Denis Bonzy

Catégorie : Environnement

  • Le vrai temps d’attendre …

    Caribou forestier

    De façon paradoxale, la société de l'immédiat se fait à l'idée du temps d'attendre dans de nombreux domaines. Prenons un exemple précis parmi tant d'autres. La crise climatique est manifeste. Le mois de janvier 2017 en est la preuve. Avec 0,92°C au dessus d’une moyenne climatologique calculée sur la période 1951/1980, janvier 2017 est au dessus de janvier 2015, et au troisième rang des mois de janvier depuis le début de la série des relevés thermométriques planétaires. La carte de ces températures (exprimées en écart à la moyenne climatologique) montre un globe presque partout au dessus de cette moyenne sauf quelques exceptions. Que se passe-t-il face à cette réalité ? Plus grand chose. L'accord de Paris voit son application suspendue au bon vouloir de l'Administration Trump… Autre exemple, les dettes publiques : elles évoluent de reports en reports. Pourquoi l'opinion publique se fait-elle à l'idée que le temps d'attendre pourrait désormais occuper une telle place ? Certes par manque de courage face à des sujets sérieux pénibles à traiter. Mais surtout parce qu'elle n'intègre pas le temps d'inertie avant que des mesures prises produisent des effets concrets. La notion d'immédiateté a gommé la perception du … vrai temps d'attendre pour vivre les effets pratiques positifs. Ce temps d'attendre est parfois considérable. Ainsi, face au réchauffement climatique, les scientifiques les plus sérieux estiment de 30 à 50 ans le temps d'attendre avant que les décisions prises ne produisent des effets pratiques de nature à inverser les actuelles tendances. Le jour où enfin le temps d'attendre la décision sera cumulé au temps d'attendre l'effet concret de la décision une fois prise, on aura connaissance d'un vrai calendrier particulièrement angoissant avec des effets considérables parfois irréversibles notamment pour des espèces animales.

  • La belle lettre d’Howard Schultz

    Howard Schultz 2

    "Vivre avec nos valeurs dans une époque incertaine" : le titre de cette lettre d'Howard Schultz est en lui même un résumé de grande qualité. L'époque est incertaine : une évidence. Parce qu'elle est incertaine, cette époque doit consister aussi à ré-affirmer des valeurs fortes qui doivent gagner par leur attractivité comme par leur réalité dans la vie de tous les jours. Et le PDG de Starbucks d'énoncer des critères avec lesquels il va, pour des milliers d'emplois, respecter le "rêve américain". Un pays est fort bien au-delà des budgets de ses armées quand il défend des valeurs universelles qui donnent un sens à une civilisation. Et ces valeurs doivent reposer sur des critères solides, clairs qui constituent "la règle du jeu". Comment un interprète qui a travaillé pour les forces militaires en Irak ou en Syrie pourrait-il considérer qu'il a fait le bon choix si ce pays lui ferme ensuite ses portes en le traitant de façon aveugle comme ceux contre qui il luttait ? Depuis plusieurs années déjà, la victoire en temps de guerres ne débouche plus jamais sur la paix. Mais si les valeurs sont abandonnées, ces victoires en temps de guerres deviendront même impossibles. Une lettre qui mériterait une audience et des engagements considérablement plus forts.

  • Remets ton malheur à demain …

    Trail 2

    Rien de plus précieux que les discussions de bonne foi avec des personnes qui acceptent de faire part de leurs projets, de leurs émotions, de leurs centres d'intérêts. Actuellement, lors de discussions, je suis très surpris par la montée en puissance de deux pratiques sportives en matière de running : le trail en pleine nature et les courses collectives urbaines de nuit. Il est désormais rare de ne pas rencontrer une personne qui ne se soit pas mise à l'une ou à l'autre. Hier, il était question de courir en bordure de route avec le walkman sur les oreilles. Aujourd'hui, c'est fini. Le podium des sports n'est jamais triste. Il bouge tout le temps. En ce moment, ce podium est bousculé par ces deux pratiques. Le trail en pleine nature qui permet de vivre la nature à son rythme, sans la monotonie ni l'insécurité du bordure de route. Et les courses collectives urbaines de nuit qui permettent de voir la ville sous un autre "jour" : moins hostile, moins sur-occupée par les automobiles… Lors de ces discussions, un constat identique chez ces pratiquants : maintenir un état d'esprit positif. Il ne s'agit plus d'être heureux mais de repousser les temps malheureux. Profiter de ces temps de parenthèses. Comme si ce rendez-vous pouvait être repoussé mais qu'il serait incontournable. Surprenante à ce point cette culture de "remettre son malheur à demain" … Comme si le bon sens ne pouvait consister qu'à décaler les jours difficiles. Les politiciens gagneraient à intégrer ce réalisme pour perdre moins de temps dans des promesses qui ne font plus de dupes.

