Denis Bonzy

Catégorie : Boston

  • Grenoble et le défi de la ville du XXI ème siècle

    Harvard square 18 06 17

    Aller prendre un café, s'asseoir à une table de jeux et attendre la personne (connue ou pas) avec qui le jeux va s'engager dans un climat cool : c'est une conception sympa, décontractée de l'espace urbain qui est très agréable. Contrairement à de nombreuses polémiques locales permanentes, Grenoble est probablement en train de poser les jalons d'une réelle nouvelle conception de la ville : les villes plaisirs. C'est un tournant décisif qui est engagé actuellement sur le terrain. Que constater ? Le renforcement des jardins communautaires, la belle opération "cultivons nos toits", le développement des jardins partagés, l'augmentation des pistes cyclables, le test sur les aires de jeux, la réussite de l'opération street art, le marquage couleurs d'espaces de voiries … : toutes ces initiatives changent la vie dans la ville et le regard sur la ville. Quand ces initiatives s'ajoutent à des opérations festives de plus en plus fréquentes et réussies, c'est un changement de fond qui est en train de se produire manifestement. Et ce changement peut faire l'objet d'un large rassemblement. Dans cette période de transition, il y a quatre défis qui méritent un accompagnement particulier pour que l'opération soit totalement réussie. 1) Il faut aborder la question de la sécurité sans logique sécuritaire mais sans esprit dogmatique opposé. 2) Une ville est agréable à la condition certes d'être conviviale, d'être esthétique mais aussi d'être propre. 3) Cette même mentalité doit être partagée dans l'agglomération. Or à ce niveau, la logique de certains outils d'interventions est très différente (EPFLRG).  4) Il faut mieux accompagner certains commerces dans  cette transition qui est une mutation totale de leur environnement de proximité, donc de leurs conditions de travail. Si ces volets collatéraux sont gérés avec davantage de considération, la Ville de Grenoble est probablement en train de mettre en oeuvre une logique de l'organisation de l'espace urbain qui correspond aux exigences modernes et qui fera consensus très rapidement une fois passée la période toujours difficile des travaux.

    Harvard square 2 18 06 17

  • Le clic inconscient …

    Obama militante

    Il flotte actuellement un "effet Macron" qui peut produire des effets particulièrement inattendus et imprévisibles en France : le clic inconscient. Dans les discussions, c'est la culture de la "jeunesse retrouvée". Les français n'avaient pas perdu leur jeunesse, leur vitalité, leur énergie. Elles étaient juste égarées. Mises au placard. Ils viennent de les retrouver. La façon de donner raison à un adage plein de bon sens : "nous ne cessons pas d'avoir du plaisir quand nous devenons vieux. Mais nous devenons vieux quand nous cessons d'avoir du plaisir". Et ce pays hier allergique aux réformes découvre le plaisir de … réformer. Des citoyens si prompts à la moue redécouvrent l'effet positif du … sourire. J'ignore combien de temps cet état va exister mais pour le moment il est là, synonyme de nouvelles attentes, de nouveaux désirs, de nouveaux espoirs. C'est le clic inconscient de la présidentielle. les français votaient pour un président et ils héritent d'une vitamine collective. Rare à ce point. La dernière fois où j'ai ressenti cette ambiance, c'était aux Etats-Unis en 2008. Une légèreté qui changeait de l'ambiance pesante, agressive, hostile des années Bush. D'un coup, l'avenir redevenait le voisin espéré, possible. Si cela se vérifie dans les urnes dimanche, c'est à la fois l'héritage le plus positif et la responsabilité la plus lourde pour la nouvelle majorité. 

  • Le vrai choc culturel posé par Trump : accepter qu’une dette puisse ne pas être que financière …

