Dès le 6 décembre 2016, je signalais la nécessité de suivre le "tournant d'Axios" avec attention. Les Echos viennent de consacrer le 6 juillet 2021 un long article au "phénomène Axios", société désormais valorisée plusieurs centaines de millions de dollars. Deux tendances sont nées ces dernières années en matière d'information. 1) La structuration en presse d'opinion. 2) Alors que l'opinion et la pression des annonceurs publicitaires structurent la politique éditoriale manifestement, se créent des niches pour une information des seuls faits : la "smart brevity" : info brève : des faits. Et cette information se démultiplie à partir de créneaux thématiques. Cette dernière logique, c'est Axios. Il y a d'un côté ceux qui disent ce qu'il faut penser, et d'un autre côté ceux qui donnent des faits hyper concis mais solides laissant ensuite chacun libre de penser à partir de faits avérés. Ce sont les deux pôles de l'information actuelle. A ces deux logiques correspondent deux autres repères : 1) l'information classique (papier) ce sont d'abord des entreprises qui doivent faire tourner des rotatives. Il faut imprimer. 2) L'information "moderne" c'est du numérique : la structure est donc totalement différente. Il faut chercher et trouver les faits mais sans passer par l'étape de l'impression. Donc la rentabilité est modifiée et l'indépendance est plus vite trouvée par la rentabilité interne. L'époque est en train de vivre une autre information. Pour revenir à notre article du 6 décembre 2016, cliquer sur le lien suivant : Axios.
Catégorie : International
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Les partis politiques ne sont pas éternels …
Les réactions sur l'accord en PACA sont très intéressantes. Pour l'opinion, les partis politiques sont éternels. Ce n'est pas la réalité. En France, le cimetière des partis politiques compte déjà le PCF passé en 30 ans de 20 à 05 % de l'électorat. Le Parti Radical qui était au coeur de la III et IV République et qui aujourd'hui est sur le plan national marginal. Des partis politiques meurent dans leur capacité à détenir principalement le pouvoir. En France, un parti politique n'a pas d'espoir sans présidentiable performant. C'est le présidentiable qui fait vivre le parti et non plus le parti qui donne naissance à un présidentiable. Des partis politiques meurent donc mais dans la discrétion et en douceur avec le temps sur une séquence de 20 à 30 ans. Ce qui est nouveau c'est l'accélération de cette séquence temps avec deux partis dans l'antichambre de la mort : les LR et le PS. Comme si pour la première fois à ce point, le pays à l'éclatement des partis devait vivre sur la base d'une réduction de ses forces politiques avec deux approches radicalisées sur des bases distinctes et un noyau central ayant vocation à rassembler les modérés. Le véritable clivage est désormais entre les modérés qui vivent dans la nuance et la durée comme repères incontournables de gouvernance et les radicaux qui vivent dans des blocs de certitudes et l'attente de résultats rapides. C'est le choc dans la quasi totalité des démocraties occidentales. Samedi dans l'Utah lors la Convention Républicaine, Mitt Romney, pourtant Sénateur de cet Etat, a eu les pires difficultés à s'exprimer. Les pro-Trump lui faisaient "payer" ses votes de faible solidarité. Là bas, l'enjeu n'est pas à la réduction des partis mais à leur explosion. Comment les modérés et les radicaux peuvent-ils cohabiter dans le même parti ? Les crises généralisées éprouvent manifestement les repères classiques de gouvernance. Nous sommes bien entrés dans un cycle grave de précarités multiples.
