La campagne publicitaire de la BPA appliquée à la Bastille pose trois questions essentielles :
1) le fric peut-il tout acheter et jusqu'où une collectivité publique peut-elle accepter d'être associée à une banque ?
2) la publicité commerciale peut-elle s'appliquer y compris à des éléments du patrimoine public ?
3) Si oui, où sont les limites dans le périmètre du patrimoine public ?
Le 8 septembre 2011, la Banque Populaire des Alpes est condamnée par le TGI de Grenoble
pour "manquement à ses obligations de mise en garde, d'information, de conseil et de loyauté" pour un épargnant qui a perdu 95 % de ses économies en suivant les recommandations de la BPA dans le dossier Natixis. C'est un dossier qui sur le plan national mobilise des petits actionnaires qui ont été spoliés dans des conditions d'une indignité caricaturale.
Et quelques jours plus tard, c'est ce même "partenaire bancaire" qui est choisi pour faire la pub de la Bastille à Grenoble.
C'est une décision scandaleuse qui ne peut que révolter ceux qui sont attachés à une éthique dans les milieux financiers qui ont trop souvent tendance à considérer que le fric peut tout permettre.
Cette campagne de pub intervient sur des éléments qui font partie de l'image de marque de Grenoble dans le cadre d'un établissement para-municipal : la régie du téléphérique. Si le domaine public s'ouvre à des insertions publicitaires, où est la frontière : à quand les banderolles aux étages de la tour du bd Jean Pain ? Le 11 étage est aux couleurs d'un préservatif, le 10 ème à celles d'un déodorant, le 9ème une boulangerie, le 8 ème une chaîne de restauration …
De façon plus anecdotique, et parce que même les sujets les plus choquants peuvent toujours révéler des symboles qui méritent la réflexion :
– qu'un établissement bancaire choisisse des bulles pour promouvoir sa profession est un lien qui mérite l'analyse au moment où la "bulle financière" explose,
– quant à la campagne "osez", ce terme avait été appliqué à la campagne "osez le clito" destinée à promouvoir le féminisme à visage découvert. De là à suggérer un "plaisir bancaire" … il y a probablement un pas que les clients tarderont à faire même avec les campagnes publicitaires les plus offensives.
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