Denis Bonzy

De 300 à plus de 1 400 : à quand enfin les bonnes questions sérieuses ?

Région RA janvier 1990

A quel moment les responsables politiques français vont-ils enfin prendre le temps de regarder des chiffres en face et non pas se contenter de jouer avec les mots trompeurs ? Actuellement, l'ordinaire c'est de constater qu'aucun service public n'a les moyens d'un bon fonctionnement. Le pays à l'imposition record et à l'endettement record n'aurait pas les moyens de … fonctionner ? C'est déjà un constat paradoxal. Mais face aux priorités comme sa défense face au terrorisme, il n'aurait même pas les moyens humains nécessaires. Là aussi regardons les chiffres. Au cours des 15 dernières années, tous les impôts locaux pris à l'unité ont augmenté. Et en plus, il y a eu la création de l'imposition intercommunale. Chacune de ces strates a augmenté sous des prétextes divers dont les transferts d'Etat. Mais l'Etat a lui aussi augmenté son imposition. En France chaque fois qu'une collectivité transfère une compétence à une autre, il n'y a aucune suite concrète donnée à la baisse du périmètre d'interventions de celle qui a perdu la compétence. Et il y a tout le temps augmentation des moyens des "fonctions supports" (les dépenses de personnels affectés aux tâches généralistes du siège). Quand j'exerçais la Vice-Présidence de la Région Rhône Alpes chargée des Finances, il y avait 300 personnes dans ces fonctions supports. Combien étaient-elles en 2010 avant la fusion avec l'Auvergne ? Plus de 1 400 ! Dans la seule période de 2004 à 2010, selon un rapport de la Chambre régionale des Comptes, ces personnes ont augmenté de + 53 % ! Et ces chiffres à la réalité incontestée ne donnent jamais lieu à la moindre explication sérieuse. C'est comme le fichier des personnes fichées S qui circule actuellement sur les réseaux sociaux, département par département. Pourquoi ces chiffres ne sont-ils pas publiés avec des explications détaillées ? Tant que la vie publique française s'organisera autour de la seule batailles des mots, elle continuera à "pédaler dans le vide". 

Commentaires

Une réponse à « De 300 à plus de 1 400 : à quand enfin les bonnes questions sérieuses ? »

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    Jean-Renaud Leborgne

    La situation que vous décrivez est consternante. Ce n’est pas qu’une bataille de mots. On sait très bien que les effectifs des collectivités territoriales ont explosé depuis quelques années. C’est le moyen que le secteur public a trouvé pour régler le problème du chômage technique. IL existe en France 42 850 collectivités territoriales ( pour une centaine de départements ). Le nombre de fonctionnaires territoriaux a régulièrement progressé depuis 2002, pour atteindre 1,89 million de personnes (hors contrats aidés) en 2015, affichant une augmentation moyenne de 2,6% par an jusqu’en 2013 et encore 0,8% en 2014.
    Le secteur privé ne cesse de traîner un taux de chômage officiel de l’ordre de 10% depuis 1993 avec des situations ubuesques aux deux extrémités de la pyramide des âges des actifs. On devrait publier les chiffres du chômage par tranche d’ âge et catégories de chômeurs. On s’apercevra là que le secteur public n’est pas le plus à plaindre .sans parler des effets sur le niveau des pensions de retraite dans le privé.
    Le fonctionnaire touchera une pension nette de 2.235 € contre 1.655 € pour le salarié du privé, soit une différence mensuelle de 580 € ( chiffres de 2016 ), pour une carrière complete.
    En France, le montant mensuel moyen de la pension personnelle de base pour une carrière complète passe de 1 028 euros en 2013 à 1 032 euros en 2014, avec 1 123 euros en moyenne pour les hommes et 921 euros en moyenne pour les femmes.
    On comprend pourquoi les effectifs continuent d’être pléthoriques dans les collectivités territoriales. Même commentaire pour le nombre de candidats se présentant au moindre suffrage électoral à tous les niveaux.
    Les représentants zélés et urbains de LREM ferment complètement les yeux sur ces données et qualifient même les retraités de privilégiés en moyenne.

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