Denis Bonzy

Le discrédit accéléré de la parole de gauche

Le peuple français n'a pas la gauche qu'il mérite. Ce constat déjà effectué en 1981 semble en voie d'être actualisé en 2012 dans des conditions accélérées.

Quatre ruptures graves sont intervenues entre le peuple et la gauche :

1) La crise du communisme : l'appareil communiste est maintenu en survie articifielle par le seul bon vouloir du PS. Donc le parti communiste ne pèse plus rien puisqu'il sait dès l'origine les limites à ne pas franchir. Il fonctionne donc par moulinets, par coups de menton … mais rien de sérieux pour ne pas compromettre son fonds de commerce : "ses" mairies avec leurs cortèges d'élus professionnels du communisme et de permanents. Ils sont devenus les obligés du PS.

La notion d'équilibre à gauche ne vit que le temps des campagnes électorales quand le PCF doit canaliser son électorat pour qu'il permette l'élection d'un … PS. Le schéma est clair, rodé et fonctionne de façon efficace.

2) La crise des Verts : toute l'identité des Verts repose sur le refus du "système" politique classique. Or les Verts français vivent dans le système voire même maintenant du système à l'exemple caricatural des décorations délivrées à la vitesse turbo. On imagine Dumont solliciter une décoration … Second pôle qui fait défaut.

3) La crise du socialisme : la décentralisation a donné naissance à une génération de "bourgeois socialistes". Les pouvoirs locaux ne visent plus à conduire une politique de gauche mais à entrer en bourgeoisie locale. Dans leurs discours, les "bourgeois" ce sont les … autres. Dans les faits, les bourgeois sont les élus PS : avec les apparats de fonction, les réflexes de castes, les habits de classes …
Hollande

Il suffit que le PS ait le pouvoir d'Etat pour qu'il ne soit plus protégé par aucun esprit rebelle et alors toute la réalité saute à la surface. Le grain des costumes change immédiatement. Les barbes de trois jours laissent place à une publicité de peau lisse pour Wilkinson … La gauche a retrouvé ce qu'elle aime par-dessus tout : le pouvoir mais surtout les apparats du pouvoir.

4) Mais un pouvoir qu'elle vit à la lumière de sa tradition étatique. Un régime socialiste, c'est un système où chacun garde les mêmes salaires, les mêmes avantages, les mêmes perspectives de progrès mais avec des déficits publics toujours plus importants comblés par …l'Etat. C'est ce dernier volet que la droite refuse en France sans pour autant avoir le courage de corriger les premiers facteurs d'où sa fragilité traditionnelle.

Cette tradition étatique vit exclusivement désormais dans le refuge des mots : blocage de l'essence, la guerre à la finance … Là où le pouvoir aime les mots, l'opinion y voit des pièges, des faux-amis dont il faut se méfier. C'est l'étape des dernières semaines. En passant aussi vite sous le seuil des 50 % de confiance, Hollande s'approche des tempêtes liées aux crises de légitimité. Il devient trop faible, trop vite. C'est l'ensemble de la parole de gauche à chaque étage qui est désormais vue sous une autre grille de lecture. A la course au discrédit, Hollande gagne Mitterrand et de loin. Dans l'intérêt du pays, ce n'était pourtant pas nécessairement la première course qu'il fallait gagner.

Commentaires

Une réponse à « Le discrédit accéléré de la parole de gauche »

  1. Avatar de Hélène Richard-Favre

    Difficile de ne pas souscrire à vos propos, Denis et pour les Verts, la preuve par l’image! http://voix.blog.tdg.ch/archive/2012/08/24/duflop.html

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