Denis Bonzy

Catégorie : International

  • La France et le confort trompeur de sa violence politique

    Quand on compare les ambiances hier entre d'un côté l'installation du Congrès américain et d'un autre côté la rentrée politique en France, on ne peut être que surpris par la violence qui s'est installée dans la politique française. Le jeu politique français est désormais simple : tout ce que fait l'autre est mauvais. 

    Rien n'est cool. Tout ne semble que haine généralisée, mépris, irrespect de l'autre.

    Cela tranche singulièrement avec la cérémonie des serments hier présidée par Biden : selfies, appels téléphoniques familiaux … Dans une démocratie, l'autre est un concurrent pas un ennemi.

    Biden 07 01 15

    Cette violence française est confortable. Tout est mécanique. Pas besoin de réflechir c'est en pilote automatique en fonction de l'émetteur. 

    Mais c'est un confort trompeur. Parce que ce pilotage automatique nivelle tout. Le bruit positif comme le bruit négatif. 

    Cette violence politique s'est installée pendant

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  • Syriza ou le réveil de la démocratie

    Syriza est en tête en Grèce. L'enjeu de la législative grecque dépasse largement ce pays. C'est le réveil de la démocratie.

    La démocratie, c'est le respect de trois règles fondamentales :

    la reconnaissance de l'égalité des citoyens, avancée principale de la révolution de 1789,

    le choix par les citoyens,

    la responsabilités du pouvoir.

    Avec la crise de 2008, ces fondements ont été fragilisés. 

    La crise creuse les inégalités. Les inégalités se cumulent et introduisent des différences qui font apparaître l'égalité citoyenne comme une simple égalité théorique face aux nouveaux murs matériels et sociaux.

    La crise a altéré la notion même de choix car le discours de crise a installé une pensée unique comme s'il devait exister une seule et unique solution à la crise.

    Mais surtout, la crise s'est accompagnée d'une irresponsabilité irréelle. C'est probablement cette irresponsabilité que l'Histoire retiendra dans le temps. Pour les fauteurs de crise, rien n'a changé !

    Le peuple paye la crise qui lui a été cachée dans des conditions parfois irréelles comme le dispositif de titrisation institutionnalisé en Grèce sur le conseil officiel et rémunéré de Banques.

    Ces banques n'ont jamais été sanctionnées. Avec un dipositif de garantie des placements privés, des sanctions auraient été nécessaires : faillites de banques fautives, procès de dirigeants bancaires …

    En l'absence de telles sanctions, le besoin de revanche s'exprime par le peuple en quittant les lieux de votes ou en ouvrant des scores inhabituels à des formations extrémistes.

    Dans ce contexte, voter Syriza, c'est faire vivre la démocratie.

    Alexis-Tsipras-l-homme-qui-fait-peur-a-l-Europe

    Parce qu'il y a un choix face à la pensée unique.

    Parce qu'il y a une vision de sanction légitime en refusant de faire payer par le peuple les dettes qui ne sont pas celles du peuple.

    Parce qu'il y a une réhabilitation du peuple en

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  • Casser l’actuel système bancaire : la Silicon Valley va le faire

    Aujourd'hui les changements passent par l'économie et non par la politique. La démocratisation de la musique, c'est Itunes et pas une loi. Celle des informations planétaires c'est Facebook, Twitter, Instagram et pas une loi. Demain celle du film c'est Netflix et pas une loi. La lutte contre les grands monopoles d'informations, c'est Google.

    Jack Dorsey 17 08 14

    … : la liste est longue des réformes de fond portées par le marché et non plus par les institutions publiques.

    Demain, il en sera de même pour le système bancaire. Square, Wealthfront … vont faire exploser l'actuel système  bancaire. 

    Jack Dorsey

    Le discours du Bourget avec Hollande c'est la flûte des politiques qui promettent l'opposé de ce qu'ils font une fois aux affaires. Chirac avait confié l'économie à

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  • Politique : le « privé » a gagné tous les terrains : le « vol » consenti.

    La grande innovation des voeux de Hollande le 31/12/2014 ? Pour la première fois à ce point la communication a porté sur "les coulisses" de la préparation. Même le réseau social Vine a été utilisé pour montrer la préparation. Les médias classiques ont été porteurs d'images et d'infos sur le choix du bureau, les éclairages, les conditions de préparation du Président ...

    C'est une étape nouvelle du narcissisme : faire une émission sur … l'émission !

