Denis Bonzy

Ramène-moi hier …

DB 20 01 18

Longue promenade aujourd'hui sous la pluie puis la neige mouillée pour constater l'état de torrents que je connais depuis mon enfance. Rien de mieux que marcher pour éroder le souvenir du 1er anniversaire du décès d'Aspen qui a tant occupé mon esprit cette semaine quand tout bascule si vite suite à la découverte d'une tumeur. Revoir une énième fois ces paysages que je parcourais enfant. Apprendre de Vital Geymond le rythme de la marche lente qui permet de faire durer son effort. Avoir toujours son couteau pour tailler le morceau de bois qui peut aider à la descente d'une pente humide… Connaître chaque barrage pour les avoir escaladé lorsque le cours d'eau était doux à partir du printemps. Découvrir au hasard d'une bordure de bois une dizaine de mouflons. Mais surtout déplorer une nature à l'abandon avec des coulées de boue dans des endroits totalement inattendus. Des endroits impossibles hier car des paysans entretenaient les éviers, les haies, n'autorisaient pas des coupes de bois irresponsables … Le sentiment que ce dérèglement s'il persiste va produire des effets dramatiques. Plus personne ne s'occupe de ces fonds de vallées. Une dégradation accélérée dans la défaillance de lieux hier si jolis entretenus. D'année en année, ce constat s'amplifie. Après un retour trempé, un café très chaud et le sentiment fort du "ramène-moi hier" quand des enfants pouvaient courir les champs en toute quiétude sans même imaginer un autre risque que celui de se fouler une cheville lors d'une course trop rapide, apprendre d'un ancien des règles de la nature à respecter … En quelques petites décennies, quelle détérioration ! Peut-elle continuer encore longtemps et pour quelle issue ? Cela fait peut-être nostalgique ou trop rétro mais le bon sens n'a pas d'âge.

Mouflons 20 01 18

Commentaires

2 réponses à « Ramène-moi hier … »

  1. Avatar de Maurice CROS
    Maurice CROS

    Je crains qu’il ne s’agira pas uniquement de la nature non entretenue, mais aussi de l’évolution de notre société, pour de plus en plus avoir ce sentiment que je ressent du « ramène- moi hier ».

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  2. Avatar de Jean-Renaud Leborgne
    Jean-Renaud Leborgne

    Beau texte. En effet;il y aurait toute une réflexion à mener sur le « bon sens ». Il n’a pas d’âge mais il a tendance aujourd’hui à dépendre de machines connectées. Ces motifs de connexions concernent notamment, au plan individuel, la sécurité, l’ assurance, la santé…Je veux dire par là que pour ces sujets primordiaux qui nous accompagnent toute notre vie, le bon sens devient indissociable de la notion de clientèle de services payants intrusifs, services qui peuvent déresponsabiliser l’individu, autrement dit produire l’effet inverse du bon sens. L’individu devient débiteur de services payants en amenuisant sa propre prise en charge d’homme de bon sens.
    C’est sans doute être vieux jeu que de dire cela mais j’ assume ! :))

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