Denis Bonzy

Catégorie : Environnement

  • Le terrain : ce nouvel inconnu

    Boston 08 01 18

    La France en milieu urbain pourrait-elle résister à une vague de froid comparable à celle actuellement connue par la cote Est des Etats-Unis ? Il y a matière à sérieusement en douter. Lors d'entretiens téléphoniques avec des amis ou des relations professionnelles dans ces territoires, la présentation des actuels moyens déployés sur place est impressionnante. En France, la semaine dernière, un vent du sud qui fait fondre la neige rapidement + deux jours de pluie et les dégâts sont considérables. Pourquoi ? Parce que le terrain est le nouvel inconnu en France. Dans les Communes que je connais bien, les dégâts sont intervenus en copier-coller aux endroits de février 1990. Parfois au mètre près. C'est difficile pour la nature d'inventer une coulée de boue en pleine zone de plaine. Il y a quand même des logiques de tracés construits par des éléments naturels sur des décennies. Mais sur ces endroits répertoriés, depuis des années, rien n'avait été fait. Tout est à l'abandon quand ce n'est pas en plus un déboisement qui amplifie l'exposition aux risques naturels. Ces travaux sont trop ingrats pour mériter l'attention. Pire, bon nombre des décideurs ne connaissent pas le terrain. Ils n'y viennent jamais. Quand le Préfet de l'Isère met en cause des constructions récentes, où sont-elles sur la route principale du Gua ? Aux Côtes Bernard à St Paul de Varces ou à Brise Tourte ? Connait-il seulement la date de construction de la maison à Claix ? Qu'est ce qui a changé dernièrement : la maison ou une coupe forestière ? Aujourd'hui, la vraie différence en France est entre ceux qui connaissent le terrain et ceux qui parlent du terrain. L'écart apparait immédiatement dans l'entreprise comme en politique. De façon inquiétante ceux qui parlent sans chercher à connaitre le terrain sont de plus en plus nombreux de façon accélérée. Or c'est le terrain qui a toujours raison puisque c'est la vie réelle. 

  • Et si les réponses apportées par la nature étaient mieux observées …

    Ecureuil 12 12 17
    L'actuel débat sur le réchauffement climatique pourrait servir d'illustration à l'ingratitude de l'être humain. L'ingratitude, c'est quoi ? Des personnes à qui il ne faut rien donner parce que forcément un jour elles détruisent le don initial sans se poser la moindre question. C'est ce que font actuellement les Etats avec le climat, avec la planète, avec les espèces animales. La nature contient en elle un nombre très élevé de réponses. Mais encore faut-il prendre le temps d'observer et ne pas avoir l'arrogance de tout vouloir dominer en permanence. Deux exemples concrets récents. Il y a 15 jours avec la première neige, nous effectuons avec Marie une belle balade matinale. Nous changeons d'itinéraire. Puis d'un coup : une question simple : comment redescendre sans s'exposer à des ruptures trop brutales puis traverser un ruisseau sans être confrontés à une profondeur particulière ? D'un coup, une trace dans la neige. Il a suffi de la suivre : tout s'est passé dans les meilleures conditions : pas la moindre rupture de dénivelé, un passage du ruisseau avec la profondeur la plus basse. Second exemple, ce week-end avec le froid, des écureuils sont venus faire la "recharge de nourriture" auprès des appareils prévus pour les … oiseaux. Tout se passe pour le mieux. Des espèces très diversifiées cohabitent dans la plus grande paix. Il y a même des oiseaux qui, pour gagner la paix sur les mangeoires, consacrent leur temps à les vider pour les … autres restés au sol. Et ils ne sont pas économes. Dans le comportement humain, il y a beaucoup trop d'arrogance et de volonté de domination. Toujours tout savoir. Tout expliquer. Tout mettre en "ordre". 

  • Climat : les Etats sont-ils contournables ?

