Des signes sont rarement des hasards. Je suis actuellement très agréablement impressionné par la qualité d'avis qui me sont communiqués pour information en réaction au projet de PLUi (Plan Local d'Urbanisme Intercommunal). Des personnes qui ont pris du temps pour étudier des documents souvent compliqués et probablement intentionnellement rendus encore plus compliqués notamment par la multiplication d'acronymes multiples. Mais ces citoyens ont la liberté de ceux dont les fins de mois ne dépendent pas de mandats politiques. La liberté de ceux qui ne dépendent pas davantage de la promesse du prochain mandat annoncée par leurs parrains politiques locaux. Ces citoyens courageux aiment leurs territoires et le défendent avec des exemples précis. Des faits venus du terrain. Implacables. La technostructure de la Métropole de Grenoble, avec des élus sortants si timides face à elle, est en train de recevoir une belle leçon de réalisme, de connaissance du terrain, de talents de bénévoles. Des apprentis directeurs de consciences vont tenter d'expliquer que des chiffres sont faux. Bien sûr, ils ne le feront jamais en présence de ceux qui connaissent le terrain. La Métro reçoit les mots qu'elle mérite négativement. Mais les territoires reçoivent aussi les mots qu'ils méritent positivement. C'est une enquête publique boomerang qui se termine aujourd'hui. Une belle leçon de citoyenneté.
Catégorie : Environnement
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La nature vaut bien une fête
Il faut se méfier des mots qui perdent leur sens premier. Un exemple : neutraliser. A la base, c'est rendre neutre. La Suisse est neutre. Mais neutraliser c'est aussi l'expression "douce" désormais pour … tuer car l'opinion n'aime plus nommer avec précision. Un autre exemple : langue de bois. C'est devenu l'expression de "mots vagues sans signification réelle", l'expression molle or le bois est dur et noble. Un mot utilisé désormais à l'opposé de son véritable sens de base. C'est pareil pour "naturel". Quand on dit "c'est naturel" cela signifie "ordinaire", "normal", "cela va de soi" … Alors que contenant le mot "nature", naturel devrait être une expression de qualité supérieure : authentique, vrai, à protéger. A partir de demain 22 mai, c'est la fête de la nature jusqu'au 26 mai. La nature vaut bien une fête. Cette fête au quotidien a ses "organisateurs" : ceux qui sont capables de bien regarder la nature, de bien faire partager ce regard grâce aux photos, aux vidéos, des entreprises qui agissent dans la durée comme Patagonia, Orvis … et surtout tous les anonymes qui font les gestes respectueux de la nature, dans la discrétion mais dans l'efficacité. La nature vaut bien une fête et le jour où cette fête sera quotidienne, beaucoup de choses changeront pour de bon.
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Quand le vent du nord crée le rythme
Indépendamment de l'itinéraire d'une promenade, il y a une composante qui occupe une place considérable : le vent. Le vent fait vivre 3 hypothèses. Le vent du sud assèche. S'il est fort, il crée une atmosphère lourde comme si l'air pouvait venir à manquer. Désagréable. Puis les jours sans vent. L'air parait neutralisé. Presqu'à oublier combien c'est indispensable. Et comme ce matin, les journées avec un vrai vent du nord. Il rafraîchit. Il donne de la musique dans la forêt. Les arbres bougent. Les poils de nos chiens s'animent. Temps idéal ce matin car le vent du nord a créé un rythme très agréable.
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Environnement : les rapports et le jour d’après …
Les rapports sur le dérèglement climatique comme les rapports sur les espèces en voie d'extinction vont remplir des bibliothèques entières mais les jours d'après il ne se passe rien. On imagine un malade se rendant chez un médecin. Le médecin confirme à l'intéressé qu'il est sérieusement malade. Et l'intéressé repart sans ordonnance, sans traitement, sans médicament. Le jour d'après, rien n'a changé. Tout est comme la veille de la visite chez le médecin. C'est ce qui se passe pour l'environnement. Pourquoi ? Parce qu'il est devenu un enjeu politique accaparé par des professionnels de la politique qui font varier leurs convictions au gré des intérêts de leurs carrières personnelles. Un exemple d'actualité : Hulot quitte le Gouvernement pour cause d'inaction mais Canfin rentre dans la majorité présidentielle parce qu'il est satisfait des … actions du même Gouvernement. Le vrai travail sérieux est ailleurs. Ce sont souvent des entreprises qui le mènent. Comme Patagonia. La lutte pour Jumbo Wild a été remarquable. 25 ans d'oppositions pour sauver un territoire magnifique des visées spéculatives de promoteurs immobiliers.
La bataille contre les barrages de même. Et maintenant, celle pour sauver les poissons sauvages. L'efficacité passera demain par l'adoption de causes par les citoyens et par les entreprises. Eux ont la capacité de faire : adopter un territoire, une rivière, une espèce animale … Et au quotidien, des volontaires qui démultiplient leurs actions. L'avenir de la planète est probablement dans cette mobilisation là. La bataille des convictions et pas celle des intérêts.
