Denis Bonzy

Étiquette : Jean Louis Quermonne

  • Les vrais héros de l’engagement : donner envie !

    Jean Louis Quermonne

    Jean Louis Quermonne est décédé. Pendant des décennies, il a incarné en sciences politiques l'excellence de Grenoble. Il l'a fait à la manière d'alors qui mérite l'attention. Il ne s'agissait pas d'être invité sur un plateau TV pour formuler l'expression choc qui fera la polémique du moment génératrice d'audiences. Il s'agissait d'appartenir au cercle d'auteurs d'éditions faisant référence intellectuelle (Dalloz, Thémis …). Il s'agissait d'être à l'écoute des étudiants  avec un dévouement discret, naturel fantastique, PROCHE. Pendant des été entiers, à leurs initiatives, gratuitement, Gustave Peiser et Gilbert Anton m'ont communiqué des sujets et apporté des corrections pour préparer le concours d'entrée à l'ENA. 40 ans plus tard, j'ai encore ces copies pour me rappeler si nécessaire combien il faut être à l'écoute des jeunes générations. Ils payaient les timbres pour le retour car alors les mails n'existaient pas. Ils avaient un niveau d'exigence d'honnêteté intellectuelle telle qu'ils annonçaient à l'avance que si nous devions passer à l'oral devant un jury auquel ils appartenaient, ils devraient alors se retirer et n'exprimeraient aucune opinion pour respecter la liberté totale de jugement de leurs collègues. Ils adoraient l'impertinence de pensée car le délice suprême reste de penser par soi-même à l'écart des modes, à l'écart des mimétismes de groupes, tout en structurant un cadre cohérent. Jean Claude Coviaux, heureusement toujours présent, en a été une caricature étincelante avec une pensée qu'il pouvait pousser jusqu'à l'absolu de l'opposé de ses propres convictions personnelles mais par le plaisir de voir jusqu'où un argument contraire pouvait être exploré. Il y avait une complicité adorable : Robert Viargues feuilletant son carnet d'adresses pour tenter de me rapprocher lors d'une affectation militaire lointaine. Une vie entière ces souvenirs parmi d'autres demeurent des socles. Ils ont été les vrais héros de l'engagement. Ils donnaient envie de suivre leur exemple. L'engagement nait de l'envie. Il s'alimente de l'envie. Il se nourrit de la passion pour des matières, lde a force d'un service public de l'enseignement, de la valeur dans la conviction profonde qu'il faut préparer les prochaines générations. C'est une grande tristesse que ce décès et une grande reconnaissance pour l'ampleur de leurs apports.