Denis Bonzy

Catégorie : International

  • Les 2 points faibles majeurs du système français

    May-boeve

    Demain 16 novembre, May Boeve (photo ci-dessus) va recevoir le prix "nouvelles frontières" décerné par la JFK Library à Boston. Son association 350.org fait des actions concrètes remarquables pour la lutte contre le réchauffement climatique. Ils demandent rien à l'Etat. Ils font. Ils agissent. Ils vivent leur citoyenneté en permanence c'est à dire en téléphonant à leurs parlementaires avant les votes, en publiant les votes … C'est un message fort au moment où la COP23 à Bonn multiplie les impasses manifestes montrant l'immensité du fossé entre les mots et les actes, entre les mots et les financements. En France, tout est attendu de l'Etat. Si l'Etat ne fait pas, on dirait que toute autre action est impossible, illégitime, vouée à l'inefficacité, à l'échec. Or l'Etat français c'est le "nouveau pauvre" du nouveau siècle. Tous les budgets que je connais de façon détaillée sont gérés pour sauver la vitrine mais mettre le back office à la diète la plus sévère. 1er point faible redoutable, l'Etat ne change pas la donne pour rendre l'action à la société civile.

    Second exemple, lundi 13 novembre, Bill Gates sur son blog a posté une vidéo annonçant qu'il donnait 50 millions de dollars à un centre de recherche sur Alzheimer. Les maladies neuro-dégénératives sont le prochain fléau. C'une tragédie humaine individuelle et familiale terrible. C'est un gouffre financier collectif immense à venir. En un jour, son don représentait 5 fois ce qu'en France, la principale association collecte par an à partir de 87 108 donateurs en 2016. En France, les noms des "méga riches" sont connus via Panama Papers ou Paradise Papers. Comment est-il possible d'imaginer que notre pays pourrait se réconcilier avec la légitimité morale de créer d'immenses fortunes quand des noms emblématiques ne vivent que la richesse cachée égoïste ?

    Avec de tels points faibles (le non sens dans la direction de l'Etat comme la faillite admise de l'image de marque des grandes fortunes), la France cumule deux points faibles majeurs dans le monde moderne. A circonstances constantes, ce sera difficile de s'en remettre.

  • Et l’exemple « venant d’en haut » en France, c’est pour quand ?

    Présidents US

    Hier lundi, la Chambre des Représentants des Etats-Unis a adopté une résolution pour plafonner à 500 000 dollars l'aide fédérale annuelle à chaque ex-Président américain. Pour rappel, les Etats-Unis = 325 millions d'habitants. Et la France (66 millions d'habitants) un ex président (VGE) coûte à lui seul en moyenne 2 millions d'euros par an aux contribuables français. En 2015 le seul service de sécurité de Nicolas Sarkozy a coûté 700 000 € aux contribuables c'est à dire davantage que la totalité de la prise en charge fédérale évoquée pour les ex-présidents américains ... Si l'exemple des économies pouvait aussi venir "d'en haut" en France, cela serait original et de nature à probablement faciliter l'acceptation des économies imposées classiquement ailleurs …

  • LE livre qui devrait structurer les actuels débats publics

    Emmanuel Todd

    En 1995, Emmanuel Todd a été le premier à identifier à ce point l'importance de la fracture sociale en France. Depuis, sur ce thème, que s'est-il passé ? Presque rien si ce n'est une banalisation dramatique de la "grande pauvreté". Avec son dernier ouvrage, Emmanuel Todd pose une vraie question de fond sur les cycles d'influences des nations, voire des Etats. Et il annonce la servitude pour la France. La servitude c'est non seulement que la France n'influence plus le monde. Mais elle a perdu les fondamentaux de sa liberté dont sa puissance économique et financière au sein de l'Europe dominée outrageusement par l'Allemagne. Depuis les années 70, la France a quitté l'étape du déclin pour entrer en décadence. Le cycle des 50 dernières années est terrible pour la France. Ce n'est pas une couverture de Time qui va changer cette réalité. Une couverture qui n'est qu'un rideau de fumée pour refuser de voir en face des réalités. Le livre de Todd devrait alimenter tous les actuels débats. Comme hier, la France s'est habituée à la pauvreté, elle va s'habituer à sa décadence. Terrible époque dans le cycle long des rapports de forces entre les nations.

