Denis Bonzy

Du mandat au métier …

La politique voilà l'ennemie … : c'est souvent la réaction qui circule actuellement face à la rafale des scandales qui affectent le parti présidentiel et l'incapacité à apporter une réponse rapide efficace.

Cette situation est le résultat de trois facteurs.

Tout d'abord, la professionnalisation excessive du cursus politique : du mandat, c'est devenu un métier. Les conséquences sont multiples : moindre connaissance de la vie de tous les jours mais surtout confusion des rôles dont le rapport avec l'argent.

Ensuite, le second facteur est la logique même du bouc-émissaire qui inspire la quasi-totalité des procédures françaises. Cette logique a souvent deux conséquences directes. D'une part, elle ne règle pas la question posée puisque la réponse a été sectorisée au bouc-émissaire en question. Dernier exemple en date : Kerviel et le procès qui l'a opposé à la Société Générale. D'autre part, ceux qui ont échappé aux mailles du filet ne comprennent pas la leçon puisqu'ils s'en sont sortis et ils continuent de plus belle jusqu'au jour où … Pour le personnel politique, ce "jour où" est arrivé. La crise économique impose des actes qui brisent les "mauvaises habitudes".

Enfin, c'est l'échec des contre-pouvoirs dont la presse traditionnelle. Sans contre-pouvoir, les tentations deviennent presque "inhumaines". Le contre-pouvoir permanent est le meilleur service à toute démocratie dont ceux qui assument des responsabilités. Ce n'est pas un hasard si l'affaire Bettencourt naît de Médiapart donc d'Internet. La presse traditionnelle est devenue trop fragile financièrement donc trop dépendante de divers pouvoirs politiques, économiques, parutions publicitaires locales …:  autant de murs qui emprisonnent des vérités.

C'est une crise grave qui est ouverte. La crise exige de grandes réformes. Si le discrédit frappe les Gouvernants, les grandes réformes ne peuvent plus être portées par de si "petits hommes" assaillis par les accusations multiples, détournés de leurs priorités naturelles.

Même au-dessus de la crise économique, un nouveau chantier se fait jour : investir plus de morale en politique. Mais investir dans des actes durables et non pas dans des déclarations de bonne conscience aussitôt emportées quand la clameur retombe. Ce serait bien une nouveauté. A ce prix l'actuelle crise aurait eu une part de bon.

Commentaires

2 réponses à « Du mandat au métier … »

  1. Avatar de ChristineH

    Bonsoir,
    Les politiques ne recueillent que s’ils méritent.
    Après tout n’ont-ils pas cédé au fils du temps
    1 / aux pouvoirs économiques et financiers (d’ou la crise)
    2 / aux pouvoirs suora-nationaux tels l’Europe ( surtout la commission) à l’OMC, au FMI…etc…organismes non élus
    3 / aux experts en tout genre dans de nombreux domaines de la vie économique et sociale, voire culturelle
    Tout ceci contre le peuple, par lequel ils ont été élus et dont, en principe, ils sont leurs représentants.
    Au fil du temps, les uns comme les autres l’ont oublié mais maintenant que les crises économique, sociale, culturelle et morale sont là, bien installées encore pour de longues années, le peuple se rappelle à leur bon souvenir.
    Le peuple a souvent du bon sens, l’on ne peut le tromper éternellement. La Monarchie de droit divin l’a appris à ses dépents, voici deux siècles.
    Alors, qu’en sera-t’il dans les mois et les années qui viennent?
    Seul, peut-être Dominique de Villepin pourra échapper à cette colère du peuple de part de sa volonté de rassembler les Français au delà de ses différences pour le hisser vers le haut,vers une soif d’idéal d’un avenir commun.
    Cordialement
    ChristineH

    J’aime

  2. Avatar de MYB
    MYB

    Coup de gueule…exutoire!
    Elu dans une ville de droite de l’agglomération Grenobloise je ne peux que me réjouir d’un tel article! La course aux mandats est devenue le leitmotiv principal, la raison primordiale en est l’argent! Cette « professionnalisation » malsaine inscrit durablement l’action politique dans les eaux troubles de l’opportunisme politico-financier. L’image donnait par nos dirigeants nationnaux ne fait que renforcer cet état de fait. Quid de la compétence, quid du travail remarquable fait par de nombreux élus « anonymes » pour qui les intérets collectifs l’emportent trés largement sur les seuls intérets particuliers…Je suis dubitatif, inquiet et triste de la tournure des choses. Mon inqiétude est réelle lorsque dans un parti politique le militantisme s’étiole, se battre pour des idées, pour nos valeurs est devenu « ringard », faire des cartes pour battre son adversaire à l’interieur de son parti est l’acte majeur récompensé du militant d’aujourd’hui!Ceci aura certainement une fin, lorsque nous aurons trouvé la personne charismatique susceptible de taper le poing sur la table et ayant la volonté réelle de rassembler. Nous avons déjà perdu des années et des années, c’est bien dommage!

    J’aime

Répondre à ChristineH Annuler la réponse.