Denis Bonzy

Catégorie : International

  • 27/10/08 : Barack Obama gagne la bataille logistique

    Une présidentielle US, c’est d’abord un formidable défi logistique.

    Cette logistique sur le terrain est l’atout principal de Barack Obama. C’est le fruit de deux facteurs : sa puissance financière et sa capacité de mobilisation de bénévoles.

    C’est ce facteur qui a expliqué ses victoires sur Hillary Clinton dans la dernière ligne droite de la primaire démocrate. Les finances de l’ex-First Lady étaient à sec tandis que les antennes locales d’Obama fonctionnaient à fond.

    C’est le même schéma ce jour dans des Etats indécis. Les moyens financiers entre Obama et McCain sont souvent de 1 à 5. Ce facteur concret va beaucoup compter le 4 novembre.

    A l’exemple de la vidéo ci-dessous, le candidat démocrate veille donc à mobiliser le plus possible ses antennes locales.

    Pour avoir une perception détaillée de cette bataille logistique, il suffit de cliquer sur le lien suivant : http://www.exprimeo.fr/article/3956/barack-obama-ecrase-la-bataille-logistique.htm

  • 18/10/08 : « Pourquoi il faut voter pour Michel Savin … »

    Nous publions ce jour trois rubriques.

    La première est consacrée à l’élection présidentielle US à 18 jours du scrutin.

    La seconde est le témoignage d’un internaute qui a assisté au dernier Conseil de la Métro et qui explique pourquoi il appelle à voter pour Michel Savin.

    La troisième est relative à la nouvelle carte géopolitique après le krach financier.

    Présidentielle US : J – 18

    Pour celles et ceux qui veulent revivre les temps forts de la présidentielle US 2008, nous signalons la rétrospective sur le site www.exprimeo.fr.

    Le premier article est paru hier : http://www.exprimeo.fr/article/3908/barack-obama-une-campagne-victorieuse-en-19-etapes.htm

    Chaque jour, un temps fort est présenté de façon détaillée.

  • Une nouvelle carte des puissances

    Le fait historique majeur d’octobre 2008 restera dans l’émergence d’un nouveau rapport des puissances.

    Les Etats qui ont sauvé leurs systèmes bancaires l’ont fait au prix d’une dépendance nouvelle face à des fonds souverains arabes, asiatiques ou chinois dans des conditions qui vont stupéfier de nombreuses opinions.

    La Libye va devenir le banquier de nombreux Etats Européens.

    Derrière Citigroup, ce serait maintenant l’émirat d’Abou Dhabi.

    Derrière le Crédit Suisse, ce serait le Quatar.

    Derrière Unicrédit en Italie, c’est la Libye via le fonds Libyan Investment Authority.

    Une nouvelle carte internationale des puissances nait.

    Chine, Asie, Emirats sont devenus les créanciers des puissances traditionnelles. Ce nouvel ordre international ne sera pas sans conséquences multiples majeures…

  • 17/10/08 : « Joe le plombier » plombe … McCain

    Il a été la vedette du dernier débat entre McCain et Obama.

    "Joe le plombier" avait interpellé Obama. Il devenait le symbole de l’entrepreneur de PME qui serait victime de la fiscalité d’Obama en cas d’élection de celui-ci.

    C’était le nouveau coup des Républicains.

    Mais c’est un coup foireux qui sent le coup de grâce pour McCain.

    "Joe le plombier" s’appelle … Sam Wurzelbacher. Il n’est pas plombier mais … militant républicain et a même participé aux primaires de ce parti dans l’Ohio. C’est le dernier exemple des ratés de la campagne de McCain qui prend l’eau de tous bords.

  • 14/10/08 : jour d’élections fédérales au Canada

    On vote aujourd’hui au Canada. Disposant d’une majorité relative, le Premier Ministre sortant a provoqué des élections par une dissolution décidée en fait lors de la seconde quinzaine d’août. A cette époque, les sondages donnaient une réélection aisée à Stephen Harper lui permettant d’entrevoir une majorité confortable.

    Mais depuis, plusieurs facteurs sont intervenus. Tout d’abord, le Premier Ministre sortant a effectué des campagnes trop agressives conduisant à la démission du directeur de communication du Parti Conservateur. Ensuite, le nouveau leader libéral, Stéphane Dion, s’est révélé dans des conditions inattendues. Enfin, la crise financière a modifié les cartes. Les Canadiens ont considéré que leur pays était resté très en retrait des grandes réunions internationales. Cette situation reflétait sa marginalisation car toujours trop situé dans le giron de l’encombrant voisin Américain.

