Denis Bonzy

Législative partielle Sud Isère : avis de recherche : où est le PS ?

Aux observateurs attentifs de la vie publique, je recommande l'examen technique de l'actuelle législative partielle dans le Sud Isère pour la succession de Didier Migaud. Elle se déroule pour l'instant avec une couverture médiatique modérée et c'est dommage car ses résultats seront d'un enseignement digne de qualité.

A légèrement plus d'une semaine du vote, cinq constats techniques s'imposent :

1) Le constat de base : à ce jour, une seule campagne vit : celle du ticket Marchiol – Pellat-Finet. Ils ont distribué deux documents couleurs de qualité soit près de 20 pages au total là où les autres candidats n'ont rien distribué ou des documents de "seconde catégorie".


Le FN a distribué un document sur papier jaune qui est la reprise de thèmes nationaux sans la moindre référence locale. Sa candidate, qui est sur le plan personnel une dame de grande qualité, mentionne sa fonction de "Conseillère Municipale de Grenoble" ; ce qui lui donne un côté de "parachutée" alors qu'au titre de responsabilités associatives elle a conduit des actions locales qui sont de réelles réussites.

2) Cette campagne "leader" respose sur deux socles : le pari de la dépolitisation et l'efficacité des élus locaux. Les documents ne font référence à aucun parti politique : pas la moindre signature d'une seule formation politique. S'il n'y a pas la moindre étiquette politique, il n'y a pas davantage de citoyens "anonymes". Les documents mettent en scène systématiquement une sorte de "club des élus locaux" qui appelle au soutien des citoyens.

Cette logique stratégique montre un double choix :

– l'assurance que les électeurs UMP iront voter sans le moindre message visuel. Cette étape "assurée", la "dépolitisation" permettrait d'aller "au-delà". Techniquement, il y a là un premier choix qui va mériter l'attention : et si faute de message clair visuel, les électeurs UMP ne se mobilisaient pas ?

– la logique qu'une législative serait une "sénatoriale bis" : les élus locaux seraient les "guides de l'opinion". Là est la seconde interrogation : et si les citoyens voulaient sanctionner "l'élite politique locale" donc "le candidat des élus locaux" et non pas le "candidat des citoyens" ?

3) Pourquoi la gauche est absente à ce point ? Probablement parce qu'elle considère que, dans l'ambiance nationale actuelle, le "vote de gauche" s'impose comme "sanction de la politique nationale". Mais aussi, parce que, pour la première fois, les divisions internes ont pris le dessus. Le départ de Didier Migaud a levé le couvercle des ambitions personnelles. Les déçus ne se cachent plus. Ils présentent l'addition à MN Battitistel, perçue comme "fragile" et surtout sans moyen de représailles.

Là réside une nouvelle interrogation majeure mais du côté de la gauche : est-ce une division ponctuelle donc éphémère ou est-ce le "faire part de naissance" de divisions profondes donc durables ? Pour avoir recueilli certains commentaires d'élus locaux de gauche lors de contacts dans le Canton de Vif, à ce jour, je miserai davantage sur le durable.

4) Qui va sortir voter ? L'opinion est au carrefour d'un jeu de rôles stupéfiant. En 2007, MN Battistel était la chef de PME sans étiquette qui était la "caution d'ouverture" du député sortant affichant ainsi sa modération et sa "tolérance" grâce à un choix de ce type. La "sans étiquette d'hier" est la candidate … PS d'aujourd'hui alors que le candidat UMP de mars 2010 (régionales) est le candidat "sans étiquette" en … juin 2010 !

Comment l'opinion réagira-t-elle ? A-t-elle tourné les pages tellement vite qu'elle a oublié les "ancrages" d'hier, c'est très possible ? S'en rappellera-t-elle et si oui qu'en pensera-t-elle : manoeuvres politiciennes ? De la part de qui ? …

5) La droite montre qu'elle sait "refaire" des campagnes techniquement de qualité. Il est possible de douter de l'axe stratégique de la campagne de F. Marchiol mais techniquement la campagne est belle, solide, professionnelle. Elle est ainsi notamment parce qu'elle repose sur l'unicité de candidature. La campagne se déploie donc dans le calme, sans concurrence qui puisse troubler les messages, sans parasitisme. L'équipe départementale de l'UMP montre ainsi la reconnaissance de "comportements prédateurs" qui naissent des divisions internes qu'elle a su "inspirer", accompagner ou directement assumer dans d'autres circonstances.

A ce sujet, c'est une page nouvelle qui est acquise. Cette équipe ne pourra plus sous-afficher la "volonté de nuire" qui l'anime quand elle "tolère" des divisions. Pour capitaliser tous les bienfaits de l'unité, elle devra désormais rendre compte des méfaits de la division quand elle existe.

Pour toutes ces raisons, le score du 30 mai méritera un intérêt majeur car il comportera des enseignements de première importance dont celui sur la qualité de mobilisation des camps en présence dans ce contexte. Cette mobilisation récompensera ou sanctionnera un ou plusieurs des choix préalablement exposés et apportera ainsi les réponses aux questions techniques.

Commentaires

3 réponses à « Législative partielle Sud Isère : avis de recherche : où est le PS ? »

  1. Avatar de julien
    julien

    Monsieur,
    lecteur assidu de votre blog, et des articles élogieux sur la campagne de F.Marchiol, je ne parviens pas à comprendre ce que vous signifiez dans les « comportements prédateurs » et la « volonté de nuire ».
    Pourriez vous préciser votre pensée, notamment dans les personnes que vous visez, ainsi que les épisodes de la vie politique interne de l’UMP auxquels vous faites références?
    Merci

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  2. Avatar de Jérémy
    Jérémy

    En tout cas le site de Mme Battistel n’est pas mis à jour régulièrement. En témoigne un commentaire pas très en faveur de la candidate qui y est présent depuis presque deux jours…
    http://www.battistel-2010.fr/article-face-aux-faux-semblant-et-aux-dissimulateurs-faire-le-choix-de-la-clarte-et-des-convictions-50583326-comments.html#anchorComment

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  3. Avatar de julien
    julien

    Pour le commentaire acerbe sur le blog de MN Battistel, merci qui ? Merci Julien.
    Et un grand merci à Denis Bonzy pour son article en réponse à mon précédent commentaire.

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