Denis Bonzy

Le coup de bluff permanent ?

L'accélération actuelle de certains évènements impose de s'interroger sur la place actuelle de la vérité matérielle des faits dans la présentation de certains dossiers. Cette place est tellement marginale que ce constat ne peut susciter que des inquiétudes profondes sur l'ensemble de l'information française.

Premier exemple concret : le plantage du site Internet France.fr.


La réalisation de ce site supposé vitrine a coûté plus de 1, 6 millions d'euros. Il devait ouvrir le 14 juillet. Le plantage annoncé pour 7 jours est désormais annoncé jusqu'à fin août pour ce qui devait être la "vitrine numérique de la France". Les raisons techniques du plantage ne sont pas exposées. Les responsables dont le Directeur du Service d'Information Gouvernementale (Thierry Saussez) sont aux abonnés absents. La Secrétaire d'Etat à l'industrie numérique refuse de répondre. Dans ce climat global, les responsables gouvernementaux renvoient sur les prestataires privés. Exposés à des conséquences commerciales parfois lourdes pour leur réputation, certains d'entre eux ouvrent un premier chemin à la vérité. Ils commencent d'abord à indiquer que les raisons officielles du plantage du 14 juillet sont fausses. Il n'y aurait jamais eu le nombre de visiteurs alors indiqués. Non seulement rien ne fonctionne mais encore ce fut le bluff lors de la présentation des causes initiales du plantage et ce pour un projet public pilote financé sur fonds publics.

Second exemple concret : le retrait de 400 000 € pour que Mme Bettencourt s'achète … une bague. Avec son argent, Mme Bettencourt achète ce qu'elle veut, fait des dons à qui elle veut … dès l'instant bien entendu que ses achats ou dons restent dans le cadre de la légalité. Mais alors même que Mme Bettencourt est une référence bancaire de la meilleure qualité possible, qui peut sérieusement imaginer que Mme Bettencourt aurait à retirer de l'argent en espèce pour s'acheter une bague et non pas payer par chèque ou par carte bancaire ? Ou alors si elle s'adonne à une procédure bien particulière de ce type, c'est probablement qu'elle le fait également en d'autres occasions comparables. Si ce n'est pas le cas, comment expliquer pour cette "bague là" exclusivement ? Cet argument ne résiste pas une seconde à la raison. Mais "bonne fille", l'opinion publique devrait s'en contenter.

Troisième exemple : les déclarations du Procureur de la République de Paris qui mène l'enquête personnellement sans désigner un juge d'instruction. Peut-on faire confiance à son impartialité ? Une partie de la presse répond oui et pourquoi : réponse : parce qu'il dit vouloir conduire la procédure en toute impartialité. Imagine-t-on le Procureur en question répondre autrement ? En revanche, pourquoi dans ce dossier, le Procureur adopte-t-il une démarche aussi singulière alors même que notre pays compte un corps de juges d'instruction qui effectue son travail au quotidien avec un très grand respect du service public dans des conditions pourtant souvent si difficiles ? Comment fixer la frontière désormais pour les autres dossiers ?

Et la liste des "anomalies", des "contre-vérités", des "manipulations" s'allonge en permanence.

La vérité n'aurait-elle plus sa place en politique ?

Une vérité simple avec des faits précis,avec des chiffres solides, avec des repères qui permettent la comparaison.

Ce climat devient insupportable et particulièrement grave parce que la vérité est la règle du jeu démocratique. Comment bien décider sur des bases fausses ?

Ce bluff permanent discrédite l'ensemble de l'équilibre institutionnel dont les médias qui acceptent de se prêter à de telles opérations, fait le jeu des extrêmes, fait le jeu de l'abstention.

C'est probablement la crise la plus grave qui affecte actuellement notre pays que cette culture nouvelle du coup de bluff permanent.

C'est probablement la responsabilité personnelle la plus lourde que le Président de la République aura à assumer que d'avoir pour le moins autorisé le développement d'un tel climat.

Commentaires

3 réponses à « Le coup de bluff permanent ? »

  1. Avatar de Claude
    Claude

    Monsieur Bonzy, j’apprécie beaucoup votre blog. Mais je ne comprends pas que vous n’ayez jamais parlé de l’affaire de la nuit du 25 juin où des policiers municipaux grenoblois ont été gravement menacés et sans suite. D’autres sites commencent à évoquer ce fait. J’aurais eu plaisir à voir votre blog parmi les premiers à relater cet évènement gravissime. Pourquoi ces faits sont-ils cachés et vous-même, par votre silence, ne participez-vous pas à cette conspiration du silence. Au plaisir de lire votre réaction.

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  2. Avatar de denis bonzy
    denis bonzy

    Je n’avais pas connaissance de cet évènement. Ne voyez donc aucune volonté de dissimulation de ma part. Je suis surpris que des supports locaux de médias n’aient pas évoqué cette situation. De même, si les faits sont avérés, il me parait bien peu probable que des élus grenoblois n’aient pas engagé immédiatement les suites qui s’imposaient. Vous devriez bientôt avoir toutes les informations utiles sur cette affaire particulièrement grave si les faits sont matériellement confirmés.
    Denis Bonzy

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  3. Avatar de Ludivine
    Ludivine

    Je pense simplement que la France est en danger
    avec NS et qu’il devrait sans doute mettre un
    terme à son mandat avant l’année 2012
    Tout ce que l’on peut lire ou décrypter ici et là
    commence à donner froid dans le dos.

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