Denis Bonzy

Bagnolet : le débat impossible

L'été 2009 bat-il des records d'insécurité ? Dans les discussions au quotidien, chacun donne des exemples de vols, de délinquances diverses dont le bruit qui devient une pollution importante. Mais il n'y a pas de chiffres sérieux disponibles permettant de construire une comparaison solide dans le temps.

En réalité, le débat sur l'insécurité est progressivement devenu impossible en France pour trois raisons majeures.

Tout d'abord, l'UMP occupe de façon excessive ce volet abandonné par le PS. La majorité présidentielle peut avoir un bilan mauvais en ce domaine, chacun est persuadé que "c'est déjà pas mal" tant cette situation serait pire avec l'autre formation dite de gouvernement. Il n'y a pas de compétition positive car le PS a acté sa disqualification en la matière et ce dans des conditions surprenantes.

Ensuite, le bon sens semble avoir quitté ce sujet à l'exemple du dossier récent de Bagnolet. Quand la police poursuit un présumé délinquant, c'est pour le … rattraper. Certes des règles sont à respecter dans ce cadre mais l'accident par excès de vitesse du délinquant ne peut devenir systématiquement une "bavure policière" qui autoriserait tous les excès de "vengeance". De telles situations montrent que, même sous l'actuel régime, il existe toujours des zones de non droit qui n'ont pas été reconquises dans des conditions très inquiétantes.

Enfin, la victimisation immédiate d'une partie de la société est désormais tolérée dans des conditions qui rendent impossible tout débat sérieux. La "chaîne d'autorité" est entièrement cassée dans de nombreux territoires en France par le fait de la démission des parents, d'enseignants. La réforme du service national n'a rien arrangé. Il y a aujourd'hui un "vide d'autorité" qui fait que des jeunes gens de plus de 20 ans n'ont jamais rencontré des limites à respecter. Dans cette "culture", le choc avec la "première autorité" devient encore plus violent. 

Il serait temps de bâtir un consensus pour remettre à niveau des règles indispensables dans toute vie en communauté. 

Commentaires

5 réponses à « Bagnolet : le débat impossible »

  1. Avatar de Jorice SAMUEL
    Jorice SAMUEL

    Il suffit de parcourir les journaux en diagonale pour s’apercevoir de faits divers qui malgré tout inquiètent : incendie criminel à Grenoble il y a quelques semaines, employé municipal poignardé hier toujours à Grenoble…. Ces quelques exemples locaux prouvent une fois de plus que le bilan des socialistes en matière de sécurité est lamentable.
    Certes, au niveau national les citoyens font globalement plus confiance en l’UMP pour résoudre ces problèmes, et l’histoire nous a prouvé que cette confiance n’était pas sans fondement. Ceci étant, il semble que ces dernières années, le gouvernement Fillon patauge un peu sur cette thématique : Brice Hortefeux l’a même plus ou moins avoué : les chiffres des vols commis avec violence ne sont pas bons. Il en découle alors un sentiment de résignation : si l’UMP dont c’est un des chevaux de bataille ne parvient pas à l’enrayer, il faudra bien vivre avec. C’est tout de même terrible !
    Au lieu de s’attarder sur les causes de la délinquance et de chercher des excuses aux délinquants, voire de pardonner, il serait grand temps de passer à l’action. Action qui ne veut pas forcément dire répression systématique. Mais il faut en finir avec cette délinquance qui s’auto entretient, ces zones de non droit, ce manque de respect envers nos valeurs essentielles. Cela passe certainement par l’éducation mais à qui revient la charge de le faire ? Dans un temps que je n’ai pas connu, trois personnes incarnaient l’autorité : le couple parental, l’instituteur et le prêtre. Force est de constater que l’éducation religieuse n’est plus de mise, que l’instituteur se place plus en transmetteur de savoir que de valeurs et que les parents ne parviennent plus à incarner seuls la bonne parole. Il y a donc probablement un projet global d’éducation à reconstruire faisant la part belle aux actions collectives (sport…) et altruistes (participation à des œuvres caritatives…) et qui s’inscrirait dans un projet de ville plus global (mettant fin à la ghettoïsation…).
    Je ne sais pas si cela pourrait faire avancer le schmilblick mais force est de constater que les demi-actions entreprises aujourd’hui ne portent pas leurs fruits. Cela mérite une grande réflexion impliquant tous les acteurs concernés. Qui la portera ?