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La vraie écologie est celle du sens du temps
Aujourd'hui, un rapport très important sera publié. Sous l’égide de l’ONU, 150 scientifiques de 50 pays – épaulés par plus de 300 experts – travaillent depuis trois ans à la réalisation d'un rapport sur l'état mondial de la biodiversité, le premier au niveau mondial en 15 ans. Il sera rendu public ce jour. Des espèces animales disparaissent y compris dans notre toute proximité. Comment ne disparaîtraient-elles pas quand leurs habitats sont modifiés, détruits, quand les prairies sont saccagées par le bitume et par le béton ? Ce rapport aura un contenu à contre-courant parce qu'il va parler du temps long à une société névrosée du temps qui ne pense que dans l'urgence du temps court, du temps immédiat. Cette société droguée par la vitesse court à sa perte. Les agités et les débordés additionnent les erreurs et les fautes. Avec recul, le virus de l'urgence sera l'un de ceux ayant produit le + de dégâts. La vraie écologie est celle du temps. Prendre le temps d'observer la nature. Respirer la terre après la pluie. Planter des arbres. Courant 2018, 8 arbres plantés dont le sapin de notre petit fils pour Noël (cf photo ci-dessus). Vérifier comment des arbres poussent. Ceux qui passent à côté de ce délice du temps calme, de la lenteur n'imaginent pas tout ce qu'ils manquent. Ce qui est très intéressant actuellement c'est que les névrosés du temps court perdent en influence. Dans les discussions, je suis très agréablement surpris par ceux qui veulent respecter le temps. Ils sont tellement convaincus de cette nécessité qu'ils sont prêts à s'échapper des modes. Ils savent que beaucoup de réponses sont en soi. Pas besoin de norme ou de loi. Encore moins de sanction. Pas besoin de directeurs de consciences. Faire ce que le temps nous a appris comme juste et bon. Si ce nombre augmente, la biodiversité aura alors les gardiens motivés qu'elle mérite. Un bel enjeu à défendre.
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La nature éducative
Le fait majeur de cette semaine : le rapport publié par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature sur le devenir des glaciers. Un travail considérable de scientifiques et d'universitaires sur les glaciers les plus emblématiques inscrits au patrimoine mondial. 50 % d'entre eux devraient disparaître d'ici la fin du siècle dont des glaciers fabuleux d'Amérique du Nord. En Europe, les glaciers "d'altitudes moyennes" devraient disparaître d'ici 2040 ! La lecture du rapport, les conséquences concrètes qui en résultent, c'est une situation irréelle. D'urgence, il faut retrouver la mentalité de la nature éducative : apprendre de la nature, apprendre de la vie des autres espèces (animales, végétales) pour définir son équilibre, ses obligations, ses possibilités. Localement, c'est une mentalité qui a été la notre par exemple avec des sentiers pédagogiques.Mais elle ne l'a pas été assez. Localement, contrairement à des conclusions parfois très défaitistes, alarmistes, je suis actuellement très agréablement marqué par la prise de conscience qui intervient. Hier, lors d'un long entretien avec une élue de Claix qui devrait jouer un rôle fort lors des prochaines municipales dans quelques mois, le plaisir de constater qu'une génération nouvelle est fermement décidée à changer les choses. Pour de vrai. Pour de bon. C'est par la base que les modifications positives interviendront. Et la base bouge manifestement. Enfin.
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Les mots du temps ou les faiblesses des simulateurs
Dans de nombreux domaines, le temps est souvent un implacable justicier. Le temps long est très dur à supporter pour ceux qui font semblant. Avec le temps, il y a parfois une fatigue, une inattention, pire encore une obligation légale qui font que d'un coup la réalité refait surface. La liste des exemples de ces mots du temps est terrible. D'un coup le "c'est pas moi" est effacé par la réalité d'une signature sur un papier à en tête qui trahit la compétence niée pourtant parfois depuis tant d'années. Le retour d'un écrit qui rappelle les conversions inexplicables. Le récit d'un participant à une réunion qui donne immédiatement l'éclairage qui faisait défaut à un choix peu compréhensible par ailleurs … La liste des mots du temps pourrait être longue. Là, depuis hier lundi, des scientifiques annoncent officiellement le début d'une extinction massive d'espèces. Presque du jamais vu. Ils dénoncent la déforestation. L'urbanisation intensive. La bitumisation des sols. Leur bétonisation. Chaque hectare de nature qui est détruit, ce sont des années de moins pour la vie des prochaines générations. Ce n'est pas seulement un enjeu des territoires lointains. C'est chacun à sa porte. Avec des questions simples. Où iront se poser les oiseaux quand des immeubles auront envahi les prairies d'aujourd'hui ? Comment passeront les animaux vers les zones humides quand des murs de béton seront une frontière infranchissable ? Ce qui est très instructif c'est quand le simulateur devient client. En politique, les clients ne sont pas rois. Ils deviennent affidés. Plus qu'une nuance. La biodiversité est d'abord menacée par les affidés. Ceux qui se réfugient dans le retrait par peur de perdre un passe-droit, une aide publique, un supposé privilège quelconque … La défense de la biodiversité de proximité est d'abord un marqueur de liberté. Le moment où les mots du temps prennent le dessus sur les mots des simulateurs. En ce moment, dans l'agglomération grenobloise, depuis le scandale des PFI jusqu'aux opérations immobilières densifiées, le temps a manifestement la volonté de passer des mots simples, clairs, intelligibles par chacun. Une période qui s'annonce très instructive.
