Hier mardi, la Fondation Kennedy a désigné son lauréat 2018 : le maire de La Nouvelle Orléans pour l'action qui a été la sienne en faveur de la cohabitation raciale. L'occasion pour mettre en relief un fait souvent peu connu. En 1949, Jackie Kennedy, alors Jacqueline Bouvier, a habité au 20 rue Hébert à Grenoble. Elle figure sur la liste des étudiantes accueillies alors par l'Université sous le n° 658 pour la période concernée avec la mention de son adresse de résidence aux Etats-Unis. Elle a alors été hébergée chez la famille Des Francs. Au 4ème étage du 20 rue Hébert. Elle avait 20 ans à l'époque. Avant son décès, des journalistes ont tenté d'obtenir un témoignage de sa part sur cette "époque grenobloise". En vain, sa collaboratrice d'alors, Nancy Tuckerman, a fait part avec courtoisie que l'intéressée ne contribuait à aucune publication de près ou de loin, fut-ce pour des témoignages personnels. Un passage qui explique pour partie peut-être le goût durable pour la France toujours témoigné par l'épouse de JFK ? Un rappel sympa quand la Fondation Kennedy effectue tant d'efforts louables pour toujours faire vivre la mémoire des actions de l'ex Président.
Catégorie : Boston
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Et si c’était elle … ?
Dans le cadre de la journée internationale de la Femme, comment ne pas évoquer un défi manqué en 2017 : l'installation d'une femme à la tête de la première puissance au monde ? En 2008, Obama avait fait vivre un rêve : le premier président métis des Etats-Unis. En novembre 2016, Hillary Clinton a manqué un rendez-vous historique : être la première femme présidente des Etats-Unis. Mais ce n'est que partie remise. Peut-être en 2020 ? Si c'est le cas, la mieux placée pour ce rendez-vous c'est Elizabeth Warren. Cette Sénatrice de Boston, âgée de 68 ans, a un parcours remarquable. En novembre 2012, elle gagne contre Scott Brown, un jeune leader Républicain qui avait créé la surprise dans la circonscription de Ted Kennedy. Universitaire, Elizabeth Warren est aussi une remarquable femme de terrain. Au Sénat, ses interventions sont unanimement reconnues comme de très grande qualité. C'est l'anti-Trump. Or les présidentielles américaines se nourrissent de contrastes très forts. Presque des anti-portraits entre le sortant et son challenger. Pas d'histoire sexuelle dans les tiroirs. Ni de question d'éthique pour cette femme qui, bénévolement, a longtemps donné des leçons gratuites à des enfants de quartiers difficiles. Si en 2020, les Etats-Unis devaient rouvrir le défi de la première femme présidente, Elizabeth Warren serait alors difficilement contournable.
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Quand une ville a rendez-vous avec la légende …
Ce qui attend demain soir Boston et les New England Patriots relève d'une dimension historique. Demain, les Patriots vont jouer leur dixième Super Bowl, un record en NFL. Pour Tom Brady et Bill Belichick, ce sera le huitième, avec la possibilité d’une sixième couronne. Ce sont des chiffres irréels. Imaginons en France, dans le sport le plus populaire, une équipe avec un joueur qui, pendant son temps actif, gagne 6 fois le championnat de football et participe sur une séquence temps brève à sa 8 ème finale si la compétition était par tour éliminatoire… Et à la dimension américaine, considérablement plus redoutable qu'en France par le nombre des compétiteurs ! Ce qu'est en train d'écrire Boston c'est une réelle page de légende. Une page historique. Jamais connue avant. Peut-être jamais connue après. Une récompense magnifique pour une belle ville qui devrait être un modèle de développement pour de nombreuses autres villes tant elle est capable d'allier dynamisme économique et qualité environnementale, sports et enseignement … Il y a une identité de succès qui mériterait en France une analyse sérieuse sur les facteurs structurants tant les villes françaises sont actuellement confrontées à des échecs gravissimes de plus en plus manifestes dans de très nombreux domaines.
