Denis Bonzy

Catégorie : International

  • Jumbo Wild : la probable belle victoire à venir

    John Horgan BC

    Avec l'accession le 18 juillet de John Horgan à la fonction de Gouverneur de la Colombie Britannique (Canada), c'est un tournant dans la bataille pour défendre Jumbo Wild. Les faits : le glacier de Jumbo est situé en Colombie Britannique au Nord-Est du Canada. Depuis 24 ans un projet de station de ski avec une trentaine de remontées mécaniques, un domaine skiable de 5 925 hectares culminant à 3419 mètres d’altitude, 5500 lits hôteliers, 750 lits destinés au personnel et autant d’emplois à la clé, divise les populations. C’est le cas des Shuswap, le peuple amérindien proche du glacier. Ce projet menace à la fois un territoire sacrée chez les autochtones, une importante source d’eau glaciaire et l’habitat des grizzlis. 

    Pendant des années, des individus ont bataillé. Ils ont effectué des appels de fonds. L'entrée en piste de grandes sociétés comme Patagonia ont changé la donne. Et la dernière étape vient d'être franchie : l'élection d'un Gouverneur opposé au projet. Une belle victoire pour les citoyens attachés à la nature. Le nouveau Gouverneur a été parmi les opposants anciens au projet immobilier. Ses premières décisions devraient changer les choses. Une belle étape !

  • 26 juin ou la première formule universelle symbole de liberté après la seconde guerre mondiale

    JFK 2 26 06 17

    Le 26 juin 1963, JFK est à Berlin. Il prononce un discours qui fait l'Histoire avec une formule "Je suis un Berlinois" qui est une première formule universelle à ce point que sa structuration sera reprise plus de 50 ans plus tard "Je suis Paris, Nice, Londres …" en fonction d'épreuves collectives dramatiques face au terrorisme des années 2015 et 2016. Quelques mots trouvent alors une force particulière parce qu'ils résument un sens, une direction collective. 

    Un passage de son discours fait le tour du monde : 

    « Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste.
    Qu'ils viennent à Berlin !

    Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin ! Lass sie nach Berlin kommen !

    Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur […] pour empêcher notre peuple de s'enfuir. […] Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité. […]

    Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner ! ».

    C'est tout le problème de l'époque présente. Aucun leader occidental n'a encore trouvé les mots et les lieux porteurs de symboles universels pour parler ainsi à toute la communauté internationale au sujet de causes planétaires (environnement, terrorisme, climat …). Ce sont pourtant de tels moments qui font bouger les frontières et pas les textes officiels.

  • Une opinion toujours à la recherche d’elle-même

    Manifestations US 12 11 16

    Ce qui caractérise la période présente, c'est que les schémas classiques de représentation dans les démocraties occidentales ont explosé. Ils sont fracassés. Partout. C'est le point commun entre la quasi-totalité des démocraties occidentales à de très rares expressions près (Allemagne, Grande-Bretagne …). Trump, Tsipras, Macron, Trudeau … mais aussi le Mouvement des 5 étoiles en Italie ou les partis populistes des ex pays de l'Est … : tous ne sont que le résultat de fins d'une vision traditionnelle de la représentation. Ces opinions savent d'abord ce qu'elles ne veulent plus : mensonges, scandales, corruptions, tromperies multiples … Les vieux partis battus aux élections sont bien des cadavres. Ils ont été tués par ce rejet. Ils n'avaient pas vu ou pas voulu voir le phénomène, ils commettent actuellement la même erreur pensant que, comme les cadavres, ils vont revenir à la surface. Mais quand les cadavres reviennent à la surface, ils sont … décomposés. Il en sera de même pour ces vieux partis incapables de se réformer, de s'ouvrir sérieusement à la société civile, pris dans les vieilles habitudes du mimétisme. Une période très particulière est ainsi ouverte. Savoir ce que l'on ne veut plus est une chose. Mais ignorer pour une grande partie, ce qui devient possible en est une autre. Le dégagisme n'est qu'à son début. Comme au début de sanctions expéditives surprises lors d'élections y compris à destination d'actuels bénéficiaires de cette première vague …

  • « Mais il connait pas Raoul ce mec ! »

    Karen Handel 22 06 17

    Pendant des années, lorsqu'une personne me semblait exprimer une opinion sur autrui différente de ma perception, c'était ma formule préférée :"mais il connait pas Raoul ce mec !" me rappelant les formules d'Audiard si remarquables. Maintenant le "moindre Raoul" est connu de tous, parce qu'il a tout fait pour être … connu. De lui-même sans avoir à chercher. En effet, Raoul a tout mis sur les réseaux sociaux : âge, centres d'intérêts, déplacements, amis, même ses vacances … A force de connaître tous les "Raoul", les commerces et la politique changent de méthodes. L'enjeu n'est plus de chercher à connaître mais de synthétiser tout ce qui est connu. Hier, c'était pas assez. Aujourd'hui, c'est gérer le trop. Dans cette gestion du trop d'infos, le Parti Républicain américain a-t-il pris une avance technologique. La question s'était posée en novembre avec la victoire de Trump (le rôle de Palantir, Cambridge Analytica …). Depuis la victoire surprise totalement inattendue mardi de Karen Handel, les mêmes suppositions repartent de plus belle. Les campagnes électorales sont peut-être en train de vivre un réel nouveau tournant ?