  • Quand la démocratie retrouve sa force historique : une liberté collective que rien ne peut arrêter …

    Obama victoire 2008

    Formellement, en bout de ligne, la démocratie prend la forme d'un bulletin de vote. Un simple morceau de papier. Le déposer dans une urne et attendre un résultat. Mais il y a des circonstances particulières où ce résultat prend une valeur à part. Il souffle alors un formidable vent de liberté collective. De libération. L'oppresseur n'est pas au coin de la rue. Il n'a pas d'uniforme. Ou plutôt il a l'uniforme du passé que l'on ne supporte plus. Que l'on ne veut plus. Et après la victoire du changement, rien n'a … changé et pourtant, tout semble déjà différent. C'est le vent du nouveau matin. Le 5 novembre 2008, avec la victoire d'Obama, être aux Etats-Unis, c'était d'abord partager ce vent du nouveau matin. Depuis la veille du scrutin du 4 novembre 2008, une "fièvre" particulière était perceptible. Le jour du vote, les files d'attentes battaient des records de longueurs. Le 5 novembre, l'étape était franchie. Ce sentiment diffus mais si fort, je l'avais rencontré déjà deux fois préalablement. Mais encore jamais à ce point. A chaque endroit, il y avait l'enthousiasme de vouloir vivre un nouveau jour. Une nouvelle époque. La démocratie retrouvait sa force historique : une liberté que rien ne peut arrêter. Pas de résignation. Pas de haine. Simplement la vitalité d'un nouveau départ. Ce serait une réelle satisfaction que de revivre une telle ambiance encore une fois. Avec l'expérience, j'ai le sentiment que je pourrais en savourer mieux que jamais toutes les douceurs de ce délice.

  • Ethique : le jour où les Français en seront là …

      Montreal 2 23 05 16

    A force de s'enfermer dans des débats franco-français si souvent liés à des sujets accessoires, la France décroche dans la quasi-totalité des domaines. Prenons l'exemple de l'éthique. Sur l'actuelle campagne municipale de Montréal, le Maire sortant est attaqué pour ne pas avoir déclaré deux invitations à des matchs de soccer. Le Maire aurait ainsi contrevenu au code d'éthique des élus montréalais, qui exige de déclarer tout avantage reçu de plus de 200 $. L'article 18 du code d'éthique des élus montréalais oblige en effet un élu à déclarer par écrit au greffier de la Ville tout avantage ayant une valeur de 200 $ ou plus, ou encore si la somme des avantages consentis par une même personne est de 200 $ ou plus à l'intérieur d'une période de six mois. Et en cas de contravention avec ce code, le bénéficiaire doit rembourser sur ses deniers personnels ! Si les élus français devaient être astreints à un tel code avec une sanction analogue en cas d'irrespect et surtout la transparence totale sur les sujets déclarés, l'estime pour les élus changerait vite. En France, la billeterie souvent de stades municipaux ou avec des collectivités locales parmi les principaux sponsors est un système de clientélisme assez honteux. Difficile ensuite de demander de la considération avec le constat de telles comparaisons. 

  • Une réalité à mieux considérer : la personnalité géographique

    MIT 3

    Il m'a fallu beaucoup de déplacements pour me faire à une idée : la personnalité géographique existe. Un territoire a une Histoire qui forge un tempérament local. Et ces tempéraments peuvent changer considérablement d'un territoire à l'autre. Ces personnalités géographiques doivent être intégrées, respectées sinon les chocs sont terribles. Je ne connais pas bien la Catalogne, voire même pas du tout. Donc je ne peux pas en parler de façon détaillée. Une des rares fois où j'y suis allé c'était avec Alain Mérieux dans le cadre des moteurs de Rhône Alpes. Pour ce qui était pour moi une "région d'Espagne parmi d'autres", la rencontre avec Jordi Pujol m'était apparue irréelle : déjà un chef d'Etat. Puis, plus les déplacements ont été nombreux, plus cette réalité de la personnalité géographique m'est apparue manifeste. Avec parfois des surprises considérables entre les idées de départ et les réalités perçues à l'exemple des relations entre le Québec et les français. Cette personnalité géographique est construite par de nombreux facteurs dont l'Histoire. A force de marginaliser l'Histoire, trop de tendances durables sont sous-estimées, parfois même oubliées. Cette Histoire génère des codes, des usages, des réflexes. Et des divorces brutaux deviennent implacables si ces composantes sont inconnues ou méprisées. C'est tout le problème des néos dans une géographie. Il faut beaucoup d'humilité, de curiosité pour apprendre quand on est nouveau. Sinon des décalages naissent vite. Avec les migrations actuelles d'origines diverses (économiques, pauvretés, guerres …), c'est un enjeu qui va prendre une importance croissante manifeste. Cette réalité mériterait d'être mieux considérée dans de très nombreux endroits. 

  • La vérité sur la crise de 2008 verra-t-elle le jour ?

