Denis Bonzy

L’impact des réponses jamais données …

Jorge Lemann 06 12 18

Ce qui manque le plus actuellement en France, c'est la confiance. Cette confiance a disparu par l'impact des réponses jamais données. Les citoyens ont gagné en compétences, en maturité. Ils posent des questions de fond. Des questions qui ne reçoivent souvent aucune réponse. La confiance est donc cassée. Les uns se réfugieront dans le silence. D'autres dans l'ironie. D'autres dans la colère. La confiance est le socle de toute relation humaine apaisée. Lorsqu'il y a eu le débat sur le moratoire des taxes, chacun percevait bien combien la confiance pouvait être cassée. Ce n'est pas l'affaire d'Emmanuel Macron. C'est l'affaire de plusieurs décennies d'évitements permanents. 4 exemples pratiques récents : 1) la place de la France dans la compétition internationale : les événements actuels lui portent un coup terrible. La presse internationale titre sur "la chute de Macron". D'autres sur les "Français ingouvernables". Cette semaine, le site Politico consacrait un reportage sur les 30 européens à suivre sur 2019 : pas un Français dans cette liste ! Une question évitée comme si la France était une île dans le monde. 2) Le coût des politiques publiques : comment le pays aux solidarités les plus coûteuses peut-il se diviser de façon aussi violente ? 3) Pourquoi toute la chaîne de la représentation est aussi discréditée ? Quelles corrections possibles ? 4) Quelles économies possibles ? Où ? Pour quels montants ? Pourquoi seraient-elles possibles aujourd'hui sans avoir été opérées hier ? Toutes ces questions légitimes animent les esprits. Comme elles ne reçoivent pas de réponses, la confiance est cassée. Sans confiance, aucune gouvernance n'est possible. Quand Jorge Lemann débute ses interventions, c'est le préalable qu'il pose. Ses conseils sont d'une sagesse absolue. Il n'a plus rien à gagner et il a connu un parcours hors du commun. Que dit-il ? Une marque n'existe que par la confiance. C'est le cas dans le commercial. C'est le cas dans le public. Or la "marque politique" incarne la … défiance. Tant qu'elle sera scotchée à cette image, la gouvernance publique sera quasi-impossible. La confiance suppose notamment que la rigueur soit aussi vécue par les politiques, que les affaires des politiques soient jugées, que les chiffres publics puissent être crus … : en France, compte tenu de l'immensité des passifs, c'est une oeuvre de très longue haleine pour restaurer la confiance. 

Commentaires

2 réponses à « L’impact des réponses jamais données … »

  1. Avatar de Bouteille Florence
    Bouteille Florence

    Je partage votre point de vue Bravo encore une fois
    Parlons de la confiance base de toute relation entre 2 individus sociaux. Parents–enfants, amis,couples, soignants-patients, managers-salaries, professeurs-etudiants etc..et même humains-animaux. Nous ne pouvons grandir qu’avec la confiance de l’autre. Et la reconnaissance.

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  2. Avatar de Jean-Renaud Leborgne
    Jean-Renaud Leborgne

    Le « Contrat social » de Rousseau parut en 1762. Cet écrit, devenu célèbre, servit de substrat à la Révolution française.
    Sans confiance, point de contrat. Une rudesse économique longue et une élite politique nationale et européenne s’ingéniant à vivre dans un jardin coupé des réalités brutes, dans une sorte d’autisme confortable, font que l’Etat a perdu de vue une proportion forte de citoyens invisibles, de gens de peu, qui savent se contenter d’une vie simple. sans bruit à condition que cela reste tenable.
    Parenthèse. On pourrait considérer une sorte d’économie-Monde « à la façon de Fernand Braudel » constituée de manière concentrique par des métropoles urbaines modernes bien équipées, d’abord entourées de banlieues plus ou moins irrédentistes, et encore bordées de plus loin par une France des territoires laissés en jachère et considérés comme oubliés par beaucoup.
    Fin de la parenthèse.
    Mais le feu couvait. Et il a suffi d’une étincelle pour provoquer un embrasement. Cette étincelle a pour nom Transition écologique. Cette dernière est coûteuse et portée par une élite toujours moralisatrice et engoncée dans une prétention et une vanité toutes jacobines.
    Le poids de la dette souveraine n’arrange pas les choses d’autant plus que ce sujet est systématiquement occulté, comme tabou, par tout candidat à la fonction suprême et son cortège de courtisans.
    Nous arrivons à une sorte de convergence de facteurs politiques et économiques qui font que nombre de citoyens considèrent que leurs intérêts ne sont plus portés par un Etat devenu une sorte d’ogre fiscal autonome et pléthorique qui ne réduit pas ses dépenses depuis plus de 30 ans.
    Le contrat de confiance a du plomb dans l’aile pour ne pas parler de rupture. Les partis politiques traditionnels, les syndicats professionnels, les parlementaires – bref toute forme de représentation institutionnelle – apparaissent comme des suppôts de cet Etat non vertueux. Ils ont failli avec lui.
    Le crédit de la France est entamé. Le sens du mot « crédit » est à considérer dans toutes ses acceptions.

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