    Ours polaire 24 11 17

    L'ouverture demain d'une conférence internationale de plus sur le thème de la lutte contre le réchauffement climatique pose une question de fond : les Etats sont-ils contournables ? On assiste actuellement à deux mouvements qui méritent l'attention : le municipalisme et l'appel aux fonds privés. Avec le "municipalisme", c'est le sentiment que le local pourrait faire à la place de l'Etat. Avec les fonds privés, c'est l'idée que des grandes fortunes peuvent "remplacer" les Etats. Les deux sont dans le faux ou plutôt dans la seule communication. Le municipalisme vise à faire vivre un pouvoir de proximité. Les fonds privés vivent à faire vivre des corrections d'images. C'est comme quand Rhône-Poulenc finançait Ushuaia. Les cycles de production, les fumées, l'exposition des salariés à des pollutions gravissimes … : rien n'avait changé chez Rhône Poulenc mais la vitrine permettait de se refaire une "morale". Il y a des domaines où les Etats ne sont pas contournables. Les autres initiatives, locales ou privées, ne peuvent que démultiplier les actions des Etats. Mais pas les remplacer. Au passage, la conférence de demain montre surtout l'enfumage de la COP21 : qu'est ce qu'un engagement sans conséquence contraignante ? Qu'est ce qu'une action planétaire sans solidarité financière à destination des pays les plus pauvres ? Tant que ces deux questions de bon sens n'auront pas de réponses, il ne s'agira que d'actions de communication sans effet réel sérieux sur le jour d'après. Et cette superficialité ne fait que renforcer l'impact ultérieur de la revanche des faits d'une planète qui va de plus en plus mal car agressée de façon de plus en plus sévère avec des espèces animales en péril. A ce rythme, l'être humain sera peut-être la dernière espèce à disparaître mais mourir le dernier est-ce un objectif mobilisateur ? C'est la seule vraie question de la présente période.

  • La France a-t-elle les écologistes que la crise de l’environnement mérite ?

    Chicago 06 12 17

    Lundi et hier mardi, à Chicago, 55 villes ont signé la charte de Chicago sur le climat à l'occasion de la conférence annuelle de la coalition C40 (pour « 40 cities »). Des villes emblématiques comme Vancouver, New York, Washington, Mexico, Austin, Montréal qui s’engagent contre le réchauffement climatique. Cette réunion est tombée dans l'un des travers de l'écologie : d'abord être contre. Cette réunion est devenue d'abord une opération anti-Trump. Ainsi, le texte de cette Convention passe-t-il principalement contre la politique Trump à l'exemple du passage suivant : « la décision du président Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris a incité plus de 380 villes aux États-Unis, un grand nombre de villes ailleurs en Amérique du Nord et d’innombrables organisations internationales à s’engager envers cet Accord […] et ces engagements […] montrent aux citoyens d'ici et de l’étranger un leadership local fort ». A force d'être contre, l'écologie adopte des positions clivantes permanentes. Alors qu'elle devrait être pour avec des propositions positives, constructives. A l'origine en France, dans les années 70, l'écologie a pris naissance à partir d’auteurs se revendiquant d’une nouvelle «grille d’analyse». L’un de ces auteurs était Philippe de Saint-Marc qui dans les années 70 était le pionnier de l’écologie. Ancien Président de la Mission d’Aménagement de la Côte Aquitaine, Professeur du 1er cours sur la politique de l’Environnement à l’IEP de Paris, auteur d’ouvrages connaissant des succès considérables. Le retour aux concepts alors développés traduit l’immensité des échecs depuis cette date. Que développaient les écologistes à cette époque ? Leur analyse était simple : les critères traditionnels habituellement utilisés comme le PNB, le niveau de vie, la consommation d'énergie, la production industrielle ou agricole devaient être considérés comme des signes de l'activité et non pas comme des marques de satisfaction. A cette époque, être écologiste, c’est défendre l’idée que la société telle qu’elle fonctionne n’est pas une société de progrès mais une société de régression parce qu’elle porte en elle un gaspillage massif, intensif et croissant des richesses naturelles. Et les intéressés d'ouvrir des pistes nouvelles de politiques publiques. Et il suffit de relire les nombreux articles de Philippe de St Marc notamment dans Le Monde pour constater qu'il y avait une grille de lecture positive sur un "autre système" : de l'aménagement de l'espace à l'aménagement du temps, à la mise en place de marqueurs fiables par exemple pour le respect d'équilibres naturels traditionnels, pour le renforcement de sanctuaires naturels … D'ailleurs, cette culture positive a permis des avancées concrètes considérables : le droit de l'eau, les parcs naturels … Des pans entiers qui aujourd'hui sont souvent déconstruits parce que l'environnement devrait être un sujet de consensus et non pas en permanence une approche de "clivages enragés". Au moment où le réchauffement climatique frappe si sévèrement et peut-être de façon irréversible, c'est assez inquiétant que l'environnement n'ait pas les écologistes qu'il mérite. 

  • Quand la légèreté apparente de la brume devient pourtant une chape de … plomb

    Bordeaux 1 21 11 17

    Hier, sur Bordeaux, en dépit de très nombreux déplacements, rarement vu à ce point une mer de brume à très basse altitude (moins de 100 mètres) couvrant une géographie de façon très dense et donnant le sentiment d'une chape de plomb coupant les territoires d'un superbe soleil. Les merveilles et mystères de la nature.

