Demain, cela fera 30 jours qu'un contribuable de l'Isère a sollicité l'Assemblée Départementale pour obtenir une clarification sur des travaux de membres du Cabinet du Président de cette Institution. Progressivement, cette initiative réunit toutes les caractéristiques pour s'avérer un tournant et ce à l'écart même de toute interprétation politique. En effet, elle donne objectivement naissance à 4 tendances qu'il ne faut pas sous-estimer, bien au contraire.
1) La première originalité réside dans
le fait que ce soit une personne extérieure à cette Assemblée qui engage cette démarche. Une Assemblée de ce type comporte une majorité et une opposition. La seconde a accès à la presse. Comment expliquer qu'un contribuable soit seul à engager une procédure de ce type alors même qu'aucun élu ne le fasse à partir de la lecture des mêmes informations ? Bien davantage, près de 30 jours plus tard, aucun groupe politique, y compris de l'opposition départementale, n'a tenu une seule petite conférence de presse pour faire part de ses observations, de ses certitudes, de ses questions …
Rarement un tel découplage entre le statut de citoyen et celui d'élu n'a été aussi manifeste. Comment interpréter cette réalité ? L'opinion commence à aller sur le terrain de cette question et elle ira de façon de plus en plus massive.
2) La seconde originalité réside dans le fait que ce citoyen revendique publiquement son engagement dans une formation politique de l'actuelle majorité présidentielle. Non seulement les Verts de l'Isère n'ont donc plus le "monopole de la morale". Mais ils se font même manifestement doubler sur ce terrain.
Ils se font doubler dans des conditions qui commencent à questionner l'opinion. Et si les Verts de l'Isère avaient une lecture de "la morale à double foyer" selon que l'affaire puisse concerner la droite ou la gauche ? Les Verts de l'Isère sont-ils aussi les défenseurs de la "morale" face à la gauche ? Cette question vient de naître dans l'opinion. C'est un tournant considérable parce qu'elle porte en elle l'interrogation sur une part de l'identité même des Verts de l'Isère.
3) La troisième originalité provient du décalage du traitement de l'information entre la presse "classique" et Internet. La presse "classique" observe une réserve manifeste. Elle reste à l'écart.
Internet voit l'information beaucoup circuler : blogs, sites, facebook, twitter … Quel est le prix à terme pour la première de rester ainsi à l'écart ? Quelles seront les conséquences d'un tel décalage ?
Selon certains chiffres qui mériteraient d'être confirmés, sur Grenoble, le Dauphiné Libéré serait diffusé à moins de 10 000 exemplaires. Les blogs, sites … font au minimum 2 500 visites d'audience en cumulé sur la même géographie. Comment un support généraliste peut-il franchir sans impact un tel décrochage quand la masse critique d'une circulation parallèle est ainsi atteinte ? Ce sera très intéressant à suivre à l'avenir.
4) Quatrième originalité : face à une question, la prime à l'indifférence (c'est à dire la non réponse) peut-elle exister ? Ne pas répondre à une question précise est-ce un traitement possible dans le temps ? Qu'est ce qu'une démocratie, si les élus ne répondent pas aux questions du peuple ? Qu'y a-t-il d'inconvenant à poser une question de ce type ? Qu'y a-t-il de méritant à ne pas y répondre ?
Ces constats de bon sens montrent l'ampleur de la crise des mentalités qui affecte le système français de représentation. Il eût été si simple et naturel de convier le contribuable à effectuer un point sur place, lui ouvrir les dossiers. S'il a des doutes sur certains membres de Cabinet, lui permettre de les rencontrer pour qu'il puisse poser des questions et que les intéressés répondent. Normalement, c'est cela une démocratie : que les citoyens aient des réponses aux questions qu'ils se posent.
Sur ces quatre terrains, la procédure en question peut considérablement changer la donne à terme. C'est bien une remise en question de la "table du banquet" tant elle remet en cause des "acquis du système" et que les 30 premiers jours de son existence montrent l'ampleur des interrogations qu'elle suscite par le décalage du traitement intervenu entre celui constaté et celui possible.
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