Denis Bonzy

Catégorie : International

  • 28/11/08 : la crise des déficits

    La crise financière a entraîné la crise économique. Ces deux crises entraîneront-elles celle des Etats ? La question se pose de plus en plus sérieusement quand les esquisses de budgets 2009 sont dévoilées.

    Les déficits publics grimpent à des sommets. Les prélèvements publics croissent à leur tour. L'initiative de soumettre les ordinateurs à la redevance TV est en France la dernière illustration de l'imagination au profit de la seule création de taxes. Les classes moyennes sont appauvries par cette hausse des prélèvements publics et s'inquiètent devant les perspectives de taxes toujours nouvelles qui s'ajoutent.

    Les Etats ne vont-ils pas à leur tour être frappés par une crise systémique qui résulte de la rencontre entre un niveau déraisonnable d'endettement et le blocage des réformes pour conduire des économies drastiques ?

    Les Etats sont manifestement entrés dans une zone à très hauts risques avec les efforts financiers du second semestre 2008.

  • 19/11/08 : crise économique : du jamais vu

    Les dirigeants des trois groupes automobiles Américains lancent une vidéo pour plaider leur cause.


    Ils considèrent que sans injection rapide de plusieurs dizaines de milliards de dollars leur survie est compromise.


    Cette industrie fait état d’un total de 2 500 000 emplois, directs et indirects, qui seraient perdus.


    La nouvelle majorité démocrate semble d’accord pour aider cette industrie ; ce qui ‘était pas le cas des républicains.


  • 18/11/08 : un blackberry au centre de l’actualité politique Américaine

    Le nouveau Président des Etats Unis va devoir se séparer de son blackberry. En effet, toutes ses correspondances, y compris ses courriels, doivent respecter la règle de la copie dans un registre officiel.


    Un aspect anecdotique qui donne un éclairage sur le formalisme implacable qui entoure l’exercice de responsabilités éminentes dans la vie politique US.


    http://i.cdn.turner.com/cnn/.element/js/2.0/video/evp/module.js?loc=int&vid=/video/politics/2008/11/17/snow.obama.blackberry.cnnEmbedded video from CNN Video

  • 12/11/08 : finances : l’exemple du Québec

    Le débat sur les finances est livré en France dans des conditions qui instrumentalisent gravement les chiffres. Avec toute alternance politique, le jeu consiste maintenant à "charger la barque" des prédécesseurs pour les discréditer et aussi, au passage parfois, se libérer alors d’engagements sans avoir à en endosser la responsabilité.

    A l’étranger, l’équilibre des pouvoirs est souvent plus assuré en la matière. Il suffit actuellement de regarder le débat au Québec. Le Gouvernement a annoncé un surplus de 2, 3 milliards. Au même moment, le vérificateur général du Québec annonce un … déficit de 3, 2 milliards.

    Et le vérificateur expose, administration par administration, son décompte et le contenu du déficit qu’il dénonce.

    L’actuelle situation Française est très malsaine car elle ne permet pas aux citoyens et aux contribuables de disposer d’une vision équilibrée des comptes.

    Une réforme des Chambres Régionales des Comptes serait nécessaire pour leur permettre, grâce à des moyens humains renforcés, d’être plus présentes sur le front de l’information financière "préventive" et permanente.

    La gestion financière est un volet majeur de l’exercice de la démocratie. Il est dangereux de continuer à instrumentaliser de façon aussi excessive un secteur difficile à comprendre pour des raisons techniques et par conséquent en proie à des interprétations les plus diverses.

  • 08/11/08 : le retour de l’Amérique ou les défis de la modernité

    Avec Barack Obama, le monde libre s’est doté d’un leader planétaire.

    C’est la première internationalisation de ce type. Ce phénomène montre les limites des frontières étatiques traditionnelles.

    C’est un défi pour les dirigeants Français, gouvernementaux comme responsables de formations politiques.

    Les moyens globaux d’information comme Internet révolutionnent l’information.

