occidentale moderne est lasse de sa gouvernance classique : les partis, les syndicats, les corps intermédiaires qui coûtent si cher pour si peu de résultats … L'opinion est en avance sur la gouvernance. Elle a conscience que le "système actuel" ne peut plus continuer. Elle n'est plus dupe des mots comme des chiffres. Il n'est pas possible de gâcher la planète au point de voir les premiers novateurs monter officiellement un business model pour la recherche d'une … autre planète. Il n'est pas possible de ne pas vivre une démocratie plus respectueuse des citoyens. Il n'est plus possible d'accepter une guerre de religion où la réponse des uns puisse résider dans l'élaboration de cortèges compassionnels pour les victimes avec cellules psychologiques pour encaisser le choc dans l'attente du prochain. Et il n'est certes plus possible d'accepter un tel écart de richesses mais pas davantage un tel écart de travail entre ceux qui produisent et ceux qui vivent de la redistribution. Tant que "le système sortant" n'accepte pas cette nécessité de ruptures, il alimente les colères, les augmente et leur éclosion ne deviendra que plus redoutable. C'est la réalité du moment qu'il faut accepter. L'économie a vécu sa disruption avec le numérique sur une séquence temps d'une brièveté historique. Pourquoi la gouvernance publique ne vit-elle pas cette même rupture ? Tant qu'elle est reportée, les colères augmentent.
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Le temps est un grand justicier …
De façon surprenante, la France reste actuellement à l'écart d'une tendance qui mérite l'attention en Amérique du Nord : la prise du pouvoir par les femmes. Prenons des exemples concrets récents qui sont autant de barrières qui volent en éclats. Le 25 septembre 2017, pour la première fois dans l'histoire des armées américaines, une jeune femme va commander une unité d'élite des US Marines vouée aux combats. Toujours aux Etats-Unis, à qui le Parti Démocrate confie-t-il la mission de redéfinir son positionnement pour les élections intermédiaires de novembre 2018 ? A Cheri Bustos, qui en 2016 a a gagné sa circonscription avec 20 points d'avance là où Trump le même jour de vote devançait Clinton de 2 points ! Et la présidentielle 2020 qui commence à démarrer, qui émerge dans les premiers sondages fédéraux ? Elizabeth Warren, Kirsten Gillibrand … Et du côté des Républicains, l'étoile montante c'est Nikki Haley, Ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU. En matière économique, l'un des pôles d'innovations les plus performants, c'est le MIT. Qui dirige l'un des laboratoires de recherches les plus stratégiques pour les prochaines années ? Daniela Rus ! Et tout dernièrement, hier soir, au Canada, lors d'une élection partielle dans une circonscription présentée comme "imprenable", qui gagne contre tous les pronostics ? Geneviève Guilbault, 34 ans ! Et la liste pourrait durer longtemps. Un changement est intervenu. Le temps des femmes et celui d'une nouvelle génération est arrivé. C'est étonnant combien la France est encore à l'écart de cette tendance qui s'explique ailleurs avec pourtant beaucoup de cohérence.
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Les gestes qui épanouissent
Au début de l'automne, avec les premières pluies et encore davantage les premiers froids, aider les animaux à vivre cette transition vers une époque plus rude appartient aux gestes qui épanouissent. Le samedi après-midi, certains font les "magasins de mode". Moi je fais "Gamm Vert". J'en connais tous les rayons : le blé, l'avoine, les cakes d'insectes … Leur dernière livraison est très réussie. Il y a de l'esthétisme même dans l'alimentaire. Etre utile et en plus à partir de produits beaux à destination d'animaux, ce serait difficile de ne pas apprécier.
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LE rapport qui devrait faire LA Une de tous les médias français
Hier lundi, l'Académie des Sciences a publié un rapport alarmiste sur le devenir de la biodiversité en France notamment. 2 ans de travaux de la part d'experts reconnus. Des exemples précis. L'identification sérieuse de causes. La mise en relief de conséquences concrètes par exemple sur la disparition programmable d'espèces animales et en nombre considérable (25 % !). Que se passe-t-il ? Rien. Jusqu'à quand les contribuables français vont-ils accepter de consacrer autant d'argent à des Institutions dont l'expertise ne sert à rien ? Soit l'expertise est reconnue. L'argent public est alors utile puisque les rapports corrigent des politiques publiques. Soit l'expertise est ignorée. Autant supprimer alors les instances en question : Cour des Comptes, Académie des Sciences, Conseil Economique …. Les membres mêmes de ces instances devraient réagir si leur seul souci n'était pas de "boucler une fin de mois" ou d'avoir une honorabilité qui flatte leur ego. Quel plus inacceptable désaveu qu'une telle indifférence ? Cette situation irresponsable ne peut plus durer encore longtemps.
