Denis Bonzy

Catégorie : International

  • La civic-tech peut-elle changer la démocratie ?

    Obama team 28 10 15

    Du 7 au 9 décembre, Paris accueille une conférence internationale sur un sujet important : la civic-tech et la démocratie moderne. C'est un sujet au coeur des actuelles priorités puisque les citoyens sont lassés des actuelles conditions de dysfonctionnement de la classe politique qui cantonne les citoyens au chômage civique entre deux élections. Les démocraties occidentales sont confrontées au défi du numérique : une information mieux partagée, plus diverse, plus réactive … Et des élections majeures comme la récente élection américaine montrent que des défis nouveaux sont incontournables. La civic-tech c'est à dire les technologies appliquées à la vie civique portent des modifications profondes. De nombreuses interrogations existent. 

    C'est aujourd'hui le véritable critère de clivages dans les gouvernances publiques. Les collectivités qui vivent les technologies nouvelles pour faciliter la gouvernance et d'un autre côté celles qui retardent, volontairement ou pas, cette évolution. Globalement, les collectivités françaises s'avèrent peu imaginatives et audacieuses en la matière. Dommage. 

    NB : pour rappel, les parties ci-dessus du texte qui sont en bleu et en gras renvoient sur d'autres articles en cliquant simplement sur ces liens.

  • Quand tout s’accélère … ou reste-t-il encore une place pour une autre information ?

    Leaders occidentaux

    La photo ci-dessus date du 25 avril 2016. Et à fin 2016, sur 5 leaders occidentaux de puissances majeures, 5 d'entre eux ont perdu le pouvoir. Cameron a perdu le pouvoir en mai 2016 lors du Brexit. Hollande et Renzi ont perdu le pouvoir dans la même semaine pour des raisons différentes. Quant à Obama, il est sur le départ sans avoir lutté pour cause de contraintes légales de non cumul de mandat mais c'est un opposant résolu qui va lui succéder (Trump). 

    7 mois plus tard, le pouvoir a changé de titulaires à une exception près.

    C'est le moment choisi par des investisseurs et des journalistes américains pour lancer une "autre information" : plus réactive, plus brève, bref plus en adéquation avec le monde moderne. Ce site c'est Axios. Il sera lancé très prochainement. C'est une expérience à suivre avec attention. Reste-t-il encore une place pour une autre information et si oui quel doit être son contenu comme ses supports ? Un très beau sujet. Réponse dans quelques semaines avec Axios. Peut-être ?

    Axios

  • Vision / Gestion : la vraie différence

    DdV 25 04 16

    Hier sur BFM TV, Dominique de Villepin a donné la démonstration en quelques minutes du contraste avec la mièvrerie qui caractérise l'actuelle vie politique française. Comment l'opinion publique française pourrait-elle avoir du punch quand elle observe une vie politique aussi nulle, sans souffle, composée pour une grande partie par un personnel politique incapable de faire autre chose que de débiter toujours les mêmes formules destinées à caresser l'opinion dans le sens du poil du moment ?

    Les vrais enjeux sont ailleurs. D'abord avoir une vraie vision qui passe par un cap précis sur plusieurs années. Ensuite, avoir la "vision contagieuse" c'est à dire faire partager un enthousiasme par le grand nombre donc l'appeler à se dépasser. Enfin, avoir des représentants dont on peut être fiers par leur culture, par leurs compétences, par leurs capacités à mobiliser comme à se réaliser en dehors du cercle politique.

    Que ce constat soit aussi l'occasion pour moi de remercier toutes celles et tous ceux qui ont gardé une amitié solide du temps où, avec Sihame Arbib, Dominique de Villepin m'avait confié l'organisation nationale du réseau de la mobilisation citoyenne. Quand la solidarité naît à l'écart des sondages, elle dure. C'est d'ailleurs probablement le vrai effet pervers des sondages pour Juppé : lui avoir ramené un cortège d'opportunistes portés par les premiers sondages et les jours personnels faciles qu'ils en déduisaient …

    Le jour où les "Villepin" reviendront en politique, la France pourra retrouver de l'espoir. Pour le moment, elle se contente de candidats de faibles divisions à deux ou trois exceptions près. Peut-être que c'est finalement l'ajustement du pays à sa vraie dimension … ?

  • Une démission climatique en toute discrétion …

    Espèces d'ours 2 13 10 16

    Il y a 15 jours, la COP22 décalait à la COP24 (2018) l'arbitrage sur les mesures concrètes visant à appliquer les orientations de la COP21 (Accord de Paris de décembre 2015). Précisément, l'Accord de Paris ne trouvera pas application avant le 1er semestre 2019 puisque la COP24 se tiendra en novembre 2018. 3 ans de perdus. 

    Le débat des primaires de la Droite s'est terminé il y a une semaine. A-t-il été question du réchauffement climatique ? Jamais. Comme si le sujet n'existait pas. 