  • La force actuelle des campagne disruptives

    Sanders 30 04 17

    Depuis 2008, date de la crise financière occidentale, les campagnes disruptives font la victoire. En 2008, Obama en est le premier artisan. La rupture est partout : de la couleur de peau au choix des moyens de communication. Les publications sur slideshare notamment sur ce thème sont de plus en plus nombreuses et intéressantes (nb : merci aux nombreux lecteurs qui placent ma contribution en tête avec une audience de 5 663 visites à ce jour)  A partir de 2010, dans d'autres démocraties, la disruption a pris d'autres formes : les mouvements "citoyens" : Podemos, Ciudadanos en Espagne, Syriza en Grèce …  En France, Emmanuel Macron est indiscutablement une forme de campagne disruptive avec des ruptures nombreuses (cf article sur Medium du 7 avril 2016). Sous une autre forme, Trump a mené une campagne de ce type en 2016.  Comme Bernie Sanders qui a réalisé une percée incroyable tout particulièrement dans le rapport nombre de voix obtenues / dépenses engagées. Tous ces succès, selon des modalités diverses, montrent quoi : la sanction de systèmes détestés progressivement pour avoir été dans l'incapacité de prévoir la crise, puis d'assurer une sortie rapide de crise et avec des "élites politiques" pas impactés par la crise. La campagne disruptive devient le label actuel d'un anti-système, la marque visible d'un refuge pour changer les choses. Pour les participants aux prochaines élections, c'est une réalité nouvelle à considérer : faire vivre la disruption mais comment et jusqu'où ?

  • GoDaddy ou la promesse d’un site commercial Internet en 1 heure pour 8 dollars par mois

    GoDaddy 3

    La révolution numérique n'est qu'au début de ses potentialités. GoDaddy met une offre qui montre la diffusion accélérée qui s'annonce : réaliser un site commercial en 1 heure pour 8 dollars par mois avec, dans ce montant, la maintenance ultérieure de ce site. Ce spécialiste de la gestion des noms de domaines et de l'hébergement donne une perspective de ce qui attend. Ce qui est vécu sur le plan commercial a vocation à le devenir sur le plan civique. On assiste à une accélération des interactivités, à une croissance des audiences qui montrent que des seuils ont été franchis. Les évolutions techniques sont considérables depuis les premières offres dans ces domaines. Et l'affirmation du smartphone amplifie ces tendances. En France, les "véritables législatives" seront désormais dans la mobilisation sociale et dans la mobilisation numérique (pour rappel le phénomène des pigeons sous Hollande) tant les législatives "institutionnelles" sont le simple wagon de la locomotive qu'est la présidentielle.

  • 2017 : une communication électorale en fin de cycle

    Georgina Dufoix

    Avec les législatives 2017, la communication électorale est manifestement entrée en fin de cycle. Une bonne communication, c'est vivre un temps d'avance qui permet de se différencier positivement. Au cours des dernières décennies, trois tournants sont intervenus. 1) Les années 80 ou la communication "je m'affiche en grand" : c'est le règne du 4 m x 3 m. Les réussites sont considérables. Des élections basculent sous l'impact de belles images. C'est le coup d'épée du samouraï : une image et un slogan doivent couper le souffle. Dans le Gard, à cette époque, la campagne de Georgina Dufoix me semble l'une des plus belles, esthétiques et efficaces (cf photo ci-dessus). Puis progressivement cette méthode va passer. Trop partagée. Puis faute de supports avec la disparition des 4 m x 3 m et d'une règlementation plus restrictive.

    2) Avec les années 2000, c'est l'affirmation des réseaux sociaux. La référence c'est Obama 2008. Un tournant absolu : la campagne partagée. Les citoyens impliqués. Acteurs via leurs réseaux et non plus spectateurs.  Obama 1 22 06 13

    3) 2017 : la campagne post 2008 n'est pas encore née. Elle se cherche. C'est la communication "où est Charlie ?" : le candidat déambule, prend une photo, la poste et commente "j'étais là !". Sur le fond, la période est manifestement à la fin d'un cycle. Sur la forme, c'est encore davantage manifeste à quelques exceptions près.

