Denis Bonzy

Étiquette : Nicolas Sarkozy

  • Présidentielle 2012 : importants mouvements d’opinion ces dernières heures : vers l’élection la plus serrée de la Vème République …

    En préalable, il importe de rappeler que, étape de plus dans une campagne dominée par des manipulations permanentes dignes des régimes d'obscurantisme, les dernières prévisions d'intentions de votes sont formulées actuellement sans la précision de la marge technique d'erreur.

    Dès que le score entre dans la zone des "52 / 48", c'est le règne du 50 / 50 compte tenu du facteur technique des 2 à 3 points incontournables d'erreur : une précision qui a d'ailleurs en principe valeur obligatoire sur la notice technique qui doit accompagner toute publication de sondage.

    Dans les dernières heures, quatre phénomènes prennent corps au sein d'enquêtes menées à partir de groupes qualitatifs :

    (suite…)

  • Copenhague ou les limites de la « communication armageddon »

    Sur le plan étymologique, le terme "armageddon" est employé pour qualifier une catastrophe planétaire, l'apocalypse.

    C'est la technique mise en oeuvre depuis l'été 2008 pour réhabiliter la politique présidentielle française.

    La Georgie fut le premier épisode. L'ex-bloc de l'Est était alors supposé sombrer dans la guerre. Puis ce fut la catastrophe bancaire où les épargnants étaient supposés perdre le fruit d'une vie de labeur. Puis ce fut l'Iran au printemps 2009 avec la perspective de la troisième guerre mondiale pour mettre un terme au nucléaire iranien. Puis, ce fut la grippe H1N1 et on imaginait les salles d'hôpitaux prises d'assaut pour l'équivalent de la "grippe espagnole" d'antan. Puis ce fut Copenhague et le sauvetage de la planète face au réchauffement climatique. Et demain …?

    Cette logique trouve progressivement ses limites ne serait-ce que par la répétition des catastrophes éventuelles.

    La limite nait surtout du fait que pour l'opinion la catastrophe n'est plus pour demain et ailleurs mais qu'elle intervient ici et tout de suite : le chômage, le pouvoir d'achat, la précarité, le logement … autant de dossiers de la vie quotidienne sans la moindre amélioration.

    Ce décrochage fait apparaître tout le reste comme manipulation.

    En réalité, ce système de communication est victime de trois facteurs.

    1) La diminution de l'indépendance d'esprit. La soif de grandeur notamment matérielle a emporté l'autonomie d'analyse pour laisser place à une logique de répétition.

    Les professionnels du commentaire sont de moins en moins nombreux. Ils occupent tous les fronts : hebdomadaires, radios, TV.

    L'essentiel du commentaire tourne actuellement sur moins de 20 noms pour un pays tous médias confondus. Ils s'auto-confinent à un jeu de rôles au contenu bien ajusté.

    Second phénomène, la place croissante admise pour l'irréflexion. Tout n'est que répétition et parfois dans des conditions d'une pauvreté affligeante tant la préoccupation n'est pas de délivrer un message mais de relayer la parole officielle.

    Quelques exemples récents :
    " le grand emprunt vise à effectuer des investissements pour l'avenir et ce volet d'avenir le justifie donc ". A-t-on déjà vu un emprunt lancé pour financer des investissements du passé ?
    " on est sorti de la crise mais la reprise est laborieuse ". Qu'est une "reprise" si elle ne se différencie pas significativement de la crise ?

    La quasi-totalité du discours gouvernemental repose sur des affirmations vides que le moindre "innocent indépendant" dénoncerait avec facilité.

    Le troisième phénomène est celui la généralisation de la "vie d'illusion".
    La politique est vécue comme un festin de mots relevé d'un doigt de formules. Mais la réalité est absente de ce festin.

    La réalité est celle d'un pays qui ne bouge pas, qui ne se réforme pas, qui ne progresse pas. Les chutes de la première neige bloquent les routes nationales dans les mêmes conditions chaque année. Les priorités se succèdent à un rythme effréné comme si la suivante était supposée remplacer la précédente non réglée dans les faits.

    Le décrochage est intervenu entre l'opinion et les acteurs de ce système de communication. Le danger naîtra lorsque la colère succédera à la déception qui, elle, existe déjà.

    L'interrogation porte désormais sur le calendrier.

    C'est peut-être là le véritable "phénomène armageddon" ?

  • vers une nouvelle exception Française ?

    La période actuelle voit progressivement la naissance d’une nouvelle exception Française : une comédie permanente sans prise sur les réalités.


    Prenons quatre exemples récents.


    Le 17 décembre, le patron d’un grand groupe industriel est reçu sur plateau TV à une heure de grande écoute. De quoi est-il question ? De la crise économique ? De la reprise ? Des mutations de l’édition ? Aucun de ces sujets « accessoires » n’a trouvé grâce aux yeux des journalistes comme du patron en question. Dans un rire permanent de grande complicité, des questions portent sur des couvertures de magazines et le point de savoir si l’intéressé a couché avec un joueur de tennis (voir vidéo ci-dessous).


