Comment les Français pourraient-ils dire où ils veulent aller quand il leur est déjà impossible de dire ce qu'ils pensent donc qui ils sont ? La dernière polémique sur le devenir du 14 juillet en est une illustration caricaturale. Quand Aubry, Hollande ou Royal agitent le drapeau bleu-blanc -rouge, ils font référence à la République. Mais quand c'est Fillon, il marche sur les pas du FN …
Quand Eva Joly commente le 14 juillet, elle contribue au débat nécessaire mais quand Fillon défend cette "Institution" il agresse gravement la bi-nationalité d'Eva Joly au point qu'Aubry réclame sa … démission.
La gauche a progressivement installé une chape de plomb d'un "politiquement correct" qui rend impossible tout débat de fond.
C'est étonnant qu'il en soit ainsi car la gauche française est d'abord d'une extrême faiblesse comparée aux forces politiques de sa famille de pensée dans des démocraties comparables.
Sa faiblesse est indissociable de son refus de la vérité, de la fausseté de son jugement comme de l'illusion qu'elle entretient sur les choix à opérer : trois domaines où la gauche française a perdu son devoir de responsabilité.
Le refus de la vérité quand cohabitent dans un "même" projet des tenants de l'économie de DSK mondialisée, libérale avec ceux de l'économie de Hamon – Emmanuelli planifiée, protectionniste, étatiste.
La fausseté de son jugement quand la réclame habituelle de la hausse de la dépense publique reste le crédo en pleine crise de la dette publique qui est d'abord la traduction d'un secteur public obèse qui n'a eu ni le courage ni la lucidité d'effectuer les réformes nécessaires.
Une crise de la dépense publique alimentée pour une grande partie par la gestion des collectivités locales où le PS a multiplié les administrations, les effectifs, les dépenses improductives en augmentant dans le même temps les impôts et les emprunts.
L'illusion sur les choix à opérer quand le culte est d'abord celui de l'ambiguïté où tout est fait pour tenter de cumuler ce qui ne peut pas l'être. Hier soir, Royal voulait que de Gaulle fasse équipe avec Besancenot, que Georges Pompidou rejoigne Daniel Cohn-Bendit … : une démagogie sans limite.
Sous couvert de dénonciation du bilan de Nicolas Sarkozy, la gauche ne parvient pas à faire vivre son projet.
Faire ce constat n'est pas être contre la gauche, bien au contraire. C'est constater qu'une démocratie ne peut pas bien fonctionner quand elle est privée d'alternative sérieuse, crédible, prête à exercer le pouvoir.
C'est pourtant bien ce projet qui compte parce que si demain elle parvenait au pouvoir c'est son projet qui ferait le quotidien et non plus le seul désir de l'éviction de l'actuel Chef d'Etat.
Faute de projet, ce que demande actuellement la gauche française, c'est de récompenser une équipe qui a perdu, c'est un contrat difficile à accepter. Il serait temps que ses candidats passent à l'étape du projet précis et ne se contentent plus d'orientations vagues et même contradictoires.
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