Denis Bonzy

Morale publique : le sentiment diffus de chaos

La France serait-elle finalement "un pays africain comme les autres" ?

Historiquement, la France était le "pays de la pensée" et plus encore celui des Droits de l'Homme donc de la démocratie à l'époque où l'Italie était le pays de l'art.

L'actualité éloigne tristement de cet "héritage". 5 bombes sont actuellement armées :

1) La "mauvaise puissance" : Raymond Radiguet a eu une formule d'un extrême bon sens : "la puissance ne se montre qui si on en use avec injustice". C'est aujourd'hui cette forme là de "puissance" qui règne en France depuis le clientélisme généralisé des recrutements dans les collectivités locales jusqu'aux affectations dans des logements sociaux en passant par les "gardes à vue" où il est possible de décrocher son portable en demandant aux "questionneurs" de "bien vouloir patienter" …

2) La multiplication des affaires : la vie publique française peut-elle se résumer à une succession d'affaires de sexe et / ou de fric ? Cette réalité à mesure qu'elle se dévoile découvre un monstre : finalement quand on ne parle plus des affaires, ce n'est pas qu'elles auraient disparu mais qu'elles seraient étouffées avec efficacité.

3) Les rapports entre le pouvoir et le peuple : le divorce est profond sauf pendant les périodes électorales où les prétendants "supportent" le peuple pour mieux l'ignorer ensuite.

4) La crise de l'information : il a fallu l'affaire de New York pour que l'opinion découvre l'immensité de la fortune de DSK, candidat de gauche qui s'exprimait avec compassion sur les malheurs des habitants de Sarcelles où il ne devait qu'être présent lors de séjours TGV. Presse et politiques ressemblent à une armée de snobs qui avancent et pensent ensemble sans jamais se remettre en question tant les liens sont incestueux.

5) La faiblesse du "sentiment citoyen" est considérable : le peuple est complice de cette humiliation acceptée que devient si souvent la vie politique française.

Toutes ces réalités donnent un goût amer de chaos. Il y a là des exagérations que l'on pensait réservées à d'autres. Elles sont désormais bien partagées en France comme si en effet la France était progressivement devenue un pays africain comme les autres. Mais l'Afrique est-elle au moins encore au niveau de tels anciens clichés ?

Commentaires

Une réponse à « Morale publique : le sentiment diffus de chaos »

  1. Avatar de Martial
    Martial

    « le peuple est complice de cette humiliation acceptée que devient si souvent la vie politique française »
    Effectivement Denis…aussi y a-t-il lieu de s’affranchir des leaders charismatiques et autres maîtres du prêt à penser.
    Pour ma part, outre le discours, les engagements, promesses politiques, je m’intéresse au parcours de celui qui les prononce, de ce qui a participé de la construction de ses valeurs et de ses principes.
    C’est pourquoi dès 2005, j’ai quitté l’UMP quand Nicolas Sarkozy en a pris la tête pour en faire son QG de campagne pour les présidentielles de 2007. Je dirai que je ne suis pas surpris de la tournure que prennent les évènements au regard de ce que Nicolas Sarkozy a pu nous donner à voir de sa carrière politique, de ses alliances et mésalliances. La France, ce n’est pas Neuilly, ni les Hauts de Seine et ses intrigues…Sa conception de l’exercice du pouvoir participe de son parcours. De même que l’on divise pour mieux régner, il a divisé les Français au lieu de rassembler, il les a précarisé au lieu de les promouvoir, il les a stigmatiser au lieu de les valoriser…
    A contrario des 30 glorieuses du Grand Charles, je ne garderai comme souvenir que les 5 honteuses de Nicolas le Petit.

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