Denis Bonzy

Tout ça pour ça … ?

Sondage droite juillet 2015

Regardons le tableau ci-dessus. Il date du 28 août 2015. Il y a 14 mois ! Et à deux ou trois points près c'est le tableau des intentions de votes de … novembre 2016. La présentation médiatique des sondages en France pêche par au moins trois défaillances majeures. Tout d'abord, il est rarement fait état des sondages par un comparatif dans la durée. Comment les courbes bougent si elles bougent ?

Ensuite, aucun média de forte audience ne juge nécessaire de présenter un éventail des sondages disponibles sur le marché à partir de la même question ou du moins de questions très voisines.

Enfin, il n'y a que très rarement mention de questions intéressantes en dehors de la question brute sur les intentions de votes. Ainsi, la question essentielle du "est-il possible ou exclu que vous votiez pour …" est rarement présente. Or c'est elle qui détermine le potentiel de progrès. C'est la question clef à plusieurs mois du vote.

Pour la primaire de la Droite et du Centre, ce doit être une période difficile pour les candidats conduits à s'interroger : à quoi cela sert-il de faire campagne puisque les sondages ont très peu bougé entre le tout début de la pré-campagne et l'actuelle séquence temps ? 

Comment est-ce possible que la fluctuation soit de l'ordre de 2 à 3 points au plus par candidat ?

Est-ce que cela pose la question du choix de l'échantillon avec un périmètre trop ample donc pas assez sélectif pour vivre des à-coups d'événements ?

Est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas de "vraie campagne" avec des coups échangés, des risques pris … ?

La faible fluctuation des périmètres d'intentions de votes est une donnée qui mériterait l'examen actuellement. Comment l'interpréter ? Si cette stabilité est juste, il y a vraiment matière à s'interroger sur l'utilité des campagnes avec leurs cortèges de frais …

Commentaires

Une réponse à « Tout ça pour ça … ? »

  1. Avatar de Jean-Renaud Leborgne
    Jean-Renaud Leborgne

    Comme aux USA, vie privée et vie publique se confondent, et alimentent régulièrement la presse people. Nous pouvons parler de politique spectacle, d’un show ou d’une parade du pouvoir. La politique n’est plus que la mise en scène permanente du pouvoir.
    Régis Debray selon sa lecture médiologique de l’histoire, fait remarquer que nous vivons aujourd’hui une triple rupture avec le passé : Le livre a fait place à l’image ; La parole de séduction succède au discours construit et rationnel ; enfin la référence à l’histoire, son sens passé-avenir, s’est dissoute au profit du seul temps qui compte : l’instant. La politique est devenue un « journal télévisé » intrinsèque et le Président de la République et les autres professionnels de la politique sont devenus les « rédacteurs en chef de ce journal. Il faut faire « l’actu » à tout prix. Il faut absolument occuper l’espace et le temps médiatiques. Le pouvoir est une machine électorale majoritaire par le contrôle médiatique de l’opinion.
    La boulimie sondagière ne cesse de d’accroître au long des campagnes électorales, elle alimente le temps politique. Le sondage est le viatique du contrôle de l’opinion. Le sondage fait l’opinion.
    L’essayiste Guy Debord eut déjà beaucoup de succès, à partir de 1967, avec la parution de son livre  » la société du spectacle « .

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