Depuis mardi, une séquence-temps très intéressante est ouverte. Elle est très riche d'enseignements sur l'état des forces politiques dans l'agglomération grenobloise. Cette appréciation doit être effectuée sans le moindre engagement partisan. C'est le cas également d'un commentaire mis en ligne ci-dessous.
1) Le départ de Didier Migaud change totalement la donne.
Depuis 1995, le PS a installé son leadership grâce au talent de trois personnalités : Destot, Migaud, Vallini. Michel Destot est celui qui a rendu possible l'aventure collective car sans Grenoble l'alternance politique globale était impossible. Mais ensuite, ils ont eu tous les trois l'intelligence politique de bâtir un équilibre fondé sur le pluralisme : trois sensibilités différentes, trois tempéraments différents, trois géographies différentes. Ils avaient connu la situation d'opposition au début des années 80 et ils ont eu la lucidité de tirer des enseignements politiques pour gagner et pour s'inscrire dans la durée au pouvoir. Les victoires du PS ne sont pas liées à la force du PS mais à la qualité de ces trois personnalités. Avec le départ de Didier Migaud, en trois jours, naissent des confrontations de carrières, d'ambitions, des dénonciations …qui n'avaient jamais vu le jour en 15 ans. A ce rythme, dans un an, avec la compétition des primaires pour la présidentielle, le PS sera méconnaissable dans l'agglomération grenobloise.
2) Chaque jour qui passe en changeant la donne naturelle ajoute à la confusion. La donne naturelle, c'est la confirmation rapide de transitions immédiates. La suppléante devient la candidate naturelle dans la 4ème. Geneviève Fioraso, 1ère Vice-présidente, devient Présidente de la Métro. Yann Casavecchia, candidat UMP en 2007, repart en campagne sauf décision contraire de sa part. Voilà l'ordre logique.
3) Si cet ordre n'est pas respecté, c'est que des forces contraires sont nées. Ce sont ces forces là qui mériteront l'attention. Mme Battistel peut décliner la reprise du flambeau. Elle peut aussi être contestée. Par qui et pourquoi ? Là aussi, la logique voudrait que Mme Battistel conduise le ticket et probablement prenne Christophe Ferrari comme suppléant au titre d'un équilibre rural / urbain. Ce dernier accepterait-il ? Le PCF est-il prêt à lui pardonner aussi rapidement la conquête de Pont de Claix ?
4) A la Métro, Geneviève Fioraso, Députée, a toutes les qualités et les compétences pour diriger cette Institution. Si elle devait être récusée, serait-ce le fruit de la première rebellion contre le poids de Grenoble ? Et si oui, au profit de quelle autre approche ?
5) Pour la majorité présidentielle, son candidat en 2007 (Yann Casavecchia) devrait être le candidat naturel en 2010. Il peut décliner cette perspective mais ce n'est pas le cas semble-t-il. Pourquoi l'UMP chercherait un autre candidat et sur la base de quels critères ? Là aussi, ce choix est riche d'enseignements.
Tout d'abord, c'est un enseignement sur le calendrier. Le parti challenger doit normalement se mettre vite en campagne. Pour l'instant, il rate ce premier rendez-vous.
Ensuite, Michel Savin doit montrer qu'il est capable de mettre l'UMP en dynamique de victoire. Il a fait les preuves de ses compétences pour éliminer des concurrents internes. N'est-il pas allé lors des cantonales jusqu'à appeler à voter contre un candidat de sa propre formation politique, un candidat pourtant démocratiquement désigné par les militants de la formation politique à laquelle appartient Michel Savin ? Maintenant, il lui faut montrer qu'il sait gagner collectivement. Cette preuve est toujours attendue.
Pour gagner, il faut ajouter. Pour le moment, l'opposition retranche et la situation grenobloise est caricaturale d'une opposition municipale qui se fâche avec tout le monde.
Elle se fâche d'abord avec elle-même en implosant en plusieurs groupes.
Elle se fâche avec Carignon qui est arrivé en tête sur Grenoble lors des législatives 2007.
Elle se fâche avec Cazenave qui méritait d'être aux tous premiers rangs des régionales avec son expérience, avec sa connaissance des dossiers et avec un charisme personnel qui tranche avec beaucoup d'actuels candidats.
Et en plus, elle se fâche avec le Modem lors de la dernière séance du Conseil Municipal en dressant un procès à Philippe de Longevialle pour une erreur aussitôt reconnue par ses soins et dont on sait qu'elle ne correspond pas aux qualités habituelles de ce responsable public que nous connaissons de longue date.
S'interrogent-ils un seul moment sur les conséquences de tous ces moins au moment même où il faudrait ajouter pour gagner ?
