Denis Bonzy

La Métro de Grenoble est entrée en crise financière grave

Depuis 24 heures, les commentaires commencent à se multiplier sur la situation des dettes publiques locales, sujet abordé de longue date déjà dans ce blog. La grille de lecture est politique alors qu'elle devrait être technique. La majorité (PS-PCF) veut absolument rassurer. L'opposition est absente.

La vérité est dans les chiffres.

1) La Métro est surendettée. Sur ce point chacun s'accorde désormais puisque l'enjeu ne consiste plus qu'à dédramatiser sur le montant de la dette toxique.

2) Elle est surendettée alors même que son niveau d'imposition a considérablement augmenté ces dernières années.Métro endettement juillet 2011

3) Elle est aujourd'hui exsangue financièrement. C'est pourquoi, elle est conduite à tenter de privatiser le Stade des Alpes. Le projet d'aménagement rocambolesque de l'A 480 est une rustine inutile et dangereuse qui démontre, si besoin était, l'incapacité financière de la Métro de financer de grands travaux. La grille de lecture des décisions est financière : la Métro n'a plus les moyens d'ambitions collectives fortes. Elle botte en touche en permanence.

4) Mais en plus, la Métro porte des endettements collatéraux très élevés et risqués. La situation de l'établissement public foncier local de la région grenobloise est catastrophique. le rapport de la Chambre régionale des Comptes publié le 22 avril 2011 est d'une extrême sévérité pour un organisme de ce type. Outre les multiples erreurs de comptabilité qui y sont dénoncées, il est possible d'y apprendre que l'EPFL emprunte pour … équilibrer ses comptes (page 13/28) tant l'autofinancement ne suffit plus. Les conditions de portages d'opérations sont irréelles dont les conditions initiales de valorisation.

5) La Métro devrait avoir le courage de dire la vérité : Marc Baïetto et Christophe Ferrari ont pris une mauvaise direction face à ce problème grave. En réalité, la Métro de Grenoble attend que les élections de 2014 soient passées pour, à majorité politique constante, installer le péage urbain qui n'a pas vocation réelle à être une réponse à l'organisation des voies de communication mais dont le véritable objectif est exclusivement financier : donner une nouvelle recette diffuse mais quotidiennement récurrente donc importante sur l'année. Ce péage urbain est en quelque sorte l'équivalent local de l'augmentation de TVA qui, sur le plan national, sera l'ultime moyen pour lever des recettes mais là aussi après l'élection en l'espèce de mai 2012.

L'actuel climat de ouate qui entoure ces questions va ouvrir dès le lancement des campagnes électorales locales un réveil difficile. C'est d'abord une cure de lucidité et de modestie qui est nécessaire pour les détenteurs du pouvoir local depuis 1995 progressivement habitué à un pouvoir sans limite avec une opposition absente. La réalité des chiffres est là. La crise financière est bien ouverte pour plusieurs collectivités locales et c'est malheureusement le cas de la Métro de Grenoble.

Commentaires

Une réponse à « La Métro de Grenoble est entrée en crise financière grave »

  1. Avatar de Joël de Leiris
    Joël de Leiris

    « L’opposition est absente »… Est-ce si étonnant? Non, on a l’opposition que l’on mérite. Incompétents, peu courageux, peu travailleurs? Quelles que soient les raisons qui conduisent à cette absence de réaction de l’opposition, c’est en fin de compte la médiocrité des élus qui la composent qui en est responsable. C’est désolant mais c’est ainsi! Sachons nous en souvenir et faisons en sorte qu’émergent de nouveaux talents, la droite n’en manque pas, mais il faut en premier lieu, comme on disait dans les années 60-70, sortir les sortants.

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