Il y a quelques jours, Wish a levé 250 millions de dollars. Wish, c'est une plateforme d'e-commerce. Le parti pris est simple : des prix cassés 265 jours sur 365 ! Bref, des soldes à 90 % (au moins) tous les jours de l'année. Voilà contre quoi un "commerçant traditionnel" français doit désormais lutter. Pour acheter auprès d'un "commerçant traditionnel", il faut trouver où se garer. Puis payer le parc-mètre. Puis ne pas dépasser la durée achetée au parc-mètre sinon c'est l'amende garantie … Et de temps en temps seulement, profiter d'embellie sur les prix à – 30 ou – 50 %. Et la concurrence : se mettre devant son clavier. Chercher un produit. Cliquer. Payer en ligne. Et le coût de l'expédition (quand il est facturé selon les conditions d'achat) est moins élevé que 30 minutes de parc-mètre ! Pour des produits interchangeables, sans fonction de conseil pour le vendeur, des produits qui ne craignent ni la casse ni la péremption : comment lutter ? La fonction du prix dans la séduction d'un produit est désormais telle qu'elle cache les autres volets d'un produit. Nous sommes entrés dans un cycle où l'intérêt du prix n'a plus de mémoire, ne se rappelle de rien, jamais d'un service rendu, d'une réparation assurée, d'une recherche particulière qui avait demandé beaucoup de temps … Avec de telles conditions de consommation, si les villes ne s'adaptent pas de façon très urgente (plages horaires gratuites pour les véhicules, animations récurrentes, opérations commerciales quasi-permanentes …), nous ne sommes qu'au début d'un massacre considérable. Ce d'autant plus que la bataille financière globale est tellement inégale. Pour des entreprises d'Internet situées dans la seule localité de San Francisco, au cours des trois dernières semaines, 528 millions de dollars ont été levés auprès de capitaux risqueurs. Pas sûr que ce montant ait été levé sur toute l'année 2016 (12 mois) pour les entrées de ce segment de marché sur la Bourse de Paris. Si des modifications majeures urgentes ne sont pas apportées, les villes et villages de France ne sont pas prêts de voir arrêter la baisse des stores métalliques … Et ce constat est effectué par le client que je suis qui donne la préférence permanente au commerce indépendant de proximité avec une grande fidélité.
Quand l’intérêt n’a plus de mémoire …
Commentaires
Une réponse à « Quand l’intérêt n’a plus de mémoire … »
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Propos perspicaces.
Les parcmètres, en ville, contribuent à démanteler le petit commerce, le commerce ( et relations sociales ) de proximité. La problématique du coût contraint des places de parking et du temps induit consacré à l’activité économique ( commerce, salariat urbain, attractivité touristique d’un lieu ) aboutit à un non sens absolu. Une taxation systèmatique ( et souvent irraisonnée,non prise en compte dans un contexte plus large ) casse l’activité économique, décourage l’initiative de « petits » entrepreneurs locaux qui ne demandaient, au départ, qu’à développer, à conforter, la vie d’un quartier qui leur plaisait.
Habitant le cinquième arrondissement de Lyon, je connais le cas de plusieurs commerçant(e)s ( coiffeur, bijoutier..;) ou membres de professions libérales ( médecin, pharmacien…) qui, découragés, ont abandonné la partie localement et sont allés s’installer en des lieux plus propices. La mairie du cinquième arrondissement de Lyon reste totalement et imperturbablement sourdes à leurs remarques et doléances ( plages horaires gratuites ou gratuité offerte pour les commerçants eux-mêmes, taxes locales trop élevées etc ).
Les mairies lyonnaises d’arrondissements ne se rendent pas compte des contre-productivités économiques qu’elles provoquent par leur intransigeance ou leur incompréhension des évolutions nécessaires et urgentes que vous soulignez.
En outre, quand vous dites » Nous sommes entrés dans un cycle où l’intérêt du prix n’a plus de mémoire, ne se rappelle de rien « , c’est indéniable et parfois consternant. Un seul exemple : aujourd’hui, en tant que résident lyonnais qui voyage de temps en temps, j’affirme qu’il m’ est moins coûteux de prendre un avion pour aller à Prague, Dublin ou Copenhague à partir de l’aéroport de Saint Exupéry que de payer un taxi en tarif de nuit pour me rendre de mon domicile ( Lyon 5e ) au dit aéroport ( en termes de coût horaire rapporté à la distance parcourue ).
Sans avoir très étudié la question, je crois aussi qu’il me serait plus favorable, pour des vols long-courriers, de prendre l’avion à Genève Cointrin ou Zurich plutôt qu’à partir de Lyon Saint Exupéry ou Roissy CDG ( pour le coût total de transport ) et pour le choix des destinations proposées.
Dans quel monde vivons-nous ? Cela rejoint complètement votre analyse.J’aimeJ’aime
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