    Bears Ears 16 05 17

    Trump vient de réduire le pays qu'il annonçait vouloir grandir. Parce qu'il reste prisonnier d'une conception financiarisée de la notion de dette qui limite considérablement la réalité de la portée de toute action collective. En matière financière, la notion de dette, c'est reporter sur autrui une responsabilité non assumée immédiatement. C'est parfois justifié lorsque la nature d'un équipement le voue à durer dans le temps, donc à profiter à plusieurs générations. Cette durabilité d'usages justifie la durabilité du financement. Progressivement, dans le domaine public, la notion de dette est devenue celle d'un puits sans fond. Conception qui annonce des réveils difficiles. Mais il y a de nombreuses autres dettes qui n'ont pas de valeur financière stricte mais dont l'importance va dépasser considérablement des volets financiers. Il y a aujourd'hui par exemple une dette éducative qui se creuse : le temps éphémère immédiat tue la mémoire, l'Histoire, le sens des racines dans tous les domaines y compris culturels dont la richesse de l'apprentissage par des auteurs fondamentaux. Il y a une dette environnementale : dans quel état une génération lègue la planète aux générations futures ? C'est l'enjeu du choc de Trump : son insensibilité exposée, assumée aux valeurs qui ne sont pas financiarisables. C'est le contre-sens culturel majeur de sa gouvernance. Bush avait oublié la dimension morale avec la guerre du Golfe : prétextes mensongers pour une aventure guerrière dramatique dans la durée. Obama a corrigé cette faute. Il ne peut pas y avoir de leadership sans valeur morale. Des valeurs qui dépassent le seul volet financier pour donner une sens collectif partagé. La réalité de la puissance d'un Etat comme d'une collectivité ne peut se réduire à sa puissance financière ou militaire. Il faut une dimension morale. Cette dimension morale aujourd'hui prend de nombreux visages : la diversité des droits, le respect des libertés, le respect de l'environnement pour ne pas créer une dette insurmontable pour les générations futures. Ne pas ajouter d'autres espèces à celle des espèces animales déjà perdues. Ne pas ajouter d'autres espaces naturels à la liste de ceux perdus à jamais. Trump vient en effet de réduire le pays qu'il voulait grandir. Il est en train de s'inscrire sur la liste des présidents honteux dans le temps : Nixon, Bush Jr … Surprenant à ce point.

  • 100 ans !

    JFK 29 05 17

    Le "Musée Kennedy" a multiplié au cours de la semaine écoulée des initiatives fortes pour fêter le 100 ème anniversaire de la naissance de John Kennedy (né le 29 mai 1917). Parmi les pièces nouvelles, la plus chargée d'émotion est la boîte des fiches tenues par Rose Kennedy sur chacun de ses enfants quand ils étaient petits. JFK est le leader le plus intemporel des démocraties occidentales. Celui qui a également apporté le plus grand nombre de changements dans la politique de communication des dirigeants modernes. Tous les autres leaders de son époque sont datés. Scotchés à un siècle manifestement lointain. Et lui échappe encore à cette grisaille portée par le temps. Irréel à ce point. Même ses conseils de campagne électorale demeurent d'actualité.

     

  • Nous sommes faits de l’étoffe des rêves …

    Mark Zuckerberg 27 05 17

    Remarquable discours de Mark Zuckerberg à Harvard jeudi 25 mai. Son actuelle tournée sur le terrain suscite de nombreuses interrogations sur ses objectifs à terme. Ce qui est déjà sûr, c'est que Zuckerberg a délivré un discours de grande qualité qui est d'abord une invitation aux rêves individuels et à la lucidité collective. Au départ de tout, il y a un rêve. Ceux qui l'oublient s'engagent souvent dans une triste bouderie avec la vie. 

    Pour prendre connaissance des principaux extraits, cliquer sur le lien suivant : Mark.

  • Inscrire des rêves dans les mémoires …

    JFK Library 09 07 16

    Il y a deux catégories de temps. Le temps que l'on vit directement. Celui dont on est spectateur parfois même lointain en écoutant ce qui est rapporté sur un temps non vécu personnellement. Cette seconde vie du temps peut être obscure si les rapports sont confus, contradictoires. Elle peut être jamais assumée si le déni s'est installé. Mais elle peut être positive si la part des rêves collectifs est toujours respectée. Parce que ces rêves ont existé même s'ils ont été mal exprimés ou jamais atteints. Hier, à Chicago, Obama a présenté le détail de son "musée présidentiel". Le terrain d’environ 20 500 m² ouvert sur le lac Michigan accueillera un musée en forme de tour hexagonale, ainsi que deux édifices de plain-pied : une bibliothèque à proprement parler et un lieu de forum, tous deux surmontés de toits aménagés en espaces verts. L’édifice comprendra des salles de classe, des laboratoires, des espaces extérieurs et de rencontre, ainsi évidemment que des bureaux pour la fondation Obama et un lieu où seront exposés des documents liés aux huit années de la présidence de Barack Obama.

    Obama Library 04 05 17

    Barack Obama a également vanté l’intérêt d’un lieu de vie, en présentant avec enthousiasme un terrain de basketball, un sport qu’il pratique régulièrement, ou encore un lieu pour faire du barbecue ou de la luge.

