La semaine dernière, un sondage commandité par Canal + était étonnant : 75 % des français considéraient que la France pouvait connaitre une évolution comme celle de la Grèce.
Ce sentiment appelle 5 commentaires.
1) L'opinion a désormais conscience que la question des déficits publics n'est plus contournable. Ces déficits sont nés d'une modernisation repoussée et non pas de charges d'investissements. Ils traduisent donc un refus de modernisation qu'il faut regarder en face de la part de collectivités publiques au train de vie trop élevé.
2) La situation grecque a été révélée du jour au lendemain quand les "facilités comptables" ont été dévoilées. Là aussi, l'opinion a conscience que la présentation comptable donne probablement des "marges de manoeuvre" qui embellissent la réalité.
3) L'opinion vient de constater que la "souveraineté" des Etats pèse peu face aux marchés financiers. Il suffit qu'une notation évolue, qu'elle angoisse les marchés financiers et le coût de la dette publique s'emballe, devient excessif et faire sauter la bulle.
4) La cure d'austérité est perçue comme probable. La seule question c'est quand et jusqu'où ? Cette nouvelle réalité collective emporte de nombreuses conséquences pratiques. Tout d'abord, elle plombe les projets trop généreux. Ensuite, elle résume le discrédit généralisé qui affecte les responsables politiques. Qui sera le premier a annoncer les "véritables nouvelles" ? Enfin, elle va ouvrir une quête nouvelle à la responsabilité. Qui savait ? Depuis quand ? Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour "corriger le tir" ?
5) Les quatre premiers facteurs montrent, si besoin était, que la Grèce n'est pas un "dossier étranger". Mais il est un volet qui rapproche encore davantage. La France prête à la Grèce. Et si la Grèce ne pouvait pas mettre en oeuvre durablement sa cure d'austérité à l'exemple de l'Argentine ? Qui peut aujourd'hui être sûr que la Grèce remboursera capital + intérêts ? Comment réagiraient alors des professions françaises face aux économies de l'Etat et aux aides à perte à la Grèce ?
Les déficits publics viennent de s'inviter au centre de la politique française et durablement.
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