    Et la liste pourrait continuer longtemps. Ainsi, exemple parmi d'autres, au Canada, Justin Trudeau vient de céder sur deux nouveaux oléoducs…

    Tout se passe comme si la démission climatique s'installait. C'est ce qui explique que le Pape en soit conduit à demander aux scientifiques de se mobiliser parce qu'il ne croit plus aux politiques. Une situation irréelle. 

    Sur un sujet décisif pour son devenir, la planète court manifestement à une crise de plus en plus grave mais au moins elle y va avec discrétion, comme si de rien n'était … bref avec la même méthode que les années qui ont précédé la crise financière de 2008. 

  • L’événement le plus important de la semaine écoulée : Viadeo !

    Viadeo

    Mardi 29 novembre, Viadeo a été placée en redressement judiciaire. C'est le marqueur le plus important d'un tournant des marchés.  L'étape pendant laquelle des sociétés pouvaient vivre des placements des investisseurs et non pas des recettes des clients est passée. Finie. Ce tournant était annoncé depuis une quinzaine de mois. Je l'ai évoqué à de nombreuses reprises. C'est une étape nouvelle qui s'ouvre.

    Ce nouveau cycle s'ouvre dans un contexte qui mérite l'attention. L'énergie repart à la hausse. Les taux d'intérêt vont redémarrer aussi. Le protectionnisme gagne du terrain notamment aux Etats-Unis où l'Administration Trump semble solide ce volet. C'est dans ce contexte que les Français vont prendre conscience des occasions manquées ces 5 dernières années. Aux Etats-Unis, le taux de chômage vient de passer en novembre 2016 en-dessous des 5 % de la population active c'est à dire au niveau de 2007 soit avant la crise de 2008 ! En France, ce taux est de plus du double.

    Est-ce le moment dans ce contexte où la crise sous de nouvelles formes est devant qu'il faut lever des pans entiers de couverture sociale ? La sagesse veut que c'est en période de croissance saine qu'il faut alléger la couverture sociale. Si cette évolution se produit en période de crise, la "casse humaine" est considérable. 

    Une réalité qui montre aussi, si besoin était, le décrochage dans le temps entre l'adoption d'une politique et l'impact concret. Pour Obama, il lui a fallu 5 ans pour infléchir la tendance de 2008 et avec des mesures volontaristes considérablement plus élevées qu'ailleurs puisqu'il a opéré des nationalisations ponctuelles provisoires. 

    La France risque de payer très cher dans ce nouveau contexte l'amateurisme des dernières années car un sérieux "gros temps" s'annonce et cette tempête très sérieuse va être affrontée par un pays très fragile.

  • La fin des plafonds de verre

    JFK Library 2 02 12 16

    Le concept du plafond de verre est né dans les 10 dernières années en politique. L'idée est simple : il y aurait des seuils infranchissables pour tel ou tel candidat. C'est presque une approche d'analyse boursière appliquée à la politique : l'idée de tunnels quantitatifs à l'intérieur desquels une valeur ou une marque politique peut fluctuer mais avec la sécurité de ne pas franchir un plancher technique ni un plafond technique. 

    Les plafonds de verre sautent les uns après les autres. Dernier exemple en date, en France, Fillon qui manque de peu de passer dès le 1er tour après avoir été 15 jours auparavant dans le "plafond de verre" du 15 % au mieux. 

    L'opinion publique a gagné en maturité de décision comme en pluralité d'informations. Elle se libère donc des "tunnels" dans lesquels les analyses quantitatives l'emprisonnaient. C'est une nouvelle donne majeure. 

    L'article paru dans Les Echos du 30/11/16 sur les nouvelles sources d'informations dont la part nouvelle des "fausses informations" présente de façon très réussie l'un des volets nouveaux de cette réalité. A l'intérieur de cet article globalement de qualité, des points sérieux méritent la contestation. Ce qui est sûr c'est qu'une nouvelle démocratie d'opinion est en train de naître avec des contingences fondamentalement nouvelles. Une période très intéressante.

  • La révolution de l’information géographique

    Pollutec 16 01 12 16

    Le salon Pollutec 2016 porte de nombreux enseignements. L'un d'entre eux concerne la révolution de l'information géographique. Dans des domaines comme l'eau ou plus globalement l'environnement, l'information géographique connait une révolution au contenu quasi-irréel. Par la précision des données, par leur visualisation, par la réactivité immédiate des informations à partager … : c'est un univers totalement nouveau qui est engagé. Avec Didier Richard, dès 1998, nous avions été les premiers à nous engager sur le "chemin" du numérique appliqué à l'information géographique. C'était tôt. Les moyens ne faisaient pas la différence avec "l'info papier". Maintenant, ces deux supports ne partagent plus la même division. L'écart a été creusé. Il va s'amplifier de façon considérable dans les deux prochaines années.

    De même, autre révélation de ce salon remarquable : les possibilités de l'impression 3D notamment en matière de santé. Les champs d'applications ouvrent des perspectives considérables. 