    Voilà une belle façon d'inscrire des rêves dans les mémoires comme la JFK Library à Boston qui est une réussite remarquable à tous égards. 

    Voilà ce que la France ne sait plus faire : inscrire des rêves dans les mémoires. Or quand un pays n'a pas de mémoire saine, il ne peut être que violent parce qu'il est ballotté entre des "vérités trop contradictoires", parce qu'il est sans attache. Depuis son désastre de la seconde guerre mondiale, la France ne s'aime plus. Elle ne s'assume plus. Le jour où cette étape avec les suivantes indissociables dont la décolonisation sera établie avec davantage de justesse, de lucidité, de vérité, beaucoup de choses changeront. Dont la capacité à faire revivre de beaux rêves collectifs et non pas des disputes permanentes comme le débat dit présidentiel d'hier soir.

  • 556 jours !

    Boston 1

    Dans 556 jours, le mardi 8 novembre 2018, les citoyens américains vont avoir l'occasion de s'exprimer sur la gestion Trump lors des élections dites intermédiaires. Si les actuels contacts se vérifient, c'est un raz de marée historique de votes hostiles qui attend l'actuel locataire de la Maison Blanche. Chaque pays porte un tempérament, une personnalité. En 2008, dès les premiers jours d'avril, la tendance pro-Obama se manifestait sur place. Elle allait progresser encore et toujours jusqu'en novembre. Sur place, le rejet de Bush était tel qu'il était tangent qu'aucun candidat républicain, fut-il le "rebelle McCain", ne pourrait inverser la tendance. Aujourd'hui, de tous les contacts, il ressort que la même étape est en gestation. Le rejet se témoignera de façon différenciée mais fort. Le plus fort sera très probablement la Californie.

    Jerry Brown 30 03 17

    Or la Californie c'est 1 Américain sur 8.  L’Etat pèse autant que la 6ème économie du monde. Au sein de cet Etat, Et 27 % des habitants, soit près de 11 millions, sont nés dans un pays étranger. Depuis 100 jours, cet Etat symbolise la révolte contre Trump.  Sur le démantèlement de l’Obamacare, des dizaines de millions de dollars de subventions fédérales pourraient être perdues. Sur l’environnement et sur la défense des immigrants, c'est le dos tourné à l'identité de la Californie. Le dispositif des « villes sanctuaires » risque de priver de certaines contributions fédérales si elles ne coopèrent pas avec la police en charge de l’immigration. Dans la vallée centrale de la Californie, les agriculteurs, grands exportateurs vers l’Asie, déplorent déjà les conséquences du retrait du TPP, le traité commercial trans-pacifique, annoncé le 22 janvier. Et la liste pourrait continuer longtemps comme la remise en cause de sanctuaires naturels pour des animaux. 

    La campagne de novembre 2018 s'annonce comme l'une des plus belles. 10 ans après celle de 2008. Le moment où chacun s'engage pour faire vivre un pays comme symbole des belles valeurs qu'il a toujours vocation à incarner pour la civilisation occidentale. Ces 556 jours vont être beaux à vivre. C'est le vrai rendez-vous de ce samedi et non pas la célébration des 100 jours de Trump. 

    Chicago running

  • Le beau et fort symbole du dossard 261

    Boston 18 04 17

    Hier, les organisateurs du marathon de Boston ont eu le sens des symboles beaux et forts. À 69 ans, Kathrine Switzer a couru le marathon. Elle a commencé par tirer le coup de pistolet de départ de la course d'élite féminine, en début de matinée, avant de s'élancer elle-même dans la compétition, avec les amateurs, deux heures plus tard. Portant, comme en 1967, le dossard 261. En 1967, Kathrine Switzer, alors jeune étudiante de 20 ans s'était inscrite avec les initiales de ses prénoms et son nom de famille au marathon qui était alors réservé aux … hommes. Sous un survêtement, sous le dossard 261, elle avait débuté la course sans être repérée, avant d'être agressée par des hommes.

    261

    L'image fait alors le tour du monde. Il faudra attendre 1972 pour que le marathon de Boston soit ouvert aux hommes et aux … femmes. Hier, tout naturellement, avec le même numéro de dossard 261, Kathrine Switzer a parcouru le marathon avec de très nombreuses autres participantes. Naturellement. Simplement. A égalité. Il y a encore de nombreux pays où le symbole du dossard 261 n'a toujours pas gagné. C'est ce qui devrait mériter l'attention internationale avec davantage de vigueur.

    Kathrine Switzer