La démocratie locale dans l'agglomération grenobloise est malade. Gravement malade. L'une des raisons, c'est que beaucoup est organisé pour que le choix républicain n'intervienne pas dans un cadre de qualité.
Ce matin, sur France Bleu Isère, Cécilia Durieu débattait avec Marie Noëlle Battistel. Au bout de 5 minutes,
la candidate PS était KO, incapable de répondre à des faits précis dont des chiffres sur son inactivité parlementaire. A la question sur ses priorités, Battistel répond : l'énergie grâce aux barrages. Les dizaines de milliers d'automobilistes pris dans les bouchons quotidiens de l'agglomération paralysée apprécieront.
Le débat public contradictoire est le seul moment pour juger deux tempéraments, deux projets. Si depuis 1995, l'agglomération grenobloise est privée de débats de ce type, c'est que des candidats cherchent à "aller en douce" au vote en agitant exclusivement le drapeau de leur étiquette politique.
Trois acteurs de la vie démocratique ont une lourde responsabilité dans ce climat.
1) D'abord les citoyens : s'ils acceptent de se considérer comme une "réserve d'indiens" mis en parcs selon les appartenances partisanes, ils perdent une grande partie de leur pouvoir alors même qu'ils devraient être d'abord les garants que le mandat soit exercé par celui ou par celle qui peut en assurer le meilleur exercice par ses compétences, par sa motivation.
2) Les médias locaux : cette logique du non-débat est contraire à leur histoire, contraire à leur vocation, contraire à leur intérêt. Contraire à leur histoire, parce que dans l'agglomération, les débats publics étaient la règle jusqu'en 1995. En 1989, je n'aurais probablement jamais gagné ma cantonale sans des débats organisés par radio france isère à Pont de Claix puis à Vif rassemblant chacun dans les salles des fêtes des Communes plus de 700 personnes (débats de deux heures retransmis par ailleurs en direct). C'est contraire à leur vocation car c'est le moment où les médias deviennent les animateurs privilégiés du choc des idées. C'est contraire à leur intérêt car c'est l'audience record assurée. Seul le débat contradictoire, à la différence de la réunion publique, fait venir les indécis. C'est le fruit de "l'odeur de la poudre" mais aussi la possibilité d'y aller sans afficher son appartenance puisque les deux candidats sont là.
3) Les candidats : trop de candidats de l'opposition locale ont perdu le sens de leur responsabilité, le but de leur engagement. Une démocratie a besoin d'une opposition forte, unie, solide. Cette opposition doit porter des valeurs dont l'exigence de débats publics contradictoires, des vrais en public pendant deux heures.
A écouter le débat raccourci de ce matin, si une candidate comme Cécilia Durieu avait pu compter sur trois à quatre débats en public dans les différentes géographies de sa circonscription, le vote aurait été différent.
Ce n'est pas un service rendu à la démocratie que de chercher à biaiser avec certaines de ses règles qui devraient être incontournables.
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