Le vote d'hier apporte des enseignements majeurs. Il importe de respecter la vérité des chiffres puis chercher à en tirer certaines conséquences pratiques.
La vérité des chiffres
1) Dans le Département de l'Isère, le score de l'UMP est-il à la moyenne régionale ?
Non. Le score de l'UMP 38 est inférieur à la moyenne nationale mais aussi inférieur à la moyenne régionale.
Sur le plan national, l'UMP fait 27 %. Sur le plan régional, l'UMP fait 26 %. Sur le plan départemental, l'UMP fait 22, 5 %. C'est donc une décote locale très importante.
2) L'UMP Grenoble échappe-t-elle à la morosité départementale ?
Non. Si la décote départementale est forte (près de 4 points), la décote sur Grenoble est encore plus forte. En effet, sur Grenoble, l'UMP ne franchit pas la barre des 20 % en stagnant à 19, 3 %.
3) Des leaders locaux UMP ont-ils fait preuve d'un coefficient personnel majorant le score départemental ?
Oui et non.
Oui pour Jacques Remiller et Thierry Kovacs qui , sur Vienne, ont porté le score de l'UMP à 28, 84 % soit un bonus de 6 points par rapport à la moyenne départementale.
Oui pour JC Peyrin et MC Tardy qui ont donné un bonus de 11 points sur le canton de Meylan. De même pour Jean Faure et la Maire de Villard qui ont donné un bonus de 6 points sur Villard de Lans.
Oui pour Fabrice Marchiol qui a donné un bonus de 6 points à l'UMP sur le Canton de La Mure.
Non pour Michel Savin où dans sa circonscription, l'UMP arrive même en 3ème position battue par le PS et par les Verts. Sur le Canton de Domène, l'UMP fait même 3 points de moins que la moyenne départementale.
4) Sur le Canton de Vif, l'engagement public notoire des Maires sarkozystes de Vif, Varces et Claix a-t-il donné un bonus ?
Non. Sur le plan cantonal, l'UMP est faiblement en-dessous de la moyenne départementale.
Des commentaires
1) C'est une défaite sans précédent pour l'UMP. Il importe de préciser que la liste dite UMP est l'ajout de nombreuses sensibilités : UMP + Nouveau Centre + Parti radical + Chasse Pêche Nature et Traditions + Mouvement pour la France + Nouvelle gauche. Reconnaître à chacune de ces sensibilités une représentation même mineure de 2 % en moyenne place l'UMP 38 en-dessous des 15 % comme composante seule.
2) Ce score très faible est traducteur d'une réelle crise interne. La campagne a été inexistante. Elle a donc offert des espaces aux Verts et au Front National. Les programmes n'ont pas été distribués. Les réunions publiques ont été peu nombreuses. Aucun geste d'union n'a été effectué. C'est une fédération départementale qui doit affronter désormais les conséquences de ses attitudes. Il est d'ailleurs notoire qu'aucun communiqué départemental n'a été publié hier soir ; ce qui est unique dans les annales.
3) Comment expliquer cette situation ? La fédération départementale s'est spécialisée dans les divisions là où elle aurait dû travailler pour le rassemblement. Les divisions, l'arrogance, les polémiques permanentes laissent des traces profondes, démobilisent et parfois même suscitent des votes de rejets.
Bien plus gravement encore, cette situation montre que :
– le vote interne sur la base de listes composées pour la circonstance n'est pas une bonne méthode. Les primaires internes aux partis sont des enjeux de composition d'un corps électoral pas assez représentatif. Cette réalité conduit ensuite à des divorces avec la totalité du corps électoral.
– Mais aussi, dans plusieurs localités, des élus avaient installé leur légitimité sur un apolitisme déclaré. Leur engagement UMP dans un cadre militant et de surcroît militant diviseur suscite des rejets forts. C'est le cas sur Domène, Vif, Varces, Claix. A Chateau-Bernard, Commune de la Secrétaire Départementale de l'UMP, la liste UMP est battue par le PS et par les Verts.
Dans le canton de Vif, lors de la dernière élection locale comparable (cantonales 2008), les candidats DVD + majorité présidentielle faisaient 41 % là où la liste UMP fait désormais 21, 5 % soit près de la moitié moins que le score de la cantonale de 2008. La confiance électorale a été divisée par 2 en … deux ans.
C'est donc une crise politique majeure que la "majorité présidentielle" doit aborder de face car rarement ce label de "majorité présidentielle" est apparu aussi déconnecté de la réalité électorale actualisée.
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