  • Barack Obama seul « président vert » à ce jour

    Obama 15 02 17

    Alors que la présidentielle française s'embourbe dans des sujets moraux qui semblent inexpugnables, deux sujets majeurs ne sont pas traités à ce jour à leur juste importance : le réchauffement climatique et l'état des finances publiques. Sur le réchauffement climatique, au moment où sort le second volet du manchot empereur, aucun programme français global historique. L'empereur manchot présenté comme menacé par le réchauffement climatique. Emmanuel Macron a effectué des premières propositions intéressantes. Mais au-delà ? Les Verts "officiels" vont rallier le PS moyennant en contrepartie des sièges points de passages pour des financements publics. Pour le reste, la gauche de la gauche a zappé ce sujet. Et la droite joue les cartes de l'ordre public et de l'identité. A ce jour, dans les faits, avec un actif concret, Barack Obama a été le seul "président vert" d'une démocratie occidentale moderne. Son actif en faveur des sanctuaires naturels est historique. Plus le temps passe, plus il ressort que Barack Obama reviendra dans la vie publique active sur ce sujet du réchauffement climatique. Ce sera alors peut-être le vrai tournant dans un sujet qui n'a toujours pas trouvé le moteur international populaire à hauteur de l'importance de l'enjeu. 

  • Environnement : le pas en avant considérable d’Emmanuel Macron

    Montreal 23 05 16

    Dans les propositions présentées jeudi par Emmanuel Macron pour une politique de l'environnement, un pas considérable a été effectué : donner un contenu concret à la notion de responsabilité en matière environnementale. C'est une une avancée stratégique majeure que de refuser les "maladies volontaires durables". Les faits sont les suivants : en France, agir est assorti d'aides publiques. Mais que se passe-t-il quand l'inaction règne ? Rien. Or, dans des domaines prioritaires, comment tolérer que l'inaction puisse durablement rester sans conséquence ? Comment progresser dans ces conditions ? C'est impossible. Pour que des pollutions graves ne deviennent pas des "maladies volontaires permanentes", l'inaction doit être sanctionnée. Des modalités techniques multiples sont possibles. Dans le cadre de contrats pluriannuels, une fois des délais expirés, l'inaction ne peut être considérée comme "naturelle". Elle doit devenir coupable. Un malus doit être appliqué. Ce qu'on commence à trouver déjà dans les programmes d'amélioration des réseaux lorsque les rendements des réseaux d'eau sont insuffisants sans accompagnement d'un plan d'actions, la redevance est multipliée par 2. Dans de nombreux autres domaines dont la pollution de l'air, des logiques analogues doivent être mises en oeuvre. C'est un rapport psychologique totalement nouveau à certaines formes de pollutions pour montrer leur caractère intolérable. Ce sujet a été ouvert dès les années 90 notamment lors du Vème programme des Agences de l'Eau. C'est la première fois qu'il reçoit une réponse publique officielle aussi claire. C'est un pas stratégique majeur qui vient d'être franchi après plus de 20 ans de "fuite devant l'obstacle". Il mérite d'être salué. 

  • Le trop plein de … vide

    Tazieff 27 04 14

    Chaque année, début février, sur ce blog, j'ai toujours une pensée pour Haroun Tazieff disparu début février 1998. Pendant des années jusqu'à fin 2014, l'absence de la moindre cérémonie en mémoire d'Haroun Tazieff avait une explication possible : le sectarisme d'élus non disposés à célébrer la mémoire d'un scientifique qui aux côtés de Cousteau et de Frison Roche avait mené la belle bataille de la pédagogie de l'environnement. Un scientifique qui avait été pourtant Conseiller Général de l'Isère pendant plusieurs années et avec des travaux de très grande qualité.

    Tazieff 11 02 17

    Mais depuis le début 2015 une autre majorité départementale est en place. A-t-elle fait quelque chose en 2016 ? Non. A-t-elle fait quelque chose début 2017 ? Non. C'est le trop plein du … vide. En 2016, avec beaucoup de gentillesse, un seul conseiller départemental s'était manifesté suite à un article sur mon blog et je l'en remercie de nouveau. Il a été destinataire de toutes les informations disponibles. Mais pour l'immense majorité de ses collègues, l'indifférence est reine. C'est irréel. Ou plutôt à force de faire si peu d'actifs novateurs, durables, il y a une génération qui veut surtout ne pas voir les différences avec d'autres personnes aux bilans solides. C'est étroit comme esprit. Mais à voir les actuelles manifestations contre les journalistes, contre les juges … il peut y avoir matière à considérer que cette "étroitesse d'esprit" gagne en effet beaucoup de terrains …

  • Le temps des victoires surprises

    Scott Walker 18 08 15

    Depuis 2016, les démocraties occidentales sont entrées dans le cycle de la recherche des pays qui n'existent pas en s'en remettant à des victoires surprises supposées changer la donne de pays dont on ne veut plus. Cette attente change toutes les règles. Le Brexit c'est l'Europe qui n'existe plus. Le Mouvement 5 étoiles en Italie, c'est la corruption qui n'existe plus. Trump c'est l'étranger menaçant qui disparaît. Et en France, de même, Mélenchon, c'est la Vème République qui n'existe plus, Macron, c'est la vieille génération qui n'existe plus, Hamon c'est les années Hollandes qui n'existent plus … Dans cette recherche d'un devenir qui doit surtout ne plus être le présent, la conséquence pour les personnes est simple. C'est la différence entre qui a fait partie du présent que l'on veut quitter et qui en est resté extérieur. Les premiers n'ont plus de chance. Les seconds gagnent. Et c'est la force de Macron avec l'acte symbole de sa démission. Un acte qui a symbolisé ce que souhaite l'opinion vis à vis des époques actuelles : les quitter. Pour aller vers quoi demain ? C'est diffus. Mais surtout ne plus continuer dans le présent. Le temps des victoires surprises est bien ouvert avec cette conjoncture.

