Denis Bonzy

De 35 000 à 1 200 : le chiffre qui en dit long …

Vaucluse

Au début des années 1 900, la France comptait 35 000 gardes champêtres. Encore officiellement 30 000 en 1950. Aujourd'hui, ils sont … 1 200 ! Ce chiffre met en relief à lui seul l'abandon par un pays de son "esprit village". Le garde champêtre c'est le visage humain de l'autorité dans la proximité durable. Il avait souvent connu les adolescents à problèmes quand il assurait la surveillance de la sortie des écoles primaires. C'était pas seulement un uniforme mais un nom et encore plus souvent un prénom. C'est l'autorité, titulaire agréé par le Procureur de la République, sachant être à la fois conciliateur et garant de règles de bon fonctionnement collectif. Le garde champêtre c'est la France des villages où la proximité signifie la compréhension mutuelle, des formes réelles de solidarité de façon naturelle. Ce qui est en train de se passer depuis au moins une décennie, c'est la disparition de cette France des villages. Et cette évolution est d'une extrême gravité. La France n'a pas su gérer ses villes. Elle étend le "modèle" qui fonctionne le plus mal. Méthode surprenante. C'est l'un des échecs majeurs actuellement d'Emmanuel Macron : il ne change pas de paradigme. Il faut changer la manière de voir les choses. Réhabiliter pour de bon des valeurs qui ont fait leurs preuves par le passé. Quand j'ai exercé la fonction de Maire, cette fonction de garde champêtre m'est toujours apparue essentielle. D'ailleurs en octobre 1992, j'ai veillé à ce que l'intéressé, M. Deuil (personnalité très attachante qui connaissait la Commune "comme sa poche" et avec un dévouement exemplaire) soit décoré. Aujourd'hui, sur la même Commune, il n'y a plus de garde champêtre. Et la situation de la sécurité quotidienne s'est détériorée dans des proportions impensables à l'époque. Il y a des chiffres qui en disent long.

DB Michel Deuil octobre 1992

 

Commentaires

Une réponse à « De 35 000 à 1 200 : le chiffre qui en dit long … »

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    Jean-Renaud Leborgne

     » Les gens de peu  » ( Pierre Sansot – 1991, P.U.F ) n’ont plus la cote. La République de E Macron les déconsidère ou les ignore. C’est la classe moyenne qui gêne aux entournures la macronie.
    « Moi, mon sentiment c’est qu’on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité » (…)
    « En d’autres termes, si on parlait cuisine, il faut faire attention que notre pays ne se retrouve pas dans la situation culinaire désagréable où le gratin se sépare des nouilles » (…)
    « Ça n’a jamais fait un grand plat »
    « C’est le problème d’une monarchie qui en fait n’a plus de moyens, et ce qui me dérange, c’est que les quelques moyens qu’elle a, elle a décidé d’arbitrer pour permettre à ceux qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite »
    Ces très récents propos ( RTL, 28 juin 2018 ) de Jean Louis Borloo sont d’une surprenante acuité.
    Si l’actuel Président de la République ne parvient pas à se défaire de la monarchie républicaine pendant son mandat, il aura complètement échoué et effacé les espérances qu’il suscitait pendant sa campagne électorale. Les choses sont très mal engagées après un an.
    Ce pays finira inéluctablement par connaître un destin populiste à l’italienne. L’Europe est globalement mal en point. La désunion domine et les accords de façade, les effets d’annonce éphémères ne convainquent plus personne. Les égoïsmes nationaux repartent à la hausse. L’Amérique de Trump se réjouit, ainsi que la Russie de Poutine et la Chine.

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