    Second exemple : la décision de l’AMF dans le dossier EADS. Que traduit-elle ? La France dispose d’analystes financiers hors pair qui décident de vendre tous en même temps des actions d’un groupe sans savoir qu’il s’apprête à traverser des moments difficiles qui vont faire chuter le cours. Avec des financiers d’un tel talent, comment comprendre que le pays puisse être confronté à une crise de quelque nature que ce soit ?


    Troisième exemple : Julien Dray. Pendant des mois, il fut question d’une affaire qui mêlait des comptes qui auraient dû être étrangers et imperméables. Les sommes en question sont très élevées. L’objet des dépenses concerne des frais purement privés et futiles : des montres de collection. A quelques jours de Noël, sans élément nouveau, le dossier est dénoué par un rappel à la loi, procédure originale qui s’apparente à une petite fessée publique.


    Quatrième exemple : Copenhague. Pendant des mois, une campagne publicitaire a proclamé « il n’y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à le faire ». Quels « petits gestes » ont été invités à faire les Français pour donner l’exemple pendant le sommet de Copenhague ? Aucun puisque Copenhague c’est l’enjeu que la France porte en dehors de son territoire où là l’enjeu est … l’identité nationale.


    Il est rare de trouver de tels décrochages entre la réalité et la version officielle. C’est le politique show permanent qui évite de s’attaquer aux problèmes de fond. Pendant encore combien de temps cette nouvelle exception française peut-elle durer ?


  • Nicolas Sarkozy et Fatima avec sa burqa

    Fin septembre 2009, nous avons publié un guide sur 20 techniques de manipulations. Cette publication retrace 20 méthodes extraites d'expériences déjà mises en oeuvre notamment aux Etats-Unis et qui ont fonctionné avec succès : les 20 techniques de manipulation . Ce fut l'exemple de Joe le plombier dans les dernières semaines de la présidentielle 2008. Il interpelle Barack Obama sur un projet de taxe qui serait mis en oeuvre en cas d'élection de Barack Obama et annonce au candidat démocrate qu'il ne pourra pas voter pour lui parce que cette taxe compromettrait sa "petite entreprise". McCain vit un débat public entier sur l'exemple de "Joe le plombier". Quelques jours plus tard, après enquête, il devait s'avérer que Joe n'était pas plombier, encore moins responsable d'une TPE menacée par une taxe éventuelle mais … militant républicain et qu'il avait servi avec loyauté et efficacité un scenario imaginé par l'équipe de McCain.

    Nous n'avons jamais pensé que cette publication s'appliquerait aussi rapidement à la vie politique Française.

    Or, la France vit actuellement le même "cinéma" avec la burqa de Fatima. Sarkozy vient à la Chapelle en Vercors et il fait de "la burqa de Fatima" la nouvelle grande cause nationale. Il faut défendre Fatima contre tous les symboles de sa burqa.

    Qui croisons-nous le plus ?

    Vous rencontrez davantage Fatima et sa burqa ou Kevin et sa recherche du premier emploi ?

    Fatima et sa burqa ou Ginette et sa pension retraite qui ne lui permet plus de vivre avec confort ?

    Fatima et sa burqa ou Max et son impossibilité de reconversion ?

    La liste pourrait être longue.

    Alors pourquoi choisir Fatima ? Parce qu'elle incarne une peur qui pourra d'autant mieux être combattue qu'elle est déjà contenue de fait ? Alors que tous les autres sujets sont autant d'échecs déjà avérés ou en cours.

    C'est un exemple caricatural de manipulation mais, avec la docilité de médias à l'exemple du Figaro Magazine de cette semaine, même très grosse, la ficelle fonctionne.

    La France est entrée dans une démocratie en crise avec un hyper-président qui règne en maître, des ministres qui jouent les seconds violons, des députés qui font figuration. Même si cette situation est grave, il est pourtant probable que la sortie ne soit pas pour demain.

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  • Le chiffre qui compte le plus : 67 %

    Cette semaine apporte une vague de sondages particulièrement importante. La crise politique est consommée. La défiance est installée. le mécontentement est élevé. Et pourtant, quand il faut passer aux intentions de votes, le niveau du Président sortant reste élevé comparativement aux autres indicateurs de mécontentement.

    Il y a une raison simple : personne ne capitalise le transfert. En effet, 67 % des Français considèrent que l'opposition ne ferait pas mieux que Nicolas Sarkozy.

    En dehors de Nicolas Sarkozy, c'est le scepticisme généralisé comme s'il n'y avait pas d'autre offre.

    Ce chiffre est d'ailleurs très stable depuis mai 2007 puisqu'il n'est jamais descendu en dessous de 61 %.

    Ce chiffre montre aussi les déficits de l'actuel débat politique qui s'est structuré autour d'une offre unique. La demande est mécontente mais elle s'est résignée à une offre unique.

    Tant que cette situation perdure, les conséquences durables du mécontentement politique sont faibles puisqu'il n'y a pas d'offre alternative perçue comme existante. C'est le meilleur bouclier pour la majorité présidentielle.