    Bordeaux 3 21 11 17

  • Les 2 points faibles majeurs du système français

    May-boeve

    Demain 16 novembre, May Boeve (photo ci-dessus) va recevoir le prix "nouvelles frontières" décerné par la JFK Library à Boston. Son association 350.org fait des actions concrètes remarquables pour la lutte contre le réchauffement climatique. Ils demandent rien à l'Etat. Ils font. Ils agissent. Ils vivent leur citoyenneté en permanence c'est à dire en téléphonant à leurs parlementaires avant les votes, en publiant les votes … C'est un message fort au moment où la COP23 à Bonn multiplie les impasses manifestes montrant l'immensité du fossé entre les mots et les actes, entre les mots et les financements. En France, tout est attendu de l'Etat. Si l'Etat ne fait pas, on dirait que toute autre action est impossible, illégitime, vouée à l'inefficacité, à l'échec. Or l'Etat français c'est le "nouveau pauvre" du nouveau siècle. Tous les budgets que je connais de façon détaillée sont gérés pour sauver la vitrine mais mettre le back office à la diète la plus sévère. 1er point faible redoutable, l'Etat ne change pas la donne pour rendre l'action à la société civile.

    Second exemple, lundi 13 novembre, Bill Gates sur son blog a posté une vidéo annonçant qu'il donnait 50 millions de dollars à un centre de recherche sur Alzheimer. Les maladies neuro-dégénératives sont le prochain fléau. C'une tragédie humaine individuelle et familiale terrible. C'est un gouffre financier collectif immense à venir. En un jour, son don représentait 5 fois ce qu'en France, la principale association collecte par an à partir de 87 108 donateurs en 2016. En France, les noms des "méga riches" sont connus via Panama Papers ou Paradise Papers. Comment est-il possible d'imaginer que notre pays pourrait se réconcilier avec la légitimité morale de créer d'immenses fortunes quand des noms emblématiques ne vivent que la richesse cachée égoïste ?

    Avec de tels points faibles (le non sens dans la direction de l'Etat comme la faillite admise de l'image de marque des grandes fortunes), la France cumule deux points faibles majeurs dans le monde moderne. A circonstances constantes, ce sera difficile de s'en remettre.

  • Une réalité à mieux considérer : la personnalité géographique

    MIT 3

    Il m'a fallu beaucoup de déplacements pour me faire à une idée : la personnalité géographique existe. Un territoire a une Histoire qui forge un tempérament local. Et ces tempéraments peuvent changer considérablement d'un territoire à l'autre. Ces personnalités géographiques doivent être intégrées, respectées sinon les chocs sont terribles. Je ne connais pas bien la Catalogne, voire même pas du tout. Donc je ne peux pas en parler de façon détaillée. Une des rares fois où j'y suis allé c'était avec Alain Mérieux dans le cadre des moteurs de Rhône Alpes. Pour ce qui était pour moi une "région d'Espagne parmi d'autres", la rencontre avec Jordi Pujol m'était apparue irréelle : déjà un chef d'Etat. Puis, plus les déplacements ont été nombreux, plus cette réalité de la personnalité géographique m'est apparue manifeste. Avec parfois des surprises considérables entre les idées de départ et les réalités perçues à l'exemple des relations entre le Québec et les français. Cette personnalité géographique est construite par de nombreux facteurs dont l'Histoire. A force de marginaliser l'Histoire, trop de tendances durables sont sous-estimées, parfois même oubliées. Cette Histoire génère des codes, des usages, des réflexes. Et des divorces brutaux deviennent implacables si ces composantes sont inconnues ou méprisées. C'est tout le problème des néos dans une géographie. Il faut beaucoup d'humilité, de curiosité pour apprendre quand on est nouveau. Sinon des décalages naissent vite. Avec les migrations actuelles d'origines diverses (économiques, pauvretés, guerres …), c'est un enjeu qui va prendre une importance croissante manifeste. Cette réalité mériterait d'être mieux considérée dans de très nombreux endroits. 

  • Pour moi, c’est fait !

    Eau Vif 27 10 17

    64 hospitalisations dont plusieurs enfants de très bas âges, des centaines de personnes malades … : et cette réalité à quelques petits kilomètres de la dernière zone naturelle en France de captage de ressource en eau sans le moindre traitement chimique. En une phrase, l'immensité du scandale est résumée : l'ampleur du nombre des victimes, l'obstination dans le refus à écouter les citoyens, l'absence de traitement sérieux d'une zone de captage à gros risques déjà établis … : tout y est. Parce que tout y est, des citoyens ont refusé de banaliser ces faits. 

    Et ils ont raison.

    Leur combat est celui de la vérité. Il doit donc être encouragé.

    Il est aussi celui de la lutte entre des inégalités supposées insurmontables. D'un côté, la toute puissance d'une institution publique qui gère des milliards (La Métro). Et d'un autre côté, des citoyens qui sont isolés. Ce combat mérite d'être partagé pour défendre les citoyens.