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Quand on a vu de l’autre côté …
Il y a deux vues très différentes face à un événement : le vivre ou l'imaginer. Quand on l'imagine, c'est impossible de le connaitre pour de bon. Même les images fidèles ou une narration précise ne permettent pas de prendre conscience de tous les aspects. C'est d'ailleurs l'un des problèmes de fond de la vie publique française avec la professionnalisation des représentants : parler d'un sujet sans l'avoir vu de l'autre côté. Il y a 25 ans, le 23 septembre 1992, la France se "réveillait" avec les images dramatiques des inondations de Vaison la Romaine. Mais l'autre côté des images, sur le terrain, une inondation c'est très différent. C'est d'abord le bruit. Le bruit des pierres, des arbres portés par la force de l'eau qui s'entrechoquent. Un bruit considérable qui écrase tous les autres. C'est ensuite l'odeur de cette boue qui contamine toute l'atmosphère. Elle écoeure. Elle porte une poussière qui va changer le visuel de tout un paysage. C'est enfin le sentiment d'une puissance irresistible. De tels événements, j'ai connu de l'autre côté c'est à dire sur le terrain avec de nombreux épisodes de ce type dans des cadres professionnels ou électifs divers : Nîmes, Vaison la Romaine, Gresse, Malhivert, Cannes … : la lave torrentielle est une menace considérable. C'est un sujet très peu donc très mal traité avant un accident historique. Vaison la Romaine n'a véritablement traité la menace de l'Ouvèze qu'après le drame. Avec le réchauffement climatique et des épisodes orageux d'une particulière violence très sectorisée, il serait temps de regarder autrement cette menace. Des tornades créent des chocs très localisés dont les effets peuvent être considérables. Une situation qui mériterait d'être regardée avec davantage d'attention et de réalisme.
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Vaut-il mieux regretter ce que l’on a fait ou ce que l’on n’a pas fait ?
Quels sujets de livres font actuellement des gros scores de ventes ? "Le crépuscule de la France d'en haut", la "France périphérique ignorée" … et le "massacre des villes" : voilà des scores considérables. Un point commun : la France a surtout déménagé son territoire davantage qu'elle a veillé à l'aménager. D'où une succession d'échecs considérables. Le livre d'Olivier Razemon est implacable. Des vitrines vides et sombres, des façades aveugles, des stores métalliques baissés … : la crise urbaine est là sous les yeux. Les commerces du centre-ville meurent. Comment comprendre cette réalité ? Comment l'expliquer et surtout comment la changer ? Un livre lucide qui pose de bonnes questions. Une lecture qui n'engendre pas l'optimisme mais qui appelle les interrogations à ne plus éviter.
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Regarder des chiffres incontestables en face : la fin du « massacre » irresponsable, c’est pour quand ?
Une étude du Fonds mondial pour la nature vient d'être publiée (WWF). Et cette étude ne concerne pas un pays lointain en voie de développement "réputé" pour son indifférence aux sujets de l'environnement. Cette étude concerne le Canada, pays très sensible aux sujets de la nature. Le Canada compte 903 espèces d’oiseaux, de poissons, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens. Ces espèces ont perdu 83 % de leurs individus entre 1970 et 2014, selon le rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF). Le déclin des espèces protégées par une loi fédérale a été comparable à celui des espèces non protégées. L’organisation environnementale a étudié 3 689 populations différentes de 386 espèces d’oiseaux, 365 espèces de poissons, 106 espèces de mammifères et 46 espèces de reptiles et amphibiens. Elle a utilisé une méthode développée par la Société zoologique de Londres pour regrouper plus de 400 ensembles de données compilés par le gouvernement fédéral. L’étude explique que les déclins de population sont causés par des facteurs qui commencent à être bien connus : la perte d’habitat, les changements climatiques, les espèces envahissantes et la pollution. Face à de tels changements structurels, même les lois dites de protection sont d’un impact faible. Les populations des espèces visées par des lois de protection se sont écroulées de 63 % pendant la durée de l’étude. Ces chiffres montrent bien, si besoin était, que les enjeux sont ailleurs que dans des textes.
En bref:
- Les populations de mammifères ont reculé de 43 %
- Les populations de poissons ont fondu de 20 %
- Les populations de reptiles et amphibiens ont reculé de 16 %
- Les populations d’oiseaux ont grimpé de 7 %, surtout grâce à l’amélioration du côté des gibiers d’eau et des oiseaux de proie. En revanche, les populations d’oiseaux des prairies se sont effondrées de 69 %, celles des insectivores de 51 % et celles des oiseaux de rivage de 43 %.
Face à de telles réalités incontestées, il serait quand même temps de regarder ces chiffres en face et de changer sérieusement de façon urgente de comportements.
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La France et sa conception mondaine du patrimoine
Dans 48 heures, comme chaque année, la France va célébrer ses journées du patrimoine. Avec les déplacements nombreux dans le temps, je suis surpris par la conception française du patrimoine : il y a un snobisme, un patrimoine mondain. Pour appartenir au patrimoine reconnu, donc respecté, il faut mériter être au musée. Dans cette mentalité assez étonnante, il n'y a pas d'espace pour le "petit patrimoine", celui du "coin de la rue" : la vieille porte d'un immeuble, la petite fontaine d'une place de village, deux arbres qui portent une mémoire centenaire … Le grand perdant de cette approche, ce sont les paysages comme si la nature pouvait en permanence refaire ce qu'elle a créé. Très souvent, ce "petit patrimoine" n'intéresse personne. Il peut disparaître dans l'indifférence. La fontaine peut être taguée dans l'ignorance. Des arbres centenaires peuvent être abattus et constater qu'ils seraient "équilibrés" par de jeunes pousses … Cette mondanité du patrimoine, c'est la négation même du patrimoine. C'est dommage que tant de villes et de villages y succombent. C'est mauvais signe pour les prochaines années.