    Yanis Varoufakis 14 10 17
    Le livre de Yanis Varoufakis sur la crise de 2008 est terrifiant. En juillet 2015, Yanis Varoufakis avait révélé avoir secrètement enregistré certaines réunions de l’Eurogroupe, ce club informel des ministres des Finances de la zone euro. Il s’était alors engagé à en dévoiler le contenu dans un livre. C'est fait avec Conversations entre adultes. Et dans ce livre, comme déjà évoqué par des auteurs alors rapidement marginalisés, Yanis Varoufakis démontre qu'il n'a jamais été question de sauver la Grèce mais de sauver des banques trop exposées.  Un livre qui est terrible sur les rapports de forces au sein de l'Europe, sur les véritables objectifs de l'Europe, sur le fonctionnement des démocraties occidentales et sur la puissance sans contrepoids de l'Allemagne. Il mériterait davantage d'exposition médiatique. Si ce n'est pas le cas, sans tomber dans la détestable mentalité du complot, il y aura de sérieuses questions à se poser sur le quadrillage du système démocratique européen… La vérité sur la crise de 2008 sortira-t-elle seulement un jour … ?

  • Le signe oui est celui d’un être humain qui s’endort, mais au contraire, le réveil secoue la tête et dit … non

    Femme 18 05 13

    Cette interprétation du signe des gestes est celle d'Alain sur la religion. Pertinente. Le vrai mystère, c'est quand l'habitude est au oui pourquoi passe-t-elle au non ? C'est le mystère de l'actuel scandale sexuel aux Etats-Unis avec le producteur de cinéma. Pourquoi maintenant ? Parce que le non est d'abord l'affirmation de soi. Réaliser que le sens d'une vie, d'une attitude existe davantage que le sentiment que peut en avoir l'autre. Ce déclic dépend parfois de peu de choses. Et lorsqu'il se produit, tout change. La Catalogne. La présidentielle 2017 en France face au vieux monde politique. Trump en novembre 2016 face au couple Clinton usé par ses comédies pathétiques et son addiction au pouvoir … Le non c'est aussi l'affirmation que demain n'a pas mécaniquement vocation à ressembler à hier. Ce sentiment progresse. Heureusement. Et ce progrès mériterait d'être mieux considéré parce que des barrières traditionnelles ne vont plus tenir longtemps dans de nombreux domaines. Enfin !

  • 5 713 : toujours en tête !

    Obama militante

    Un grand merci aux nombreux étudiants qui ont placé mon livre sur la campagne Obama en tête des visites sur slideshare. Du retard a été pris dans les réponses à certaines questions transmises par des étudiants tout dernièrement. Mais chaque question recevra une réponse précise. Le 10 octobre 2008 ne fut pas une journée comme les autres. C'est la première fois que, tous organismes de sondages confondus, Obama devançait McCain avec un tel écart et tout particulièrement dans les collèges électoraux des femmes, des jeunes et des hispaniques. Obama était à + de 50 % d'intentions de votes quand McCain plafonnait à 42 % au mieux. L'écart était creusé. Une époque particulière avec un engagement citoyen record. Il ne peut pas y avoir de démocratie vive sans engagement citoyen actif. C'est une réalité qui mériterait d'être mieux considérée dans de nombreuses autres démocraties actuellement. 

    Obama 14 04 12 bis

  • Pour la disruption, le compte n’est pas bon

    Facebook 04 10 17

    Trump, Macron, Trudeau, Catalogne … et la liste pourrait durer longtemps ; un point commun au-delà de la diversité des situations : la victoire de la demande de disruption. C'est une demande plus forte que le simple changement. C'est la rupture totale, radicale, brutale. La demande existe. Elle existe si fortement que chaque offre qui parait porteuse de ruptures de ce type connait le succès. Mais le succès quand ? Jusqu'où ? Le temps d'une campagne électorale et après ? L'opinion occidentale moderne est lasse de sa gouvernance classique : les partis, les syndicats, les corps intermédiaires qui coûtent si cher pour si peu de résultats … L'opinion est en avance sur la gouvernance. Elle a conscience que le "système actuel" ne peut plus continuer.  Elle n'est plus dupe des mots comme des chiffres. Il n'est pas possible de gâcher la planète au point de voir les premiers novateurs monter officiellement un business model pour la recherche d'une … autre planète. Il n'est pas possible de ne pas vivre une démocratie plus respectueuse des citoyens. Il n'est plus possible d'accepter une guerre de religion où la réponse des uns puisse résider dans l'élaboration de cortèges compassionnels pour les victimes avec cellules psychologiques pour encaisser le choc dans l'attente du prochain. Et il n'est certes plus possible d'accepter un tel écart de richesses mais pas davantage un tel écart de travail entre ceux qui produisent et ceux qui vivent de la redistribution. Tant que "le système sortant" n'accepte pas cette nécessité de ruptures, il alimente les colères, les augmente et leur éclosion ne deviendra que plus redoutable. C'est la réalité du moment qu'il faut accepter. L'économie a vécu sa disruption avec le numérique sur une séquence temps d'une brièveté historique. Pourquoi la gouvernance publique ne vit-elle pas cette même rupture ? Tant qu'elle est reportée, les colères augmentent.