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  2. Avatar de Fred
    Fred

    Denis,
    Tout à fait d’accord avec votre commentaire.
    Mais par quel biais (politique, ‘sociétal’ ou autre) attaquer cette remise à niveau?
    Le défi est immense pour notre République.

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  3. Avatar de l'oisans
    l’oisans

    merci pour une telle analyse LUCIDE du laxisme qui s’est installé en France depuis longtemps, mais attention à la masse silencieuse qui à cru au ratissage large de « SARKO » dans les rangs des francais réfugiés au F.N. ce qui n’est pas une tare, et qui en ont assez de ces exactions répetées et quasi normales, non sanctionnées qui aboutissent à ce que le Maire de Marseille insulte un militaire pour un incendie INVOLONTAIRE bien que grave et laisse bruler 500 voitures dans sa ville le jour du 14 juillet sans recherches de responsables et sans sanctions.
    Ou vat’on????????????????????

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  4. Avatar de anatole
    anatole

    Cher Monsieur,
    Aller encore mettre sur le dos des socialistes grenoblois les faits graves s’étant déroulé à Grenoble ces derniers temps est véritablement ridicule…
    Les problèmes, on doit les prendre de face et oser dire que les gouvernements de gauche comme de droite ont échoué lamentablement sur ce sujet.Allons nous nous avouer que la situation ne cesse d’empirer.
    Commencons à mon sens par redonner des moyens importants à l’école, sacralisons là à nouveau… Arrêtons de mettre des profs en banlieue qui débutent et qui partent dès les points acquis. Payons mieux les enseignants de nos banlieues et payons les bien !!! N’ayons pas peur de mettre les familles face à leurs responsabilités, encourageons les associations sportives ou autres dans leurs démarches quotidiennes en passant avec elles des contrats d’objectifs précis et rééls : Stop aux subventions données sans contre partie.
    Et l’éducation populaire dans tout ca ? On a certainement oublié que faire partir des gamins en vacances l’été, c’est aussi important pour leur apprentissage, à condition de ne pas les faire partir au Cap d’Agde mais peut être dans des endroits ou ils trouveront des valeurs plus saines et fondatrices.
    Ce problème n’est pas que le problème des politiques mais le problème de chaque citoyen.
    La France du curé et du béret, elle est terminée, tant pis pour les nostalgiques d’un certain modèle républicain qui fut valable mais qui ne l’est plus aujourd’hui. Il faut désormais construire cette France et prendre en compte notre société dans toute sa diversité.
    Le problème est sacrément compliqué… Il faudra beaucoup d’argent, beaucoup de courage et un projet social bien défini pour sortir de cette situation.

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  5. Avatar de Jorice SAMUEL
    Jorice SAMUEL

    @ anatole, dont la force du propos est renforcée par un courageux anonymat….
    Je constate que bien que vous trouviez mon propos « ridicule », nous partageons un certain nombre de constats sauf que:
    – je ne pense pas que payer des vacances aux délinquants soit une méthode préventive efficace ;
    – je ne crois pas que tout soit une question de moyens financiers : les milliards injectés dans le banlieues depuis des années prouvent le contraire ;
    – je ne peux pas admettre qu’un parti politique qui contrôle la mairie chef lieu de département, la communauté d’agglomération et le conseil général soit totalement étranger aux problèmes d’insécurité sur le territoire dans lequel il règne en maitre absolu sans opposition ; je ne prétend pas, vu mon jeune âge, me poser en donneur de leçons, mais je crois que quand on maitrise tous les leviers possibles, on peut agir et on a une part de responsabilité. Si cela n’est pas le cas, je me demande alors à quoi sert l’engagement public en politique.
    Hormis ces quelques points de désaccord, je vous rejoints sur le fait que l’école doive être sacralisée, avec une certaine autorité. Je pense également qu’il faut cesser de subventionner des associations dans le seul but de garantir une paix sociale éphémère mais qu’il faut au contraire aider celles qui sont le mieux structurées. Enfin, effectivement il s’agit aussi d’un problème de citoyenneté, mais celle-ci s’apprenait notamment à l’école et durant le service militaire. Il faut donc bâtir un projet global de société qui remette à plat notamment notre système éducatif.
    PS: voyez qu’il est possible de dialoguer SANS couvert d’anonymat et en respectant la libre opinion de chacun, sans la traiter de « ridicule ». Ne sont-ce pas cela que le respect et l’ouverture d’esprit?

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