  • Nous sommes faits de l’étoffe des rêves …

    Mark Zuckerberg 27 05 17

    Remarquable discours de Mark Zuckerberg à Harvard jeudi 25 mai. Son actuelle tournée sur le terrain suscite de nombreuses interrogations sur ses objectifs à terme. Ce qui est déjà sûr, c'est que Zuckerberg a délivré un discours de grande qualité qui est d'abord une invitation aux rêves individuels et à la lucidité collective. Au départ de tout, il y a un rêve. Ceux qui l'oublient s'engagent souvent dans une triste bouderie avec la vie. 

    Pour prendre connaissance des principaux extraits, cliquer sur le lien suivant : Mark.

  • Jeff Bezos (Amazon) ou le chemin entre le 29 août 2 000 à Paris et le 25 mai 2 017 à New York …

    Amazon NYC 25 05 17

    Hier, à New York, Jeff Bezos (Amazon) a ouvert sa première librairie. Une existence physique. Du dur. Un point de ventes dans une rue. Loin de la vente en ligne du début. Désormais complémentaire de la vente en ligne du début.  Grâce à Martine Collonge, alors dynamique et efficace déléguée régionale d'Euronext Lyon (antenne régionale aujourd'hui fermée !), j'avais pu rencontrer Jeff Bezos sur une péniche à Paris lorsqu'il était venu ouvrir sa première antenne française. Les places étaient comptées, rares. Il avait fallu rapidement répondre et recevoir 10 jours avant une immense carte de confirmation en carton lourd qui occupait la moitié d'une table. Le chemin est fabuleux en 17 ans.

    En 2000, à Paris, Jeff Bezos fête son 100 000 ème client en France. Il explique que le site français appliqué alors aux seuls livres devrait être "facile à gérer" puisque le prix unique du livre ne permet pas la bataille sur les prix qui sévit dans les autres pays. Il expose toute sa vision, étape par étape et convie à … l'Aventure. Les journalistes français présents passent leur temps à le questionner sur le "temps de survie" de sa société qui à cette époque réalise 70 millions de dollars de CA mais enregistre 25 millions de dollars de pertes sur l'exercice 1999. Et de conclure de façon quasi-unanime : "… la bulle Amazon va éclater".

    25 Mai 2017, avec le parcours du "numérique au physique" évoqué alors, Jeff Bezos peut évoquer d'autres chiffres. Amazon c'est 135 000 salariés, 90 milliards de dollars de CA. En 2016, c'est 2 milliards de dollars de bénéfice net. Chaque mois c'est 20 millions de visiteurs pour le seul pays de la France. La "bulle a éclaté" mais dans la réussite la plus totale.

    Ce parcours fabuleux n'aurait jamais été possible sans plusieurs éléments de la chaîne du succès :

    • la vision de l'entrepreneur,
    • l'acceptation du risque par de véritables capitaux risqueurs pour des sommes considérables,
    • la diversification des ressources par un marché boursier qui accepte la place des défis.

    Autant d'étapes éloignées du début quand Jeff Bezos s'était installé en mobilisant les 300 000 dollars qui étaient toutes les économies de ses parents. 

    Le jour où la France sera la terre de telles aventures, l'emploi et l'économie iront mieux. Ayant alors tourné la page d'une représentation patronale caricature d'archaïsme frileux, cénacle de managers interchangeables qui ont si vite compté dans les cercles protégés dont l'administration et qui n'engagent pas leur patrimoine personnel, partenaires de réseaux bancaires habitués à ne prêter qu'à ceux qui ont déjà … réussi et éloignés d'un financement boursier puisque en France le hasard avec le loto est Dieu tandis que la bourse avec le raisonnement est le … Diable. Mais ce jour là en France est-il seulement possible ?

    Jeff Bezos

     

  • Climat : la Californie et la notion de leadership local

    Jerry Brown 25 05 17

    Un article est passé inaperçu en France alors qu'il marque un enjeu de 1ère importance : l'article dans le New York Times du 23 mai par lequel Jerry Brown, Gouverneur de la Californie, défend la "guerre intérieure" que cet Etat va mener contre Trump sur le thème du réchauffement climatique. En 1 seul article, tout le travers culturel de la vie politique française éclate. En France, le local, c'est la logistique pour une carrière politique nationale. Rien d'autre dans les faits. C'est une salle d'attente et une façon de collectiviser la logistique matérielle et humaine pour la carrière nationale. La preuve : à la moindre occasion, le local est abandonné pour une carrière ministérielle. Il y a en permanence une culture selon laquelle rien ne serait possible en dehors de l'Etat. Certes aux Etats-Unis, notamment les dimensions ne sont pas comparables, mais la mentalité est différente. Le "local" existe et il peut même faire vivre une réelle différence avec la politique fédérale. Alors que Trump veut renverser les politiques de l'administration Obama sur le changement climatique, la Californie s'engage à devenir le modèle d'une autre politique. C'est l'affirmation d'une capacité à un leadership local. Le local comme référence concrète d'une véritable autre politique. Une culture qui mériterait de gagner du terrain en France. 

    Californie 25 05 17