Cherchent-ils à identifier à quel seuil de plancher on peut arriver avec de telles fâcheries généralisées ?
Les "années Carignon" ont montré que la victoire suppose d'ajouter. Pour ajouter, il faut avoir l'humilité d'accepter de regarder des faits.
Il faut aussi accepter la diversité des talents. Cette humilité fait actuellement défaut à Michel Savin et à sa garde rapprochée. Ils sont enfermés dans des règlements de comptes dépassés, repliés sur des considérations trop frileuses. La composition de la liste des régionales le montre. Cette liste aurait dû accueillir notamment Richard Cazenave, Julien Polat, Henri Baile … autant de tempéraments qui se complètent et qui ont vocation à travailler ensemble. Si hier des succès ont eu lieu c'est d'abord parce que ce travail en commun est intervenu. D'abord du travail ! Puis du travail en commun. Les arbitrages de cette législative partielle vont passer des messages forts sur les valeurs qui rythment aujourd'hui la vie des forces politiques locales.
C'est bien une période charnière qui est ouverte.
Le test de la 4ème circonscription par Christian Bec
Le choix de Nicolas Sarkozy de nommer le député socialiste Didier Migaud comme premier président de la Cour des comptes est un acte hautement politique, mais également une reconnaissance des qualités professionnelles et humaines de l’intéressé.
A la veille de négociations stratégiques et explosives visant notamment le deuxième volet de la réforme des retraites et la maitrise de la dette publique, les positions de Didier Migaud seront sans aucun doute observées à droite comme à gauche.
Pour la gauche, il ne doit pas apparaître comme un expert facilitant la mise en œuvre de la politique du gouvernement. Il doit parallèlement éviter tout commentaire qui pourrait ressembler à une prise de position partisane. Il devra déployer tout son talent pour faire preuve d’objectivité, de neutralité et d’impartialité. Sa nomination à la Cour des comptes a été accueillie par un concert de louanges à gauche, mais a provoqué quelques grincements de dents à droite.
Pour ma part, je ne soupçonne pas Nicolas Sarkozy d’avoir voulu faire un coup politique. Je pense que le Président de la République poursuit sa logique d’ouverture reposant sur l’utilisation des compétences et la complémentarité des profils.
Sur un plan local, suite à la nomination de Didier Migaud, l’équipe dirigeante de l’UMP 38 va devoir désigner tout prochainement un candidat dans le cadre des élections législatives partielles de la 4ème circonscription de l’Isère.
La fédération doit proposer un candidat à la Commission nationale d’investitures qui validera cette proposition. J’espère que cette nouvelle étape permettra enfin de mettre un terme aux querelles internes et que le candidat retenu le sera par rapport à ses compétences, sa connaissance du terrain, son sens politique, sa capacité à rassembler et à convaincre.
Pour ce faire, l’UMP 38 doit proposer une concertation transparente et constructive avec les adhérents de la circonscription concernée. Le rassemblement est la condition incontournable de la reconquête et de la victoire.
Dans la division, nous ne gagnerons jamais une élection. La nomination de Didier Migaud va sans aucun doute susciter des ambitions et des négociations au sein de son propre camp. L’opposition iséroise doit saisir cette opportunité pour tenter une alternance utile dans la 4ème circonscription de l’Isère.
La victoire est loin d’être acquise mais la situation peu devenir favorable. La difficulté ne doit pas être un prétexte pour ne pas tenter l’impossible et provoquer la chance. Pendant longtemps, il a été admis qu’une élection se gagne au centre. Le challenge, pour notre famille politique, repose sur la mobilisation des électeurs indécis, ceux qui peuvent basculer d’un coté ou de l’autre. Les électeurs qui ne se reconnaissent ni dans un camp ni dans l’autre sont de plus en plus nombreux. Le candidat devra préalablement rassembler son camp pour éviter la réaction de certains indécis qui hésitent entre voter pour leur propre camp et ne pas voter du tout.
L’objectif est de séduire et convaincre les électeurs du centre et de mobiliser les troupes de l’UMP. Le candidat retenu devra faire une campagne de terrain efficace en multipliant les rencontres et en utilisant l’ensemble des moyens de communication existants. Les électeurs sont de plus en plus sensibles à une conception plus moderne de faire de la politique. Rassembler son camp et gagner les indécis/ indépendants, c’est la gageure pour tout candidat : ce n’est pas simple. Mais après tout, le candidat d’en face a la même difficulté ! Il est tant de mettre un terme aux faux débats, aux querelles de personnes sans quoi nous laisserons encore passer notre chance. Les résultats des élections régionales et de la législative partielle de la 4ème circonscription auront valeur de teste sur l’état de santé de l’UMP 38 et sur sa capacité à reconquérir Grenoble, le département et la région.
Christian Bec
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