    Pour toutes ces raisons, le Premier Ministre sortant a connu ces derniers jours une chute dans les sondages.

    La situation est simple. Si le Parti Conservateur gagne avec une avance de plus de 10 points, c’est un succès qui le renforce. S’il gagne avec un écart de 5 à 10 points, c’est un statu quo. La dissolution sera intervenue pour rien ne dégageant aucune nouvelle majorité solide. Si le Parti Conservateur a un écart de moins de 5 points, c’est un échec dans les faits avec un Gouvernement très précaire.

    Pour faire le point sur les dernières élections de janvier 2006 :

  • 11/10/08 : offrez-vous l’Islande sur eBay …

    En cette période pour le moins troublée, une annonce surprenante est intervenue sur eBay : la mise en vente de l’Islande avec un prix de départ de 99 cents mais précisait l’offre " le Groenland et Bjork ne sont pas compris dans le lot".

    Parue mardi, cette offre a reçu 84 propositions dont une offre "sérieuse" à 10 millions de livres sterling soit 12, 6 millions d’euros.

    Un "clin d’oeil" de la part d’un internaute amer face à la situation financière de cet Etat…

  • 08/10/08 : le prochain scandale : l’épargne retraite des Américains

    Le marché boursier retombe sur terre. Il développe les réflexes de précaution hier trop oubliés. D’où l’actuelle dégringolade car les études sérieuses montrent l’effet domino de l’actuelle crise financière. Un exemple : hier, Peter Orszag, expert financier très réputé, a annoncé que la crise financière avait anéanti quelques 2 000 milliards de dollars épargnés par les Américains dans leurs plans de retraite.

    Une fois les conséquences concrètes tirées, ces pertes colossales allaient contraindre à retarder des départs à la retraite voire même, selon certains conséquences collatérales, pousser d’actuels retraités à tenter de revenir sur le marché du travail car les fonds privés ne pourraient maintenir leurs actuelles pensions sauf à imaginer une nouvelle aide publique.

  • 07/10/08 : second débat contradictoire ce soir dans le cadre de la présidentielle US 2008

    Les accusations se font de plus en plus fortes entre les deux candidats à l’approche du second débat contradictoire.

    Un ancien Conseiller de GW Bush recommande un changement de ton dans la campagne de McCain si ce dernier ne veut pas aller à l’échec. Il s’agit de Karl Rove. La connaissance de cette personnalité permet de mieux connaître certaines facettes des campagnes US.

    Une légende entoure Karl Rove. Le ex-Conseiller le plus proche du Président Bush est au centre d’une réputation sulfureuse mais établissant aussi une incontestable efficacité.

    La réputation sulfureuse résulte d’une succession de " coups tordus " prêtés à l’intéressé. Le premier d’entre eux aurait débuté à l’âge de 20 ans quand, dans l’Illinois, Karl Rove se présente comme un supporter d’un candidat démocrate, lui dérobe du papier à en tête et transforme chacune de ses réunions publiques en annonces de fêtes avec " filles et bière gratuite " distribuées aux marginaux et aux clochards.

    Né en 1950 au Colorado, il est l’indiscutable maître d’oeuvre des deux dernières campagnes présidentielles de GW Bush.

    En réalité, Karl Rove a introduit comme règles majeures quatre concepts.

    Le premier est celui dit du " push polling ". Il s’agit de poser des questions biaisées lors d’un sondage pour modifier les intentions de votes des électeurs. Le sondage ne porte pas seulement comme message le chiffre qui donne la photographie de l’électorat sur une question donnée mais c’est l’existence même du contenu de la question qui devient le message.

    Ainsi, en 1994, il commande un sondage qui, parmi les questions, comporte la question suivante " voteriez-vous toujours pour Ann Richards pour le poste de Gouverneur du Texas en sachant que son équipe est entièrement composée de lesbiennes ? ". Il transforme le sondage d’outil quasi-scientifique en instrument d’un message au " hasard " d’une question.

    Il a reproduit méthodiquement ce système lors de la présidentielle de 2000 à l’occasion de la primaire difficile contre McCain en demandant si " les électeurs voteraient pour McCain si celui-ci s’était rendu coupable de trahison durant sa guerre du Viet-Nam ".

    Il reproduira le même dispositif lors de la campagne de 2004 contre Kerry au moment où celui-ci caracole en tête des sondages.