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Journée mondiale de la Terre : ces agglomérations en France qui tuent les villages dans la quasi indifférence générale
J'appartiens à une génération pour laquelle villes et villages représentaient deux mondes complémentaires. Différents mais constitutifs d'une même entité territoriale de proximité. La ville avait ses bruits, son rythme accéléré, ses immeubles, ses voiries dangereuses, ses quartiers à éviter, son anonymat … Le village avait son calme, ses maisons individuelles, sa sécurité, ses hameaux, sa personnalisation des relations… Deux univers. Il ne s'agissait pas de les hiérarchiser. Juste constater que deux "mondes" cohabitaient. Depuis 10 ans, cette cohabitation prend fin. La ville veut s'étendre partout. Il y a une culture de "pieuvre urbaine" qui chercherait à gagner toujours davantage d'espace, toujours prendre sur la terre pour la bétonner et la bitumer. L'agglomération grenobloise en est devenue une caricature. Il y a même localement un esprit milicien, ces volontaires auto-désignés qui s'accomplissent dans le respect le plus intégriste de l'ordre urbain dénonçant tout ce qui pourrait y contrevenir. Ce système de la pensée unique, produit confus de multiples facteurs dont principalement la jalousie, est insupportable. Et on constate des noctambules de la pensée environnementale s'effrayer pour la disparition de terres lointaines mais tuer les villages de proximité en toute douceur, en toute irresponsabilité. C'est une cause qui mérite la mobilisation. Villes et villages doivent cohabiter dans des territoires de proximité. La fracture territoriale ne doit pas être acceptée au point de ne penser retrouver des villages qu'en Aveyron, Creuse, Dordogne … La Terre doit aussi vivre à proximité des villes. A cette fin, les villages doivent être mieux respectés. Un défi sérieux.
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De l’ordinaire au dépassement de soi …
Le drame de Notre-Dame met en relief les capacités positives de sursaut de communautés. D'un instant, des personnes passent de l'ordinaire au dépassement de soi. C'est dommage qu'il faille un drame pour le constater. Mais dans le drame, c'est un volet agréable à observer. Il faudrait peut-être l'appliquer aussi à d'autres drames engagés plus sournoisement qui mettent en cause le sens même de notre vie en commun. La planète flambe. La sécheresse progresse toujours. Les espèces animales disparaissent. La liste des espèces menacées s'allonge. Pour la France, le BRGM vient de publier la carte des nappes phréatiques au 1er avril. L'alerte sur les ressources en eau est quasi générale. Il y a le feu qui brûle tout tout de suite (Notre-Dame). Il y a le feu qui couve et qui brûle plus discrètement. Et si ce dernier méritait une mobilisation analogue au premier, ce serait probablement aussi méritant, utile et salutaire. Puisse ce rebond collectif intervenir aussi pas trop tardivement.
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Ne même plus chercher à connaitre ce qui peut exiger le premier pas nécessaire vers la transformation …
Il y a toujours un côté positif dans une épreuve, dans un échec : chercher à comprendre pourquoi. Donc identifier ce qui doit être changé pour transformer, pour s'améliorer. Sur le plan personnel, cette étape a été celle des maladies et des décès de mes parents. C'est une césure absolue : avant / après. Comment connaître cette étape qui ouvre une sortie positive : c'est la méthode de l'arrêt. Avoir beaucoup d'activités, c'est une facilité redoutable. Le "nez sur le guidon" déculpabilise du manque éventuel de recul, de réflexion. C'est cette facilité qui nuit beaucoup actuellement à la mise en relief de véritables priorités dont celle de l'environnement. Toutes les contributions sont utiles dans ce cadre. Celle des scientifiques ne doivent pas passer au second rang car moins émotionnelles. Chaque jour apporte désormais une contribution scientifique sérieuse d'alerte. Des données vérifiées. Des chiffres comparés. Cette semaine, des chercheurs de l'Université de Zurich ont publié une étude terrible sur la fonte des glaciers canadiens. Ils fondent en ce moment 5 fois plus vite que dans les années 60 ! A ce rythme, avant la fin du siècle, les glaciers de ces régions auront disparu ! C'est impensable d'imaginer qu'il puisse en être ainsi. L'un de mes plus beaux souvenirs a été un vol du matin pour effectuer la liaison Canada – Boston. La météo était dégagée. Avec Marie et nos enfants, nous avons voyagé dans un petit avion d'une trentaine de places. Je n'avais jamais vu une nature aussi belle, gigantesque, féerique. Elle est en train d'être menacée. Et le pire dans l'indifférence. Comment changer quand ce premier pas de la connaissance des faits ne suscite même plus l'effort nécessaire ? Un constat angoissant.