Denis Bonzy

Le scandale Lactalis ou le vrai test de la VI ème République

Enfant malade

A quelques jours près, il y a un an (le 25 janvier 2017) était publié le premier article du Canard Enchaîné sur "l'affaire Fillon". Un scrutin essentiel dans une démocratie occidentale allait être totalement modifié par cette affaire. Un an plus tard, que s'est-il passé ? Quels éléments concrets pour voir où était la vérité incontestable ? Impossible de le savoir. Le scandale Lactalis risque de vivre le même chemin. Les chemins que l'opinion n'accepte plus que des "intouchables" puissent emprunter pour échapper au sort que les faibles auraient subi depuis longtemps. Ce scandale c'est la caricature des échecs français. La Justice sanctionne peu le "système". Dans l'affaire de la Société Générale, la hiérarchie d'une banque parvient à surveiller les découverts de millions de comptes de particuliers à l'euro près mais pas sa propre gestion interne pour des milliards d'euros.  En France, pour le moment, aucune banque ou enseigne de la grande distribution n'a été sérieusement condamnée. Intouchables. La presse semble ignorer le fonctionnement de la grande distribution, l'un de ses principaux annonceurs publicitaires. Par sa gestion informatique centralisée, la grande distribution dé-référence un produit en un clic. Un fournisseur conteste un rabais demandé par son acheteur de la centrale d'achats dans la grande distribution, il peut voir tous ses produits dé-référencés en 5 heures sur tout le territoire national. Et là, tout juste si on ne nous explique pas qu'il y aurait un dispositif de "pigeons voyageurs" pour porter la nouvelle des laits contaminés de magasin à magasin. Et enfin, quand l'Etat coûte aussi cher aux contribuables (le plus cher d'Europe !) c'est quand même pour que sa gouvernance soit efficace sur le plan sanitaire au moins. Quand ces trois volets seront corrigés fondamentalement, une autre République sera née bien au-delà d'un texte supplémentaire. Pour le moment, on est très loin de cette nouvelle étape. Très très loin …

Commentaires

2 réponses à « Le scandale Lactalis ou le vrai test de la VI ème République »

  1. Avatar de Guilain Denisselle

    Lors de la révolution française l’impunité des « notables » et des « puissants » avait été tranchée à l’instar de leurs têtes. Hélas nous avons à nouveau laissé faire sous couvert de « ben il crée des emplois » ou de « boh c’est pas bien grave » ou de « c’est un chic type ».
    Faire la peau à Leclerc ou à Carrefour
    – ne changera pourtant rien au monde politique qui se contentera de faire un « oh my god » comme s’il ne savait pas déjà comment ça marche et continuera : gabegie, décision prise sous le coup de l’émotion ou après consultation d’un microcosme, pression sur les « petits »…
    – rendra un certain Amazon encore plus fort alors qu’il est en dehors du cadre juridique français ou européen sur une multitude de points et surtout ne contribue à rien ou pas grand chose dans notre modèle de société
    Mais le pire c’est que rien n’est fait pour mettre fin à l’hégémonie d’une poignée d’entreprises qui pillent nos vies quotidiennes, pillent nos économies, vident nos villes et villages de leur activité économique et de leur vie, vident le sens du travail en rendant toute leur organisation dépendante d’un Dieu « algorithme » dont personne n’a le droit de savoir quelles règles il suit.
    Voulons-nous d’un monde où le politique n’est plus que la marionnette d’une poignée de multinationales ? Même Niel qui contrôle plusieurs médias par le pognon est un nain à côté de ces multinationales qui pratiquent la politique de la terre brûlée

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  2. Avatar de Didier Lebouc

    2 éclairages complémentaires à l’article ainsi qu’au commentaire de Guilain :
    – Dans « l’affaire Lactalis », comme vis à vis de n’importe quel autre conflit ou délit potentiel, il convient d’avoir une position équilibrée et se garder de juger vite et à charge.
    Je n’ai entendu, à ce jour, sur cette affaire, dans les médias et réseaux sociaux qu’un seul type de point de vue, souvent sans nuance.
    Une opinion éclairée, mais aussi la justice, naissent de la confrontation de points de vue contradictoires et d’un peu de temps pour l’analyse.
    – Ce ne sont pas les multinationales qui nous pillent, ce sont nous-mêmes leurs consommateurs !
    Si tel distributeur physique ou en ligne prend beaucoup d’importance c’est d’abord parce qu’il a de nombreux clients, c’est à dire que nous sommes nombreux à utiliser leurs services alors que rien ne nous y oblige.
    Nous déclarons adorer nos commerçants de proximité mais continuons à allouer le gros de nos budgets familiaux à des grands groupes.
    Chacun de nos actes de consommation est un choix politique.

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