    Avant pour s’informer, on sortait dans la rue acheter le journal au vendeur à la criée. Puis, on a éclairé la radio, allumé la télé et aujourd’hui, on se connecte à Internet.

    Internet est l’écriture de ce nouveau siècle.

    La presse a longtemps été érigée en quatrième pouvoir, bousculant les trois autres. C’est désormais le net qui bouscule ces quatre pouvoirs.

    Les candidats aux élections sont obligés de goûter à la démocratie en temps réel. Les marques commerciales tombent de leur piédestal en moins d’une journée pour une rumeur en ligne.

    Les médias traditionnels, quant à eux, ne sont pas épargnés, n’étant plus les seuls à pouvoir informer et commenter (un blog toutes les 4 secondes est créé dans le monde).

    A chaque lever de soleil, le monde compte plus de 100 000 nouveaux éditorialistes.

    Chaque nouveau mode d’expression ou de communication représente un défi pour ceux qui préexistaient mais en fin de compte tous trouvent leur place, à condition de savoir évoluer.

    Si les nouvelles technologies sont parfois critiquées parce que s’auto-désigneraient des « citoyens journalistes », une des interrogations consiste aussi à se demander quelles sont les contraintes des « journalistes citoyens » ? Aujourd’hui, aucune.

    Lors du référendum du 29 mai 2005 sur l’Union Européenne, 178 sites étaient reliés autour du non. Ils ont montré leur capacité à faire circuler rapidement une information homogène.

    La presse quotidienne payante est morte, au sens de presse payante, tout simplement parce qu’Internet a imposé à l’écrit le modèle de la radio : financement par la publicité et gratuité pour les auditeurs aujourd’hui lecteurs.

    Prenant peu à peu conscience de ce modèle, la presse quotidienne tend à devenir gratuite, qu’elle soit imprimée ou pas. Et à devenir permanente, sans cesse actualisée.

    Le blog est un instrument de cette transformation de la presse écrite en radio. Il s’inscrit dans un système plus vaste qui englobe les sites d’informations en réseau et exprime la volonté de chacun d’être acteur libre du monde. C’est la fin de la distinction entre le producteur et le consommateur d’informations.

    C’est surtout un nouveau rythme d’informations qui ouvre un espace toujours plus important au pluralisme, donc à la concurrence et à la liberté.

    C’est ce souffle de la liberté qui inquiète souvent.

    Mais il produit des résultats parfois surprenants. Un collaborateur direct de Barack Obama me montrait que la principale collecte de fonds a été le fruit d’un réseau d’indépendants qui, via Internet, ont levé 28 millions de dollars d’anonymes fiers de défendre leur cause.

    Denis Bonzy

  • 06/11/08 : un phénomène comme celui de Barack Obama serait-il possible en France ?

    Il paraît naturel de s’interroger sur le point de savoir si un «Barack Obama» serait possible en France ?

    Le phénomène Barack Obama n’a été possible aux Etats-Unis que grâce à quatre facteurs difficilement transposables en France.

    La première différence réside dans la conception même des partis politiques. Aux Etats-Unis, chaque parti est la structure garante de la bonne organisation de la compétition. Il ne devient un outil à la disposition du candidat qu’une fois celui-ci officiellement désigné. La culture de «bonne gestion d’un  parti» veut que l’intérêt du parti conduise à la désignation du meilleur candidat. Le responsable du parti est dans une logique de «chairman» qui défend les intérêts du parti et non pas les intérêts d’un candidat. Cette culture est une différence majeure entre les Etats-Unis et la France.

    Si le parti était acquis à la candidature d’un candidat, la compétition serait faussée. En France, le parti est acquis à la cause d’un candidat. La compétition est un signe extérieur de relations publiques bien davantage qu’une réelle compétition loyale se déroulant au sein d’un parti neutralisé dans l’attente de la désignation de son candidat.

    La seconde différence réside dans la conduite même de la campagne.

    Une primaire Américaine est un retour aux racines.