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La reconnaissance de la personnalité territoriale …: les racines !
C'est un volet peu exploré en France. A tort. Le sujet est celui de la reconnaissance de la personnalité territoriale. Les territoires, notamment par leur Histoire, forgent une identité, une personnalité, un tempérament. Il y a actuellement trois faits qui en donnent une illustration particulière dans des domaines très différents. Grenoble et le 50 ème anniversaire des JO de 1968 : les habitants de cette ville plongent dans une nostalgie du "temps des légendes" qui ne parvient pas à se canaliser. Audiences, commentaires, discussions … : les habitants reviennent aux heures comme ils aiment voir leur ville regardée, estimée, considérée. Autre territoire, hier soir, c'est un élu de Boston au nom emblématique qui a donné la réplique traditionnelle à Donald Trump. Là aussi, l'appel à une Histoire : une dynastie, une ville aux exploits les plus divers (Super Bowl dimanche), qui peut se permettre de dire non aux JO sans que sa réputation de performances ne soit écornée … C'est Boston qui n'a pas voulu des JO et non pas le contraire ! Et dans un domaine totalement différent, ces commentaires hier soir sur l'affaire du meurtre de cette jeune femme avec des habitants qui disent "pas chez nous …". C'est un volet de personnalité territoriale qui est trop sous-estimée. Une réalité tellement forte qu'elle ne permet pas l'uniformité. Mais elle n'autorise pas davantage les modifications brutales parce que la force des racines est considérable. Une réalité qui mériterait d'être davantage reconnue pour éviter des contre-sens graves au moment où en France le pouvoir est tenté par une nouvelle centralisation comme des intercommunalités menacent la diversité territoriale de proximité.
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Entrés dans la vraie légende du sport …
Les New England Patriots sont entrés dans la légende du sport. A 40 ans, Tom Brady effectue des performances hors du commun. Le dernier match a été fabuleux. Le football américain est probablement l'un des sports les plus complets parce qu'il impose d'allier trois qualités : vitesse, résistance et stratégie. La vitesse est telle que pour recevoir le ballon, la combinaison entre l'émetteur et le récepteur doit être parfaite. Pas la moindre place à l'improvisation. C'est dommage que les chaînes TV françaises n'effectuent pas un effort pour mieux faire connaitre ce sport. Sur 10 ans, les résultats des New England Patriots sont fabuleux. Tout a changé avec le lien entre deux hommes clefs : le coach Bill Belichick et son quarterback Tom Brady. A 40 ans, Brady est aussi compétiteur qu'à son début. Les chiffres sont hors du commun. Et le 4 février, un exploit de plus est possible. Cette équipe depuis 12 ans est entrée dans la légende du sport comme probablement aucune autre équipe dans aucune autre discipline sportive de compétition de haut niveau. Une belle harmonie entre une ville et son équipe sportive emblématique.
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Le terrain : ce nouvel inconnu
La France en milieu urbain pourrait-elle résister à une vague de froid comparable à celle actuellement connue par la cote Est des Etats-Unis ? Il y a matière à sérieusement en douter. Lors d'entretiens téléphoniques avec des amis ou des relations professionnelles dans ces territoires, la présentation des actuels moyens déployés sur place est impressionnante. En France, la semaine dernière, un vent du sud qui fait fondre la neige rapidement + deux jours de pluie et les dégâts sont considérables. Pourquoi ? Parce que le terrain est le nouvel inconnu en France. Dans les Communes que je connais bien, les dégâts sont intervenus en copier-coller aux endroits de février 1990. Parfois au mètre près. C'est difficile pour la nature d'inventer une coulée de boue en pleine zone de plaine. Il y a quand même des logiques de tracés construits par des éléments naturels sur des décennies. Mais sur ces endroits répertoriés, depuis des années, rien n'avait été fait. Tout est à l'abandon quand ce n'est pas en plus un déboisement qui amplifie l'exposition aux risques naturels. Ces travaux sont trop ingrats pour mériter l'attention. Pire, bon nombre des décideurs ne connaissent pas le terrain. Ils n'y viennent jamais. Quand le Préfet de l'Isère met en cause des constructions récentes, où sont-elles sur la route principale du Gua ? Aux Côtes Bernard à St Paul de Varces ou à Brise Tourte ? Connait-il seulement la date de construction de la maison à Claix ? Qu'est ce qui a changé dernièrement : la maison ou une coupe forestière ? Aujourd'hui, la vraie différence en France est entre ceux qui connaissent le terrain et ceux qui parlent du terrain. L'écart apparait immédiatement dans l'entreprise comme en politique. De façon inquiétante ceux qui parlent sans chercher à connaitre le terrain sont de plus en plus nombreux de façon accélérée. Or c'est le terrain qui a toujours raison puisque c'est la vie réelle.