  • Fait national ou nomadisme fiscal ?

    Londres 28 06 16

    La conférence de presse du Premier Ministre britannique aujourd'hui est peut-être un tournant majeur pour la … France aussi ? Elle va peut-être introduire pour la première fois à ce point un choix clair : fait national / nomadisme fiscal. Jusqu'à maintenant, à quelques exceptions près, le nomadisme fiscal avait des freins majeurs pour le grand nombre : éloignement physique, pays exotiques au devenir incertain, réputations sulfureuses, procédures opaques à la légalité douteuse … Et si d'un coup pour une grande majorité d'Européens dont les Français le nomadisme fiscal légal était à leur porte ? Dans un pays sécurisé. A 1 heure de vol ! En toute légalité. Grâce aux mesures prises par la Grande-Bretagne. La donne change totalement. Et par voie de conséquence, la France incapable de vivre positivement la réduction de la dépense publique deviendra-t-elle contrainte de le faire le jour où le tarissement de la ressource sera là ! Parce qu'il y a bien un seuil dissuasif de l'imposition fiscale. Et parce qu'il y a aussi un moment où des comparaisons deviennent possibles pour le grand nombre sur des bases solides. Aujourd'hui, le Brexit va peut-être changer fondamentalement la donne dans de nombreux autres pays …

  • La France et sa prétention insupportable

    Parc canadien 03 01 17

    La tournée internationale de Hollande pour tenter de faire croire que la France a encore un rôle moteur dans le monde est d'un ridicule pathétique. Toujours tenter de faire vivre ce ressort de la France avec sa prétention insupportable de s'accrocher à un passé tellement dépassé. Le seul moment où il est question d'universalisme de la France c'est pour célébrer des actes d'antan. Aujourd'hui, la France est devenue une puissance moyenne avec un Etat qui fait les poches des organismes publics pour boucler ses fins de mois. Dernièrement, un député, Charles de Courson, dressait la liste des "hold-up" discrets de l'Etat. Le pays de la COP21 pompe les finances des agences de l'eau et de l'ONEMA ...

    La "puissance militaire" de la France se ramène à une armée opérationnelle dont tous les personnels ne rempliraient même pas le Stade de France. 

    En plein état d'urgence, les voitures brûlent des records dans les quartiers et le Ministre concerné après avoir truqué son CV tente de truquer les chiffres des véhicules brûlés et sans la moindre conséquence dans les deux cas,

    … : la liste des échecs est dramatique. Autre exemple très concret, en 2017, la fédération des parcs canadiens fête son 150 ème anniversaire. Des manifestations superbes. Des équipements fantastiques. Et en France, les parcs naturels sont à l'abandon. Souvent sans signalétique uniforme. Incapables de faire respecter leur Charte. Normal, en France, les écolos sont majoritairement des gauchistes qui préfèrent chevaucher l'égalitarisme suicidaire et non pas s'occuper sérieusement d'environnement. La COP21 est entièrement neutralisée puisque officiellement les mesures concrètes ont été renvoyées à la … COP24. Mais les ministres se gaussent toujours des succès de la COP21. Le jour où le rideau de ce triste cinéma va tomber, les réveils vont être terribles pour les derniers "innocents" s'il en reste encore en dehors des mauvais acteurs de ce cirque politique ridicule… ? 

  • Les permissions à surveiller …

    Trump 15 12 16

    Etrange période. Un candidat (Macron) change la donne de 2017 en 6 mois. Un autre (Mélenchon) très "discret" sur les médias traditionnels fait des scores considérables sur YouTube où son point hebdomadaire atteint désormais parfois 260 000 vues. Le PS aborde sa primaire dans un mystère quasi-total. Le candidat de la Droite après avoir été désigné disparaît des radars comme si la victoire de la primaire lui suffisait … Rien ne se passe comme d'habitude. Il faut toujours observer un tel climat atypique. ce d'autant plus qu'il y a des "permissions" venues de l'étranger qui ne laissent pas l'opinion publique française indifférente. Le Brexit peut intervenir sans la catastrophe annoncée. Trump peut être élu sans encore la catastrophe annoncée … Bref, il y a désormais des permissions pour franchir des interdits qui ne donnent pas le lendemain prévu. Ces "permissions" sont à surveiller … Pourquoi ce qui deviendrait possible ailleurs comme changements imprévus inattendus ne le serait-il pas en France ? Une question qui est de plus en plus souvent évoquée dans les discussions.