    La clef invariable, c’est le candidat qui mouille la chemise en s’enfonçant dans le pays profond. La télé, Internet … ne changent pas cette réalité culturelle. Pour l’avoir méconnue, en 2007, Rudolph Giuliani a subi une cuisante défaite. Le statut d’exFirst Lady d’Hillary Clinton, avec le cortège de mesures de sécurité, l’a indiscutablement handicapée en la matière. Pendant ce parcours initiatique, il faut être au coin de la rue à serrer des mains, parler à un petit groupe.

    Obama et McCain sont de remarquables candidats en ce domaine. Là encore, bien que de dimension terriblement plus modeste, la politique Française connaît peu cette proximité. Jacques Chirac a probablement été le dernier candidat à sillonner la France dans chacune des circonscriptions et encore faut-il remonter à sa campagne législative de 1978 et à sa présidentielle de 1981. Les campagnes ultérieures ont témoigné une moindre densité de présence sur le terrain. Cette présence sur le terrain permet de «labourer sans intermédiaire» et d’offrir l’impact direct de la diversité. Les médias sont alors une caisse de résonance. C’est ainsi que le courant Obama s’est créé. Le visionnage des reportages d’alors est très instructif. Les journalistes évoquaient le «tour de piste» avant la prochaine présidentielle de 2012, l’isolement, l’inexpérience …

    La troisième différence tient aux méthodes de financement et de marketing public.

    En France, tout est verrouillé alors qu’aux Etats-Unis presque tout est possible. L’absence de publicité politique à la télévision est un terrible goulet d’étranglement.

    En dehors d’émissions spécialisées ou des informations, aucune communication n’est possible. Aucun comité exploratoire ne permet de collecter des fonds. Il faudrait créer un parti politique mais, là aussi, l’inégalité des moyens serait considérable entre le «candidat du parti classique» et les autres. En effet, le financement public transforme chaque parti en «trésor de guerre».

    La quatrième différence réside dans les critères du choix.

    Aux Etats-Unis, le choix c’est la personnalité du candidat. McCain porte l’histoire de l’Amérique qui combat, qui honore ses militaires. Obama c’est le héros moderne multiracial qui fascine par le glamour qui en résulte.

    C’est ce combat de caractères qui a passionné. Il y a une inertie, une paresse voire même une réticence face au débat intellectuel.

    La présidentielle est un «débat d’hommes» où la coulisse de la campagne en apprend autant que le devant de la scène puisque l’enjeu c’est de connaître le tempérament.

    Ce sont ces critères qui rendent possible une percée comme celle de Barack Obama et qui la rendent difficile voire impossible en France.

    Là où le candidat Américain doit être le candidat du peuple, le candidat Français est d’abord celui de la «puissance publique».

    La représentation du peuple semble réservée en France à des candidats protestataires, marginaux. Parce qu’il est le représentant de la puissance publique, le candidat Français a dû vivre un long parcours d’exercice de responsabilités publiques. Ce parcours est une barrière structurante à l’éclosion immédiate de nouveaux talents. La vie politique Française suppose de s’endurcir sous le joug de l’expérience des responsabilités.

    Autre différence, une présidentielle Française n’est pas un voyage pour rencontrer les citoyens «au coin de la rue». Elle reste d’abord une relation avec des corps intermédiaires très bien organisés.

    La «rencontre» avec les citoyens intervient soit lors de grands meetings qui ne permettent pas des contacts directs soit lors d’émissions télévisées qui reposent sur des échantillons filtrés avec une expression encadrée par des considérations formelles très contraignantes.

    Pour toutes ces raisons notamment, ce sont donc deux cultures totalement différentes, pour ne pas dire opposées, qui interviennent.

    La France peut s’enthousiasmer pour Obama mais son cadre institutionnel comme sa culture politique ne permettent probablement pas un tel parcours sur son sol.

    Ce sont bien deux logiques très différentes de pouvoir, depuis la désignation jusqu’à l’exercice du pouvoir.

  • 05/11/08 : une belle victoire

    Au sujet de cette victoire historique, il importe de se méfier des faux habits de certaines idées reçues.

    Il a souvent été question de l’handicap du facteur racial. Ce facteur a été "la nouvelle frontière" qui est devenue la cause de nombreux engagements encore plus forts.

