Il m'aura parfois fallu attendre 20 ans pour vérifier la justesse de certaines phrases consignées dans des carnets au hasard de remarques effectuées par des personnes dans des circonstances qui prêtent à la confidence sincère. En 1986, dans le cabinet de Jean Pierre Saul-Guibert, Me Jouanneau, notaire très proche de François Mitterrand, exprime une demande concernant un document alors promis à distribution au sujet de Louis Mermaz. Et il termine sa demande qui sera respectée par une formule qui alors m'intrigue beaucoup "si dans votre existence, vous avez la possibilité de rencontrer durablement 10 personnes qui sont bien, vous serez un homme chanceux". A cette époque, étant jeune, je trouve cette annonce d'une terrible tristesse tant le chiffre parait faible. Tout l'enjeu est dans le rapport entre le chiffre et le "durablement". Et quelques décennies plus tard, constater que cette appréciation était juste. Colette et Pierre Ambroise-Thomas avaient toutes les qualités et les raisons pour figurer durablement dans une telle liste. Pierre avait été un compagnon de batailles politiques.
Une intelligence fulgurante qui, sur le plan national, lui avait donné des responsabilités de tout premier plan : le professeur Ambroise Thomas fut notamment Président de l'Académie de Médecine, expert auprès de l'OMS, Directeur général de la Santé … Pierre nous a quittés en mars 2014. Légèrement plus de 3 ans plus tard, c'est son épouse. Son épouse Colette était passionnée par l'enseignement et par le sport. Deux isérois fidèles à notre département qui, comme tant d'autres esprits brillants mais indépendants, n'ont pas eu la participation publique locale méritée et qui aurait été si positive pour notre géographie. Avec tristesse, toute notre reconnaissance pour leurs superbes parcours et pour leur amitié.
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