    Bref, tout ce qui d'ordinaire restait … privé.

    C'est le tournant vrai de 2014 : le privé a gagné tous les terrains.

    Le privé familial avec les débordements de confidences sur des vies intimes dont le succès du livre de Trierweiller.

    Le privé professionnel par exemple à Grenoble avec le succès d'un maire écologiste dont la carte de visite de présentation n'a pas été le programme mais une étape de sa carrière professionnelle personnelle très habilement scénarisée initialement par des journalistes de supports nationaux idéologiquement très proches de l'intéressé puis considérée comme unanimement acquise. 

    Le privé "psychologique" quand toute la primaire de l'UMP repose sur le point de savoir si le tempérament de Sarkozy a changé ou pas. C'est parce que cette donne est essentielle que le premier concerné communique à ce point sur la réconciliation avec Villepin, preuve du changement quand il est ainsi possible de s'entendre avec son "principal ennemi d'hier".

    Et maintenant avec la mode des "coulisses", le privé devient

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  • Les discours ou quand l’âme est inscrite dans les mots

    Je recommande l'ouvrage sorti dernièrement sur les "discours qui ont changé le  monde moderne". Le recueil des discours est remarquable.

    Que montre cette lecture ? La force du discours c'est la preuve que l'image ne suffit pas pour emporter la conviction.

    Et cet ouvrage apporte la preuve du caractère incontournable de l'écrit.

    Discours 25 12 14

    La campagne 2007 de Sarkozy aurait-elle connu le même lancement sans le discours du 14 janvier 2008 ? Celle de Hollande aurait-elle eu la même dimension sans le discours du Bourget du 22 janvier 2012 ?

    Autant de circonstances qui appellent à se poser la question de fond : qu'est ce qu'un discours réussi ?

    Finalement, il y a deux critères essentiels :

    1) c'est quand l'âme est incrite dans les mots : les mots prennent un sens particulier qui rejoint l'imaginaire,

    Obama berlin 08

    2) c'est surtout quand cet imaginaire repose sur un clivage clair entre un discours et un ennemi. Finalement, c'est la qualité de l'ennemi qui fait la force du discours qui s'oppose.

    Que serait de Gaulle sans Hitler ?

    La gauche de Mitterrand sans

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  • La marque Trudeau et la nouvelle politique 2015

    Deux démocraties modernes importantes vont vivre des temps forts électoraux sur 2015 qui vont impacter les autres pays : les Etats-Unis et le Canada.

    Les Etats-Unis vont entrer dans le dispositif des primaires pour 2016. Avec la fin de la présidence Obama, c'est toute une génération démocrate qui peut être emportée comme elle le fut déjà pour partie lors des élections intermédiaires de novembre 2014. La jeune génération républicaine va passer à l'assaut.

    Ce style de "jeune génération" c'est la "marque Trudeau" au Canada.

    Justin Trudeau 30 01 13

    Son père avait déjà modifié le leadership politique. Mais Justin Trudeau peut entièrement le révolutionner. C'est encore un étage de plus dans le "star système".  Tout est médiatique. Tout doit être charme. Toute bataille va se gagner par les images et surtout par l'émotion.

    Il ne s'enlise pas dans la politique mais

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  • 2016 : le temps soigne mais il tue aussi …

    Je suis actuellement assez surpris par les commentaires sur Jeb Bush ou Hillary Clinton. Ils me rappellent le reportage d'Anderson Cooper en mars 2008 sur la primaire démocrate. Le journaliste dit à Obama "alors vous faites un tour de chauffe pour la présidentielle d'après ?". Quelques mois plus tard Obama gagne la primaire démocrate et la présidentielle. Pour un "tour de chauffe" c'est assez réussi !

    Pour le multiples raisons, les journalistes sont très "membres du système". 

    Mais l'opinion n'est pas "membre du système". Elle est à l'extérieur et elle veut sanctionner le système.

    Actuellement, la personnalité la mieux placée pour 2016 c'est Elizabeth Warren. Son danger c'est la situation internationale. Si l'international prend le dessus (terrorisme  …), l'avantage ira à un Républicain rassurant. 

    Elizabeth Warren 17 12 14

    Mais si l'international n'éclipse pas le reste, Elizabeth Warren a le profil des circonstances.

