Denis Bonzy

R. Jourdan / A. Vallini ou l’Isère est-elle encore une « démocratie normale » ?

La mode est à l'examen de la "normalité". L'opinion publique française procède par contrastes brutaux. En 2007, elle choisit l'énergie face au pouvoir sortant qu'elle qualifiait alors de "roi fainéant". En 2012, lassée de l'énergie débordante, elle choisit la "normalité" : un candidat qui casse les codes de l'Elysibilité habituelle.

Avec cet "acquis", désormais, chacun s'interroge sur la "normalité". Pourquoi ne pas céder à cette mode ? En Isère, depuis le 23 mars 2012, un contribuable (M. Roger Jourdan) a saisi


le Conseil Général présidé par M. André Vallini pour connaître le détail de déclarations effectuées par voie de presse et non démenties selon lesquelles des travaux du Député de la 9 ème circonscription de l'Isère (A. Vallini) auraient été effectués à partir des services du Conseil Général de l'Isère (présidé par A. Vallini) et non pas à partir de la structure parlementaire compétente.

C'est une question simple qui mérite une réponse simple.

Ce n'est pas une question qui repose sur des rumeurs mais sur des déclarations publiques officielles par voie de presse.

 

Face à une telle démarche, où est la normalité ?


La normalité, c'est à dire ce qui correspond aux comportements conformes à la norme dans une telle situation, consistait dans les actions suivantes :

– l'Institution mise en cause invitait le plaignant à une réunion de travail pour évoquer avec lui ses griefs et lui donner toutes les précisions nécessaires,

– les formations politiques au sein de cette Institution posaient les questions nécessaires auprès des autorités internes compétentes parce qu'il est question d'un fonctionnement illégal, partial d'une Institution publique et, au passage, de l'irrespect des deniers publics : autant de sujets dont il est possible de penser a priori qu'ils soient de nature à intéresser des formations politiques,

– la presse demandait à rencontrer tant le plaignant que des représentants de l'Institution départementale pour en "savoir plus" et effectuer son travail d'information,

Pour avoir rencontré tout dernièrement le plaignant car notre blog a été l'un des rares à évoquer ce dossier et nous tenions en conséquence à disposer d'informations directes actualisées, aucune de ces étapes de "normalité" n'est intervenue.

Pourquoi ?

Parce que le système local de pouvoirs s'est éloigné d'un second repère qui est celui de la démocratie.

 

L'élection ne fait pas toute la démocratie.


C'est ce constat qui est à l'origine d'un divorce profond entre l'actuel pouvoir local et les citoyens. 

La démocratie va bien au-delà de la seule élection. Elle est une création permanente par l'existence de contre-pouvoirs indépendants, par des méthodes de gouvernance qui supposent transparence, reconnaissance du droit à poser des questions et surtout du droit à obtenir des réponses pour tout citoyen sans la moindre exception.

C'est cette culture qui a quitté les allées de l'actuel pouvoir local. C'est tout le symbole du combat de M. Roger Jourdan, irréductible citoyen qui lutte contre le"tout puissant" qui ne le reconnait même pas comme … interlocuteur.

C'est la même situation pour les adhérents de Vivre à Grenoble dans le dossier de l'Esplanade, ceux de la ZAC Flaubert ou les adhérents du Club 20 quand ils ne parviennent pas à obtenir la moindre réponse (fut-ce une lettre de courtoisie) de Marc Baïetto sur une dépense de … 100 millions d'euros !

Toutes ces situations sont incompréhensibles dans une "démocratie normale".

Le système local du PS est sorti de la normalité et il est aussi sorti d'un fonctionnement démocratique sain. Après 15 ans de pouvoir sans partage, il s'est approprié le pouvoir tout simplement et vit la moindre question comme un … délit d'opposition.

M. Jourdan, l'irréductible citoyen qui veut la vérité, est aujourd'hui "snobé" parce qu'il contribue au "délit d'opposition" qui perturbe tout le système des élites locales.

Mais M. Jourdan aurait probablement accepté des explications montrant la considération accordée comme la volonté de respecter la vérité.

Faute de l'une comme de l'autre, il vient d'adresser une lettre ouverte à François Hollande sur le thème de la "république exemplaire" et plus de 120 pages de pièces au Procureur de la République, nouvelles étapes importantes.

Cette cassure dans la "normalité démocratique" avec le très probable reflux politique national du PS à compter de l'automne 2012, une fois passée la période dite d'état de grâce où l'opinion se donne au nouveau pouvoir avec un aveuglement assumé, occupera une place majeure dans les scrutins de mars 2014.

La démocratie locale, celle de la proximité, ne peut pas être celle qui ne reconnaît pas le citoyen. 

Commentaires

Une réponse à « R. Jourdan / A. Vallini ou l’Isère est-elle encore une « démocratie normale » ? »

  1. Avatar de Denis Bonzy
    Denis Bonzy

    @ Ange
    Votre commentaire transmis le 10/05/12 sur ce dossier a bien été reçu. Mais sa formulation ne permet pas sa publication. Avec regrets.

    J’aime

Laisser un commentaire