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John Kerry : combien de tours du monde …
En France, souvent, être responsable public, c'est devenir "fonctionnaire bis" : une vie au bureau et seulement parfois sur le terrain tout particulièrement pendant les périodes électorales mais si peu en dehors des périodes électorales. L'engagement public de John Kerry c'est toujours le choix du terrain. Quand j'ai participé à son équipe électorale sur Boston, ce fut une découverte totale que cette présence permanente sur le terrain. Etre sur le terrain car le choix de ses collaborateurs était le critère de l'excellence pour gérer les dossiers. Et d'ailleurs son directeur de campagne de l'époque a connu ensuite une carrière professionnelle d'excellence au plus haut niveau dans le privé. Pendant des décennies, John Kerry a ainsi couvert une circonscription électorale immense. Puis les déplacements permanents à Washington, siège du Sénat. En 2002, il s'est engagé dans une primaire Démocrate pour la présidentielle. Et ce fut alors le tour de l'Amérique. Puis ce fut la campagne de 2004 : épuisante : quadriller les comtés des Etats-Unis. Ensuite, Secrétaire d'Etat (2012 – 2016) et là le tour du monde en permanence. Et maintenant, cela reprend pour s'occuper du climat. Impressionnant dans la capacité à vivre des déplacements permanents.
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Jeff Bezos ou quand l’inattendu va même au-delà de l’imaginaire
Avec la crise sanitaire Covid-19, tout particulièrement dans des pays industrialisés, l'idée d'une pandémie de ce type avait été chassée des esprits. Dans un domaine plus positif, pour Jeff Bezos, l'inattendu va également au-delà de l'imaginaire. Fin août 2000, il vient en France (Paris). En fin d'après-midi, une rencontre a lieu sur une péniche. Les organisateurs peinent à trouver des participants. A cette époque, Jeff Bezos est considéré comme "hors sujet", voué à la faillite toute prochaine. Même Les Echos rédigent un article sur sa quasi-impossibilité à pénétrer le marché français face à fnac.com, Alapage, Chapitre.com … Pour avoir été présent sur la péniche, ce qui m'a marqué c'est son assurance. Feinte ou pas (?), pas un millimètre de doute dans son esprit. 20 plus tard, il a dépassé ce que personne à cette stade ne pouvait même imaginer. Dans l'actuelle période de doutes, voire de désespérance, c'est agréable de voir le succès d'une telle capacité de résistance et de foi dans le projet de celui qui était moqué parce qu'il avait été contraint de faire appel aux économies de ses parents pour lancer son entreprise car personne n'y croyait au tout début …
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Le décès de Ruth Ginsburg et la crise systémique française de sa « Cour Suprême »
Ruth Ginsburg est décédée. Elle était juge à la Cour Suprême des Etats-Unis. La nomination dans cette instance capitale répond à trois règles. 1) Etre juriste reconnu : Ruth Ginsburg était ancienne élève d'Harvard, avocate. Elle avait plaidé et gagné à plusieurs reprises devant la Cour Suprême. Elle enseignait le droit … 2) Franchir un examen sérieux des commissions parlementaires avec des auditions publiques rudes. 3) Reconnaître un ancrage idéologique mais aussi dans ses actes passés la capacité à s'en détacher. Bref, l'opposé du processus en France pour le Conseil Constitutionnel. En France, il n'est pas nécessaire d'être juriste. Il n'y a pas d'examen sérieux sur le parcours. Et surtout, avec une logique hors sol irréelle, même avec un parcours politique militant notoire, les intéressés d'un coup s'en détacheraient pour avoir une absolue virginité idéologique. Avec de telles fictions, il y a encore des personnes pour s'interroger sur la crise du droit en France dans les arbitrages du Conseil Constitutionnel …
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Covid-19 : le temps des explications nécessaires doit s’engager
S'interroger n'est pas polémiquer. Questionner n'est pas critiquer. Dans les moments de crises, chaque pouvoir dresse le piège de l'union nationale : forme d'obscurantisme destinée d'abord à faire taire tout débat possible. Or, pour adhérer aux objectifs d'une gouvernance, publique ou privée, il faut préalablement être sûr de la qualité des objectifs poursuivis. Aujourd'hui, un volet n'est jamais traité ou si peu : comment expliquer, à l'écart de toute théorie du complot ou polémique partisane, les chiffres suivants des décès : France (10 328), Allemagne (2 016), Royaume Uni (6 169), Suisse (821), Canada (381), Portugal (345), Israël (65), Australie (49), Danemark (203) … Il doit y avoir une explication dans une telle différence de chiffres officiels du nombre total par pays des décès liés au Covid-19 ? Pourquoi cette explication n'est-elle jamais abordée ? Chaque état de crise a d'abord été la crise de la vérité. Chaque "guerre" a d'abord été un terrible théâtre de manipulations outrancières de l'opinion. Aujourd'hui, dans des circonstances d'une telle gravité extrême, le premier médicament collectif utile c'est la vérité. Ces écarts nécessitent des explications calmes, sérieuses.