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De la sacralisation du discours à la reconnaissance de l’encre éphémère
En 2017, le Musée Kennedy à Boston a fêté avec succès le 100 ème anniversaire de la naissance de John Kennedy. Parmi les souvenirs forts, il édite un livre superbe de 486 pages avec des photos inédites et un thème : la vision de John Kennedy à travers ses discours avec les commentaires d'universitaires … Dans le même temps, que constate-t-on à la même date ? La consécration de l'encre éphémère pour faire vivre des messages sur des trottoirs. Toute la désacralisation de l'écrit se résume dans ce choc. Il y a une génération qui, 55 ans après la mort d'un chef d'Etat, en est encore à scruter des discours, des écrits, des formules comme elle fut passionnée à l'époque par l'identification des rédacteurs (Ted Sorensen ?) ou par celle des inspirateurs clefs (Robert Kennedy ?) et une nouvelle génération qui imagine que, marcher sur une formule écrite sur un trottoir, peut impacter les esprits mieux qu'un discours avant de s'effacer 5 jours plus tard … Une évolution inimaginable. Et pour quelle étape suivante ?
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Une vie de crayon ou l’hommage mérité
Cette semaine, à juste titre, Emmanuel Macron a remis à l'honneur le crayon en rendant hommage à Jean d'Ormesson conformément à ses souhaits. Ce crayon était un souhait de l'écrivain, qu'il avait formulé il y a quelques années. "A l’enterrement de Malraux, on avait mis un chat près du cercueil, à celui de Defferre c’était un chapeau, moi, je voudrais un crayon à papier. Les mêmes que dans notre enfance. Ni épée, ni légion d'honneur, un simple crayon à papier", avait déclaré Jean d'Ormesson. Pour ceux qui aiment l'écriture le rapport au crayon est particulier. Sur mon bureau, j'aime la compagnie indispensable des crayons (cf photo ci-dessus). D'abord, il n'y a pas un seul crayon mais une gamme très large avec une vie associée à chaque catégorie. Il y a les crayons des voyages : ceux ramenés de déplacements, de voyages. Puis il y a le crayon avec gomme qui porte sur lui la chance de la correction immédiate, la liberté de la seconde écriture. Ensuite, il y a les crayons des couleurs. Ils nous rappellent que quand nous étions enfants, c'était le crayon de nos premiers dessins. Pour les adultes, la couleur, c'est le crayon des annotations. Enfin, il n'y a pas de crayon sans taille … crayons : le moment de la concentration, de la respiration. En fonction de sa taille, un crayon peut aussi avoir plusieurs vies et terminer dans l'agenda de poche : la "consécration" par la présence permanente dans la poche la plus proche du coeur. Parfois dans l'écriture, le crayon deviendrait un sous-produit du stylo, plus noble. C'est faux. Le crayon par le bois est toujours noble. Il ne tâche pas. Il ne bave pas des gouttes d'encre. Bref, il est propre. Sain. Naturel. C'est un hommage mérité qui a aussi été rendu aux crayons. Ils le méritaient bien eux aussi.