    Il a été question de "la puissance de l’argent". Sa vraie force a d’abord résidé dans la puissance des moyens humains avec une armée de bénévoles.

    Il a été question de l’engagement des médias. C’est probablement le média du plus grand nombre Internet qui a été le support le plus influent.

    Il a été question d’une victoire des noirs. C’est d’abord la classe moyenne blanche qui a choisi le changement.

    Il a été question de l’élection marquée par la crise financière. Ce fut d’abord l’élection d’un nouvel humanisme avec le retour en force du social et de la solidarité.

    Il a été question du charisme d’un candidat. C’est d’abord une vague de fond qui traverse un pays dont l’opinion veut tourner la page de l’administration Bush.

    Il est question de la victoire d’Obama. Or, sans limiter l’immensité de ses mérites, c’est d’abord la défaite d’un parti Républicain incapable de se moderniser, de faire éclore une nouvelle génération, de nouvelles idées, de nouveaux enjeux collectifs.

    Ces défis sont les véritables enjeux du scrutin du 4 novembre 2008 et encore davantage ceux des jours d’après.

    Pour revivre les deux dernières années de campagne :

  • 04/11/08 : un jour historique

    Il y a près de deux ans déjà, dans un cadre professionnel, j’avais placé Barack Obama parmi les challengers les plus performants pour la présidentielle 2008. Ce pronostic avait été émis dans le cadre d’un document écrit si bien qu’aujourd’hui cet aspect chronologique ne peut être contesté.

    Pendant deux ans, en contact permanent avec des membres de son équipe, j’ai rendu compte régulièrement de ses initiatives dans ce même cadre. C’est pourquoi, aujourd’hui, c’est avec émotion que j’ai répondu positivement à leur invitation pour les derniers jours de la campagne.

    Sur le terrain, l’écart d’organisation des campagnes est considérable. La victoire est au rendez-vous. D’ailleurs, aujourd’hui, les principaux animateurs locaux ont été conviés à rejoindre le quartier général à Chicago pour une fête à la dimension de cette victoire historique.

    Les chiffres qui circulent aujourd’hui donnent des victoires emblématiques qui sont "un tremblement de terre" dans certains Etats :

    * John Sununu serait battu dans le New Hampshire,

    * Elisabeth Dole serait battue en Caroline du Nord,

    * Mark Warner gagnerait en Virginie et en franchissant le seuil des 60 % …

    40 ans après des évènements raciaux gravissimes, l’Amérique va passer un message d’intégration, d’ascenseur social et de foi dans l’avenir avec une large victoire de Barack Obama.

    Denis Bonzy

  • 03/11/08 : présidentielle US : les dernières estimations

    Les dernières estimations sont les suivantes :
    * Obama franchirait le cap des 300 grands électeurs, là où le seuil de la victoire est à 270,
    * le parti démocrate gagnerait 10 sièges de Sénateurs et franchirait le seuil des 60 Sénateurs,
    * le parti démocrate gagnerait 34 sièges à la Chambre des Représentants.

    Si ces chiffres se vérifiaient, ce serait une véritable vague de fond pro-démocrate.

    Sur le terrain, en dehors de rares et ultimes Etats clefs, le parti Républicain est défait dans son organisation avant même de subir la défaite officielle.

    Le facteur racial limite déjà l’impact et le fossé des résultats. S’il n’avait pas existé, un résultat identique à celui de 1980 (pro-Reagan) aurait impacté des scores historiques pour le parti Démocrate en passe de retrouver une majorité politique d’une ampleur plus connue par lui depuis 30 ans.

  • 29/10/08 : quel oxygène : historique !

    Le 4 novembre approche.

    Hier soir, Barack Obama a innové en dépensant 5 millions de dollars 30 minutes de vidéos clips sur trois réseaux à des heures de grande écoute.

    Quand on compare de telles initiatives et le carcan qui bride la vie politique Française, quel oxygène sur le contenu et encore davantage sur la liberté des formes possibles de communication.