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Maltraitance animale en France : combien de temps encore ?
Le système public français fonctionne à partir de règles trop faciles à décoder pour cacher un immobilisme gravissime : n'organiser des comparaisons notamment via les chaînes de la TV d'Etat qu'à la condition que les comparaisons ne soient pas trop défavorables à la France. Les coups d'éclairages sont très sélectifs. Prenons la maltraitance animale qui bat des records en France actuellement : abandons d'animaux, coq vivant décapité par les dents avec vidéo sur Internet, chiens traînés par des scooters dans des quartiers dits avec pudeur "difficiles" … Que se passe-t-il ailleurs ? Exemple récent : dans le Rhode Island (USA) : a été approuvée dernièrement une loi sur le fichage des individus coupables de maltraitance animale. La chambre des représentants de l’État de Rhode Island aux États-Unis a approuvé un projet de loi qui vise à ficher toutes les personnes qui ont maltraité des animaux. Ceux qui ont fait preuve de cruauté envers les animaux ne pourront plus en posséder pendant 15 ans. Si elles sont reconnues coupable une deuxième fois, l’adoption sera interdite à vie. Les personnes fichées devront également payer une taxe de 125 dollars qui sera utilisée pour maintenir le registre en ligne. Ce registre sera visible par tous les refuges pour animaux ainsi que par les agences d’adoption d’animaux. Ils auront le devoir de vérifier la liste des personnes fichées avant chaque adoption. En août 2018, Charlie Baker dans l'Etat du Massachusetts avait promulgué une loi remarquable. Désormais, le Rhode Island, remarquablement géré par Gina Raimondo, met en place un dispositif dissuasif. Et en France, dans le même temps, les mornes parlementaires français n'ont même pas été capables de limiter les transports collectifs d'animaux par temps de canicule. Il y a des comparaisons qui font mal.
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Quand l’élastique va claquer …
Jusqu'où la France peut-elle pousser la déresponsabilisation individuelle ? C'est la question de fond du moment. Pourquoi ? Notamment parce que le contribuable a gagné sur l'usager. Cette victoire culturelle dans le grand nombre change toute la donne. C'est d'abord la question du "combien cela nous coûte avant du combien ils vont bénéficier". Le dernier exemple en date : les otages au Bénin. La gestion du dossier est un tollé généralisé. Jusqu'où est-il toérable de renvoyer à une gestion publique un comportement privé aussi risqué ? La France n'arrive pas à rouvrir une page qui est celle du respect de la responsabilité individuelle. Des familles ont choisi la guerre religieuse contre la France. Quelles conséquences pour elles ? Presque aucune puisque les contribuables français vont jusqu'à payer leurs avocats. Prenons un autre exemple moins polémique : la gestion du grand âge. Que se passe-t-il en France ? Les contributions vont être augmentées pour que du public ou du privé gère les seniors ++. Et les familles où sont-elles ? Que se passe-t-il à l'étranger ? Des facilités y compris financières importantes sont attribuées aux familles qui s'engagent auprès de leurs seniors. Prenons l'exemple de l'assistance à l'enfance en danger. Quelles conséquences pour les familles incapables d'honorer leur responsabilité ? Rien. Faire des enfants et ensuite c'est à la société de les élever. Et la liste pourrait durer longtemps : l'irresponsabilité a gagné partout du terrain en France. Dans les autres démocraties occidentales, le peuple refuse cette logique. Regardons avec lucidité des marqueurs actuels qui sont loin d'être neutres : aux Etats-Unis, Trump est plus populaire que les dernières années d'Obama. En Grande Bretagne, Nigel Farage (parti du Brexit) est en tête avant le vote de fin mai. En Allemagne, Alice Weidel fait des scores considérables. Et la liste pourrait durer longtemps. Tous ces marqueurs vont dans le même sens : le refus d'une irresponsabilité ambiante prisonnière de la culture de l'Etat providence ouvert à tous les vents. En France, Macron manque ce rendez-vous. L'anti-système perçu de 2017 est le gestionnaire du système depuis sa victoire. Il tire sur l'élastique comme le choix de l'usure face aux Gilets Jaunes. Mais l'élastique va claquer. En démocratie, on ne gagne jamais contre l'opinion. Les Européennes vont être en France d'abord la victoire de l'abstention puis probablement celle du Rassemblement National. C'est une gueule de bois terrible pour le jour d'après. Il serait temps que des inflexions attendues par les citoyens soient opérées. Il faut rétablir des règles de responsabilité individuelle.
