Denis Bonzy

Une très grande tristesse

DB Valffort

Un jour de printemps, Me Jouanneau, alors proche ami de François Mitterrand, me téléphone pour que soit organisé un rendez-vous dans le cabinet de Me Jean Pierre Saul-Guibert pour solliciter une intervention en faveur de Louis Mermaz. Jean Pierre Saul Guibert vient de transférer à cette époque son cabinet de la rue Lesdiguières au 4 Place Bir Hakeim avec son associé remarquable Me Prandini. L'entretien se déroule de façon très cordiale. Et à l'issue, Me Jouanneau me dit "vous verrez si, à l'issue de votre vie, vous avez rencontré plus de 10 personnes durablement bien, vous aurez été chanceux !". A cette époque, je trouve ce chiffre très restreint. Si ce chiffre devait être maintenu aussi bas, sans nul doute figureraient Mme et M. Valfort. M. Valfort est décédé depuis de nombreuses années déjà. Et son épouse Alice vient de décéder. Une grande tristesse. Pendant des années, Maurice Valfort a rythmé mes semaines. Passant des coups de téléphone très fréquents. Chaque dimanche après-midi, j'interrompais mon running pour prendre le café chez Mme et M. Valfort. Un moment très agréable. Et M. Valfort m'indiquait les temps forts de la semaine écoulée à partir de ses lectures si minutieuses de "Témoignage Chrétien", sa revue de référence. Son épouse, Alice, avait la douceur annoncée par son prénom. Une famille qui a travaillé les champs avec une passion réelle du beau métier de paysan. Ils aimaient la terre. Ils en connaissaient tous les signaux. J'ai beaucoup appris aux côtés de M. Valfort et il n'a probablement jamais imaginé combien de fois je penserais à lui en permanence. Une foi considérable : j'ai toujours à l'esprit ma dernière visite avant le décès de M. Valfort quand il me dit "je suis prêt !" Et il m'indique pourquoi. Puis ce fut la connaissance de ses enfants. Le décès de l'un de leurs fils a été une épreuve considérable. Leur fille a célébré la messe lors de l'enterrement de maman. Une vraie messe lorsque la vie est retracée étape par étape et non pas, comme si souvent en ville, quand tout devient froidement anonymisé. Je lui voue une très grande reconnaissance pour ce moment. Puis, grâce aux réseaux sociaux, j'ai retrouvé leur petit-fils. Au début d'ailleurs sans le savoir car il avait un "nom d'emprunt". Je me souviens de ma première rencontre chez ses grands-parents quand il était petit. Il avait une énorme bosse au front suite à un accident de kayak et sa maman exprimait par le regard chaleureux toute l'inquiétude qui avait été la sienne devant les risques pris par son fils. Tout dernièrement, il m'a même recommandé l'application avec laquelle il fait vivre ses parcours en montagne. La disparition de Mme Alice Valfort est une très grande tristesse. Une personne remarquable que j'aime beaucoup. 

Commentaires

Une réponse à « Une très grande tristesse »

  1. Avatar de Christiane C. Grimaldi
    Christiane C. Grimaldi

    Merci, encore et encore, Denis, pour vos mots, votre respect des personnes, votre grand cœur. Il me tarde d’aller à Grenoble pour vous revoir.
    Je vous embrasse, Christiane.

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