    Trois autres constats sur le terrain :

    1) les exposants étrangers stupéfaits par la morosité française ambiante,

    2) le stand "Nouvelle Aquitaine" qui surclasse tous les autres stands des collectivités territoriales,

    3) une affirmation considérable de ce salon technique professionnel qui pourrait vivre de 2014 à 2016 un passage de 60 000 à 100 000 participants (exposants et visiteurs). Ce qui montre, si besoin était, que des salons d'excellence en région ont toute leur place. Et ils constituent une formidable locomotive pour l'ensemble du tissu économique local dont les commerces, restaurants et hôtels.

  • Gouvernance et impopularité ne sont pas irrémédiablement jumelles

    Obama 3 18 11 16

    Il faut reconnaître au moins une qualité aux nuls : leur capacité à dénicher des plus nuls qu'eux pour ne pas avoir à souffrir la comparaison. Sur le fond, c'est un vrai savoir faire qui rythme actuellement la vie publique française. En conséquence, progressivement, elle s'est installée dans cette culture que gouvernance et impopularité seraient jumelles. Ce qui est faux. Hier, un institut de sondages fiable (Quinnipiac University) a publié un sondage sur Obama affichant une cote d'insatisfaction de … 22 % ! La défiance est pour lui le double de la cote de confiance pour le Président français c'est dire qu'à confiance comparée Obama inflige un 4 / 0 à Hollande. Mais en France maintenant, même en dehors de l'approche la plus difficile qu'est l'intention de votes, les sondages sont disqualifiés. Tout est disqualifié : les chiffres publics, les sondages privés … Un néant abyssal comme si la nullité devenait irrémédiablement contagieuse sans frontière … Heureusement qu'il existe encore des chefs d'Etat qui échappent à ce terrible constat. Les raisons sont évidentes. Mais il peut encore exister en France de la Cour et des obscurantistes pour se demander pourquoi … 

  • Les Français échappent-ils à la vague anti-establishment ?

    Trump 19 09 16

    L'establishment c'est quoi ? Selon le dictionnaire : " l'ensemble des gens en place qui contrôlent l'ordre établi et cherchent à se maintenir". Bref, aucun candidat politique français n'échappe à ce jour à l'appartenance à l'establishment. Voilà la réalité derrière les mots supposés "rebelles". Or cette réalité n'échappe pas aux citoyens et surtout pas aux jeunes.

    Il semblerait que les jeunes aient été très absents de la primaire de la Droite et du Centre. Le vrai phénomène actuel c'est que les électeurs se dérobent. Le Droite a mobilisé sa clientèle traditionnelle majorée de perturbateurs de gauche perdus dans un combat animé par une autre cause. 

    Ce phénomène est actuellement le plus important. Un électorat qui se dérobe montre qu'il est prêt aux votes les moins encadrés. C'est le vrai socle du "trumpisme" : quand la colère devient incontrôlable au point de s'émanciper des voies habituelles. Cet état d'esprit est très présent en France, probablement majoritaire et largement. Mais il n'y a pas encore de porte voix. C'est cette absence qui va poser problème et conduire à des votes protestataires considérablement majorés même sans illusion.

  • Quand le culte de la vitesse dépasse le respect de la précision

    Vote 15 11 16

    Le système électoral n'échappe pas au culte actuel de la vitesse. Tout doit aller très vite. Un vote à peine fini, le résultat doit immédiatement être connu. Aux Etats-Unis, il faut effectuer actuellement deux constats. D'une part, la différence réelle entre Hillary Clinton et Donald Trump n'est pas de quelques centaines de milliers de voix mais de 2 017 563 voix en faveur de la … perdante. Clinton a recueilli 64 223 958 voix / Trump 62 206 395. C'est un écart significatif. Mais le constater ne revient pas à pouvoir contester l'élection car le dispositif juridique est différent du décompte fédéral global. En revanche, d'autre part, plus sérieuses sont les actuelles contestations sur les décomptes dans 3 Etats (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie). Là, il s'agit au total de 46 grands électeurs. Quand Trump a réuni 290 grands électeurs et qu'il y a matière à contestation sur 46 d'entre eux, le sérieux du dossier change. Le dossier du Wisconsin montre que l'objet de la contestation est sérieux notamment dans l'écart dans le croisement entre des chiffres d'électeurs et de résultats pour des montants significatifs (de l'ordre de 7 %).

    C'est comme en France, l'étape de la primaire dimanche dernier qui consistait à devoir signer la "charte de la droite". Au départ, bon nombre des participants croyaient à juste titre devoir apposer leur signature au bas d'une page ayant le contenu même de la Charte. Loin de cette étape formelle, il s'agit d'apposer sa signature sur un registre électoral valant acceptation de la Charte. L'étape est psychologiquement entièrement différente. Tout particulièrement quand 600 000 participants peuvent être considérés comme n'approuvant pas cette Charte. Un chiffre qui signifie que le 1er aurait peut-être pu être élu dès le 1er tour dans un scrutin respectueux des vrais codes (?). Comme que le troisième aurait pu être le second. 

    Quand la démocratie désacralise des règles pour céder à la rapidité, elle n'en sort rarement grandie.