C'est avec plaisir que j'ai revu hier soir sur Canal le film inspiré de la BD Quai d'Orsay. Villepin y est présenté avec beaucoup de réalisme. En effet, il y a ceux que le talent rassure et ceux que le talent inquiète.
Dominique de Villepin appartient à la première catégorie alors que la politique française se morfond dans le second état d'esprit.
En France, la dernière véritable aventure politique date de République Solidaire. En quelques mois, des individus de grande qualité se sont réunis venant d'horizons très divers. Leur mobilisation était considérable. Le 19 juin 2010 ou le 4 décembre 2010 ont été des moments de très forte mobilisation.
En charge avec Sihame Arbib de la structuration nationale de la mobilisation citoyenne, c'est la première fois où j'ai retrouvé une mobilisation du terrain comprable aux plus belles années du RPR de Chirac.
Pourquoi cette mobilisation n'a-t-elle pas débouché tout naturellement sur la présidentielle 2012 ?
Parce qu'une élection est d'abord un enjeu de logistique. Le mode de financement français verrouille totalement la compétition électorale.
Comment pourraient passer à "armes quasi égales" des structures qui d'un côté disposent de locaux, de financements publics à hauteur de dizaines de millions d'euros, de permanents par centaines et d'un autre côté une structure où tout est à faire ?
C'est impossible.
C'est la limite de la culture "agissez, le reste suivra !". Quand cette culture
s'applique à un Ministère, elle est efficace. Parce que la logistique du Ministère suit.
Mais quand cette culture s'applique à une structure naissante, elle risque l'effet boomerang.
La vie politique française vit sur des illusions :
1) l'égalité de candidatures : faux. Il y a les candidatures qui peuvent vivre sur un parti et celles qui sont extérieures.
2) le contrôle des dépenses électorales donc, sous un autre angle, l'égalité des candidatures : faux. La Commission des Comptes n'a pas les moyens d'un vrai contrôle. L'usage de personnels de collectivités publiques est interdit. C'est une interdiction contournée en permanence à gauche comme à droite dans la plus totale impunité.
3) l'accès aux médias : les médias font un décompte différent selon qu'ils classent comme les "grands et les petits partis".
…
La liste est longue d'artifices, de tromperies, de principes affichés mais pas appliqués …
Tant que cette réalité demeurera, les Villepin resteront à l'écart d'une présidentielle française. Quel pays peut se priver de tels talents ? La France manifestement. Mais tout le système est construit pour garantir une rente de situation aux politiques très orthodoxes. C'est cette mentalité qui va conduire ce système à l'explosion. Mais à quel prix et avec quelles conséquences durables ?
Répondre à Claudine Annuler la réponse.