    Le second repère majeur dans la technique de Karl Rove, c’est la conviction que le vote à organiser est le " vote contre " et non pas le " vote pour ". C’est cette logique qui place désormais les campagnes négatives républicaines en outils les plus élaborés et efficaces des campagnes électorales.

    Le troisième repère c’est de s’attaquer d’abord aux qualités majeures de ses concurrents sans respecter aucune précaution sur la vérité desdites attaques. Dés l’instant qu’un concurrent est doté d’un point fort, celui-ci fait l’objet d’un matraquage systématique pour au moins jeter le doute sur cette qualité " objective ".

    Ainsi, l’été 2004, bien que titulaire des décorations militaires les plus prestigieuses attribuées après des enquêtes minutieuses, John Kerry fait l’objet d’une campagne mettant en cause la réalité de son engagement pendant la guerre du Vietnam. Rove aurait monté de toutes pièces à l’aide de militants républicains rémunérés des déclarations fabriquées visant à attaquer Kerry sur sa qualité principale : son engagement pendant la guerre du Vietnam.

    Il s’en est suivi un matraquage de communication notamment par des campagnes web qui ont conduit à jeter le doute pendant un moment et conduire Kerry à mobiliser toute son énergie pour se justifier sur un point inconcevable en début de campagne. Il ne tournera la page que lorsque la chute de Kerry dans les sondages avait été amorcée.

    Le quatrième repère majeur de Karl Rove réside dans le dynamisme des dernières semaines de campagne électorale. Il est persuadé que les électeurs ont la " mémoire courte " et qu’ils peuvent changer d’avis jusqu’au dernier moment. Les derniers jours sont donc un vrai " feu d’artifice ".

    Avec de tels repères, Rove a fait naître une nouvelle génération de communicants politiques.

    Il se voit désormais en "sauveur" de la campagne de McCain.

  • 01/10/08 : regarder des réalités en face

    Il y a actuellement deux questions qui ne sont pas abordées alors même qu’elles sont probablement au coeur de la réalité de faits majeurs :

    1) où sont les autres "Jerôme Kerviel" ? Ces derniers jours, les banques plantent des milliards d’euros et il n’y a plus de responsables individuels. Le premier désigné à la vindicte publique (Jerôme Kerviel) était-il vraiment responsable ou s’agissait-il une fois de plus du bouc-émissaire pour sauver un système ?

    2) Pourquoi Barack Obama ne devance-t-il pas John McCain de près de 20 points dans les sondages ?

    La remontée de John McCain dans les derniers sondages ne s’explique par aucun facteur rationnel en dehors de la volonté de se reporter sur lui pour … éviter l’entrée à la Maison Blanche du 1er Président noir.

    Depuis le début de la crise financière, John McCain a été en permanence paralysé ou à contre-courant. Il devrait être à 20 points derrière son concurrent démocrate. Or, sur le plan fédéral, distancé de 9 points il y a une semaine, il y a désormais 4 points d’écart et ce au moment même où Sarah Palin cumule les gaffes dans des conditions qui relèveraient presque de la comédie si elle n’était pas candidate à la fonction de Vice-Présidente de la 1ère démocratie au monde.

    L’actuelle crise n’est pas seulement celle "d’une bulle financière". GW Bush laisse une économie en feu en fin de mandat.

    Tout d’abord, la situation de l’emploi connaît une dégradation historique. En juin 2008, le seuil des 6 % de chômage a été franchi.

    Le retour de l’inflation est manifeste. Les Etats-Unis partent pour une inflation de l’ordre de 4 % sur le plan annuel.

    La crise immobilière ruine des patrimoines dans des proporitions historiques. Le nombre de maisons en vente est tellement élevé qu’il ne trouve pas de preneurs. Les maisons sont saisies pour … rester vides.

    La situation des finances publiques est dramatique. Lors du second mandat de Bush, elles ont connu une détérioration considérable. Les baisses d’impôts décidées lors du premier mandat de Bush, le ralentissement de la croissance et les conséquences financières de la guerre en Irak ont provoqué une envolée du déficit public qui va dépasser largement les 3 % du PIB dès le début 2009.

    La déprime du secteur automobile est sans précédent. Les constructeurs ont pris conscience de la nécessité d’un changement de modèle économique. Les décisions prises par General Motors sont emblématiques d’un total retournement de positionnement. La question est de savoir quand les effets positifs interviendront et à cette date dans quel état sera l’industrie automobile? Dans les Etats où cette industrie est concentrée, à l’exemple du Michigan, le taux de chômage progresse de façon accélérée pour dépasser désormais les 7 % ce qui est rarissime.