    Vif eau polluée vue panoramique 2 28 04 16

    Leur combat, c'est également celui de la responsabilité. C'est une belle valeur qui doit être respectée.

    Et enfin, ce combat c'est celui du courage et du travail. Parce qu'il faut ces deux qualités pour engager une action judiciaire au pénal pour que la vérité et la responsabilité soient reconnues. Pour ces valeurs, une femme et une équipe sont mobilisées. Cette femme, c'est Mme Karine Maurinaux. Ce qu'elle fait est remarquable. Cela a d'ailleurs été reconnu par les citoyens de l'Isère qui l'ont élue personnalité 2016 de l'Isère face aux autres compétiteurs représentants les notables locaux classiques habitués à se partager d'ordinaire les distinctions. C'est la démocratie par les actes : information permanente, votes lors d'assemblées, honnêteté dans la collecte des informations … Pour ce qui concerne son équipe, ce sont les mêmes valeurs qui sont appliquées. 

    Karine Maurinaux Marc Biston 1

    Quand on constate de telles qualités sur des sujets de cette importance collective, il faut participer pour qu'elles avancent. Pour moi, c'est fait. Le renouvellement de ma participation a été postée ainsi que celle de Marie. Toutes celles et tous ceux qui veulent faire avancer ces valeurs peuvent le faire aussi. Il suffit de cliquer sur le lien suivant : adhésion. 

  • Et si les villages étaient un atout …

    SPV 08 10 17

    Lors du dernier festival de Cannes, un film documentaire aurait mérité d'ouvrir un réel sujet de fond : quel devenir pour les villages au moment où la mode est au "big is beautiful" ? Pendant longtemps la mode fut au "small is beautiful". Cette mode est toujours présente dans la vie économique, plus que jamais dans ce domaine. Mais dans l'organisation des collectivités publiques françaises, cette mode est passée : il faut construire de grosses entités. Pourquoi ? Après quels débats ? Pour quelles conséquences ? Une fois de plus, une technostructure parisienne a posé des choix et le mimétisme a fait la suite : accompagner le politiquement correct du moment. Ce film documentaire mériterait une attention plus vigilante. Un contre-sens n'est-il pas en train de prendre corps ? C'est assez consternant de constater qu'un quart d'un entretien présidentiel peut être consacré à l'utilisation d'un mot et que des sujets durables de fond de ce type ne sont même pas esquissés. Tombés dans l'indifférence ou le fatalisme. Très inquiétant !

  • Comme si on envoyait des majorettes sur le front de guerre …

    Trump 13 02 17

    L'impréparation de la France aux mutations liées au réchauffement climatique annonce des réveils dramatiques. Regardons les faits récents. 1) Le second pollueur au monde se retire de ses engagements. Hier, le chef de l’Agence américaine de protection de l’Environnement (EPA), Scott Pruitt, a signé un projet de décision abrogeant un ensemble de mesures prises par l’administration Obama pour lutter contre le changement climatique. Cette abrogation intervient quelques mois après la décision du président américain de quitter l’accord de Paris sur le climat, estimant qu’il était défavorable aux États-Unis. Scott Pruitt avait annoncé lundi, devant des mineurs du Kentucky sa décision d’abroger le Plan climat de la précédente administration. Le «Clean Power Plan» (CPP, Plan pour une énergie propre), signé par Barack Obama en août 2015, avait pour but d’accélérer la transition énergétique et d’imposer aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 32% d’ici 2030 par rapport à 2005. Il aurait entraîné la fermeture des centrales thermiques à charbon les plus anciennes et les plus polluantes du pays. Le public a 60 jours pour soumettre ses commentaires avant l’adoption à terme d’un texte définitif. Les États-Unis sont le deuxième plus gros émetteur de gaz à effets de serre derrière la Chine. Avec l'administration fédérale Trump, le cinéma de la COP21 vole en éclats. Ne pas avoir profité de l'administration Obama pour sceller un accord juridique contraignant restera dans le temps d'une irresponsabilité notoire. 2) Au moment où la France découvre la sécheresse d'octobre, le Gouvernement coupe dans les crédits de … l'eau. 3) Et demain, il y a débat à l'Assemblée Nationale sur l'éventuel retour de la compétence eau aux Communes qui sera probablement rejeté pour être laissée aux intercommunalités, nouvelles technostructures administratives lointaines, confuses et irresponsables. Alors que la lutte contre le réchauffement climatique mériterait des vrais combattants, aujourd'hui, c'est comme si on envoyait des majorettes  sur le front de guerre. Face à Trump et l'administration fédérale américaine, les gesticulations françaises pèsent rien et les décisions intérieures sont à contre-sens. Les retours aux réalités s'annoncent périlleux en France face aux conséquences graves et implacables du réchauffement climatique.