Au début, des couvertures de presse titraient sur "l'improvisation", "l'inexpérience". Aujourd'hui, l'inquiétude est plus profonde et davantage partagée devant les couacs à répétition. L'explication n'est pas seulement dans l'inexpérience. Elle est dans la nature même de la psychologie de bon nombre des individus concernés. Nous assistons en direct à l'éclatement de la bulle du "bourgeois socialiste", ce qui est une mentalité très française.
Pour un militant socialiste, les bourgeois, c'est les autres. Ce même militant prendrait un peu plus de temps à regarder la réalité des faits, il constaterait que le bourgeois type c'est l'élu local PS, une caricature du bourgeois.
La définition du bourgeois
c'est celui qui est prêt à troquer sa liberté pour posséder. Posséder un titre, un bien, de l'argent en plus … Dans la culture française, le bourgeois c'est d'abord le culte de la possession : être possédé par ce que l'on veut posséder. C'est le matérialisme à l'excès.
Le militant socialiste croit que ses leaders sont socialistes. Non, ils sont d'abord bourgeois.
Ils gèrent les collectivités locales comme des bourgeois. C'est la conciliation généralisée au coût des aides publiques : une subvention par çi, une cérémonie par là, un recrutement ailleurs, un stage pour un proche … Pour l'esprit bourgeois, tout problème peut avoir une solution matérielle.
C'est une mentalité qui étonne souvent bon nombre de "gens de droite".
Ils reviennent de réunions en indiquant "finalement nous avons pu parler et nous sommes même d'accord sur beaucoup de points". Normal, l'esprit bourgeois est fait de conciliations, de compromis, de petits accords. C'est la culture de Hollande, Ayrault, Delanoë, Aubry, DSK, Collomb, Destot, Le Drian, Rousset …
C'est cette culture là qui règne en France depuis 1995 transformant les collectivités locales en "Cours des bourgeois". Ils n'ont pas de vision puisque les compromis matériels suffisent. Ils n'ont pas de grands projets puisque l'électeur s'offre ou se vend selon les mentalités. …
Localement, cet équilibre est possible. Le réseau des obligés s'étend. Or, les obligés soutiennent le système puisque le système est leur intérêt personnel. Ils ne pensent pas à "l'Intérêt Général", formule réservée aux discours, mais le secteur public devient leur rayon alimentaire, financier, familial …
Cette mentalité appliquée à la gestion nationale en temps de crise grave ne peut réussir.
Le "système" est différent. Il faut faire et pas seulement dire. Il faut arbitrer donc donner du sens. Plus grave encore, il y a des moments où il est demandé de respecter un idéal. Mais l'esprit bourgeois n'a pas d'idéal. Le post-socialisme à la française montre actuellement sa vraie nature en direct, au grand jour. Ils voulaient posséder un titre, des fonctions. Ils les ont. Maintenant il est demandé d'aller au-delà. C'est presque contre-nature. Localement ils ne sont jamais allés au-delà des titres, des fonctions. Il leur est donc demandé aujourd'hui de faire ce qu'ils n'ont jamais fait. Est-ce possible ? Probablement pas.
Mais, une fois le temps passé des déceptions, le pays pourra être reconnaissant à Ayrault d'avoir fait éclater cette bulle car il n'est jamais sain que des illusions durent trop longtemps.
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