    Le système de santé n’a pas été réformé. C’est le maillon faible du dispositif Américain. Il est coûteux et peu efficace. 47 millions de personnes ne disposent pas d’assurance santé. Mais est-il possible d’engager une telle réforme quand l’économie générale est au bord du gouffre ?

    Ces faits montrent que les Etats-Unis sont dans une situation globale très préoccupante qui dépasse largement le seul domaine "d’une bulle financière".

    Qu’un candidat démocrate ait à batailler aussi fort pour creuser l’écart dans de telles circonstances relève d’une explication irrationnelle.

    L’Amérique profonde s’interroge sur sa capacité à accepter le 1 er Président noir. C’est probablement la réalité derrière les actuels chiffres. C’est une réalité très grave car penser qu’à notre époque la couleur de peau puisse encore tenir un tel rôle est très inquiétant alors même que ce candidat démocrate effectue une campagne magnifique et incarne une nouvelle démocratie Américaine faite d’espoir.

    Denis Bonzy

  • 26/09/08 : Ici et là-bas …

    Ce soir se déroule en principe le 1er débat contradictoire pour la présidentielle Américaine 2008. C’est l’occasion pour faire certaines comparaisons.

    Depuis 1984, j’observe avec attention la vie politique Américaine. A cette date, grâce à une proposition de l’Ambassade des USA en France, j’ai participé à l’équipe de campagne de John Kerry à Boston. Ayant tissé des liens amicaux avec son directeur de campagne, j’ai suivi avec attention les campagnes ultérieures. En 2006, un magazine national (la Revue Stratégie Médias) organisant des conférences sur la communication m’avait demandé d’intervenir pour présenter les différences entre les campagnes là-bas et les nôtres.

    Les différences sont nombreuses et considérables. Mais il y en a trois qui me paraissent essentielles.

    Tout d’abord, la sélection par des primaires. Gardons l’exemple de Boston. Dernièrement un Sénateur sortant comme John Kerry, ancien candidat à la Présidence en 2004, a dû tenir un débat contre Ed O’Reilly qui était en compétition avec lui au sein même du Parti Démocrate pour la sénatoriale de novembre 2008. Il n’était pas concevable d’organiser le choix sans débat. Le sortant accepte et n’est pas dans l’état d’esprit de se "prêter" à une procédure au-dessus de laquelle il serait. Mais surtout, la primaire repose sur une participation telle que le scrutin signifie un vrai choix. En France, on a retenu le principe des primaires mais le choix est biaisé par l’absence de vraie compétition car le "collège électoral" est composé du cousin, du copain, du voisin, du frère, de la soeur, de la mère … Il suffit de voir les actuelles tractations dans notre canton des rabatteurs pour un candidat à la Présidence Départementale de l’UMP 38 pour voir qu"une primaire dans ces conditions est clownesque.

    Ensuite, seconde différence, une fois la compétition menée à son terme, la solidarité prévaut. Là encore, la différence avec la France est considérable. Ici, quand le résultat ne convient pas, le perdant remet en cause les règles, les conditions … et chacun trouve cette attitude quasi "naturelle".

    Enfin, par divers mécanismes dont la règle de non-cumul comme celle de la limitation du nombre de mandats dans la durée, la professionnalisation du "corps politique" est inconcevable à l’exception des mandats de Sénateur ou de membre de la Chambre des Représentants qui sont des pleins temps. Cette non-professionnalisation assure une liaison avec la vie de tous les jours qui est une indiscutable richesse. Mais surtout, elle garantit l’indépendance donc la liberté des votes.

    Traditionnelle donneuse de leçons, la France a une vie publique qui est malade de méthodes inspirées d’autres pays mais qui adaptées au tempérament et aux caractéristiques du territoire Français sont dévoyées et produisent de mauvaises conséquences. Mais surtout, c’est un pays qui ne traite rien en profondeur. Le statut de l’élu, la fusion des Communes, la disparition des Départements … depuis le rapport Guichard de 1976 ou le "Mal Français" d’Alain Peyrefitte à la même date : rien n’a changé : ni le diagnostic et donc encore moins l’impuissance à apporter des solutions.

    Personne ne veut se déclarer conservateur mais tout le monde l’est dans des conditions caricaturales.

    Denis Bonzy