    Elle pousse le rêve américain une étape plus loin :

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  • Edition : la vente des livres progresse à Québec mais baisse en France

    Hier, l’Institut de la statistique du Québec a indiqué que les ventes de livres neufs de la part des éditeurs, distributeurs, librairies, grandes surfaces et autres points de vente ont atteint 688 millions au Québec en 2013, par rapport à 678 millions en 2012. Il s’agit d’une hausse de 1,5 % ou 10 millions entre les deux années.

    En France, sur la même année (2013), les ventes de livres ont baissé  en volume (- 1%) et baissé en valeur globale (- 1,5 %)

    Ce choc de deux chiffres contraires devrait inciter à la réflexion et surtout à des corrections de politiques du livre.

    Trois différences majeures existent :

    1) En France, la loi Lang sur le prix unique ne permet aucune réactivité du produit face au marché. Le Québec ne connait pas de loi Lang. 

    Arthaud 11 04 13

    La loi Lang est une rente de situation pour les grosses structures d'édition et un handicap pour les structures légères. Un livre ne connait en France que deux cycles : celui de sa commercialisation et celui de sa … casse. Il n'y a pas de situation intermédiaire pour tenter de le relancer dans un cycle commercial par la fluidité du prix.

    Au moment où il est question de dérégulation, dans le domaine de l'édition, la loi Lang devrait être supprimée.

    2) La concurrence para-publique n'existe pas à Québec alors même

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  • L’importance de la marche aujourd’hui à Washington

    "C'est n'être bon à rien que d'être bon qu'à soi-même" : cette formule de Voltaire est un peu excessive mais elle porte un sens qui mérite réflexion. Dans la nature humaine, il doit y avoir une dimension qui dépasse sa seule survie personnelle. 

    Aujourd'hui la marche à Washington pour lutter contre les traitements différents liés à la couleur de peau est un enjeu universel.

    Pendant des décennies, notre civilisation a réfléchi sur la notion de progrès : le contenu, les menaces …

    Progressivement, ce qui a marqué les étapes importantes a été la reconnaissance de la primauté donnée à l'individu, à chaque individu. 

    C'est d'ailleurs la force de la religion chrétienne que d'avoir défendu à la fois l'universalisme, la reconnaissance de la différence et la place de l'individu.

    Un individu responsable, unique, respecté par les pouvoirs.

    C'est très surprenant et inquiétant de voir ce progrès remis en cause.

    Il est remis en cause quand il y a place au doute sur l'existence de violences liées à une couleur de peau.

    Quand des pouvoirs veulent imposer à des adultes majeurs responsables la façon de vivre leur vie en choisissant le partenaire qu'ils aiment.

    Quand cette liberté individuelle devrait être fractionnée, vécue alors comme une sous-liberté, oui à l'union mais non à l'adoption.

    Quand des services publics de l'enseignement sont faibles  au point de laisser à la reproduction mécanique de statuts intellectuels ou matériels la sélection face à des formations.

    Quand des fascismes religieux défendent une conception de l'islam où  l'orgueil d'une religion serait de s'imposer aux autres. 

    Il y a des moments où l'importance d'enjeux devient le marqueur de défis aux progrès de notre civilisation.

    Aujourd'hui à Washington, la marche pour l'égalité est l'un de ces enjeux. 

    Obama 13 12 14

    En novembre 2008,

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  • Vox et la bataille de « l’autre information »

    L’éditeur américain de médias sur Internet Vox Media, qui compte à son actif le site Internet Vox a finalisé une importante levée de fonds de 46,5 millions de dollars auprès du fonds d’investissements new-yorkais General Atlantic.

    Parmi ses investisseurs historiques : Accel Partners, ComCast Ventures et Khosla Ventures.

    Ezra Klein Vox

    Ce site donne un exemple de "l'autre information" par l'apport d'un réel contenu technique.

    Ces sites devraient connaître un bond d'audiences avec la présidentielle 2016.

    Celle de 2008 avait été le vrai faire part de naissance des premiers sites de ce type.

    En effet, pendant la campagne 2008, plusieurs sites ont alors pris une part décisive dans le circuit de l’information.

    1) huffingtonpost.com : ce site a acquis son statut de référence pendant la campagne avec un traitement de l’information capable de concilier l’impertinence et l’analyse sérieuse.

    2) dailykos.com : un classique qui s’est affirmé pendant la campagne.

    3) talkingpointsmemo.com : un site à l’ancrage militant plus affirmé. Il a conduit des campagne négatives très offensives contre

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