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Que restera-t-il après … ?
Depuis longtemps déjà, c'est une question majeure de toute existence : que restera-t-il après ? Est-ce qu'une vie peut se résumer à une plaque avec deux dates : naissance / décès ? Depuis le début, je n'ai jamais eu d'illusion sur la mémoire collective. C'est un enjeu qui ne m'intéresse pas. Tout ce qui est collectif est éphémère, controversé, trop partagé. En revanche, quelques personnes sont des enjeux. Bien sûr d'abord ses enfants. Cette semaine, j'ai eu un réel plaisir à découvrir la tribune de notre fils Thomas dans les Affiches. Pendant près de 25 ans et dès leur plus petite enfance, avec Marie, nous avons veillé à faire partager à nos deux fils chacune de nos passions. Même dans un pays très souvent américanophobe comme la France, nous n'avons jamais caché notre intérêt pour les Etats-Unis, pour les grands espaces, pour une terre de libertés … Leurs séjours y ont donc été nombreux et diversifiés. Pendant toutes ces décennies, nous avons ainsi veillé à faire découvrir à nos enfants ces territoires, leur diversité. Mais aussi des interlocuteurs. A mesure que Jonathan et Thomas grandissaient, ils étaient associés à des réunions de travail. Puis j'ai constaté que Thomas était devenu Membre actif de la French-American Foundation, Membre des Chambres Internationales de Commerce de New-York et de Boston. Et enfin cette semaine, découvrir l'article de Thomas dans les Affiches relatif aux Etats-Unis cela peut montrer qu'il peut quand même rester des traces durables de telles situations. C'est comme quand des anciens étudiants m'adressent via LinkedIn des informations sur leurs cursus professionnels avec un petit mot sympa. C'est toujours une embellie sérieuse. Quelques mots qui font du bien. Pour s'en priver de le reconnaître ?
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Toujours grave de se résigner aussi facilement à ce que des questions puissent rester sans la moindre réponse
Le Watergate n'a été possible que parce qu'une femme, Katharine Graham, qui prend les rênes du Washington Post dans des conditions très particulières fonctionne avec une règle simple : les questions sérieuses ne doivent jamais rester sans réponse. Et c'est à ce titre qu'elle soutiendra Woodward et Bernstein. Le Watergate. La démission de Nixon … Elle avait observé la descente aux enfers de son époux, Philip, jusqu'au suicide à 48 ans dans leur salle de bain, revolver à la main. Et celle qui avait "fermé les yeux" dans sa vie privée allait choisir de toujours permettre de les ouvrir pour qu'une question grave ne reste jamais sans réponse. Une réponse juste. Solide. Exacte. Vraie. C'est la réponse qui serait utile sur les facteurs du comportement de Juncker avec cette vidéo qui enflamme la toile. Pourquoi ce silence ? C'est toujours grave de laisser des questions aussi naturelles sans la moindre réponse vraie.