Ces pays qui n’existent pas mais dont on fait pourtant un peu partie …

Le tome 23 de Largo Winch vient de sortir. La trame est superbe. En visite incognito dans une mine d'étain en Indonésie, Largo Winch découvre avec stupeur que l'une de ses propres filiales emploie des enfants pour fournir des composants essentiels à des smartphones. Il décide que le groupe W doit évoluer vers une économie plus éthique et plus verte … mais la "nouvelle économie" compte des surprises multiples … Largo Winch appartient aux BD qui inventent des pays qui n'existent pas mais dont on a le sentiment qu'on en fait pourtant un peu partie. Derrière chaque histoire, il y a des messages forts. Plusieurs BD ont enchanté ma jeunesse. Tintin et sa logique d'aventure permanente. Astérix et sa démonstration de la force du faible apparent. Largo Winch et la capacité à démocratiser la financiarisation de l'économie. D'ailleurs, comme j'ai souvent eu l'occasion de l'indiquer à des étudiants de l'ISEG Lyon, ces lectures devraient être au programme des études supérieures parce qu'elles apprennent sur l'essentiel : le tempérament et avec humour. De toutes ces lectures, quatre enseignements majeurs. 1) la vraie richesse, c'est une personne qui ne s'ennuie jamais. Avec cette passion de la découverte, elle célèbre la vie. 2) Le talent c'est d'ouvrir des perspectives et non pas garder le nez sur le guidon de l'immédiateté. Ce tome 23 y parvient avec succès. 3)  L'envie de vivre des belles histoires. J'ai toujours aimé cette formule :" question : quelles histoires liras-tu quand tu seras grand ? Réponse : je les vivrai". Nos fils ont cette culture et c'est sympa qu'il en soit ainsi. Et surtout 4) le sens du ressort, le rebond. Tout bouge tellement vite que l'agilité au rebond devient la qualité principale. Sous cet angle, le tome 23 de LW est une belle leçon. A contrario, c'est probablement ce qui manque le plus au pays qui parait sous vide idéologique car dépourvu de l'idéologie du rebond.