Denis Bonzy

Catégorie : Entreprises

  • A ce rythme, après le dégagisme, l’explosion … ?

    Livre sur la France périphérique

    Les mouvements de fond s'expliquent par la sociologie et la géographie. Les ouvrages de Christophe Guilluy, géographe, sont une des clefs de qualité d'interprétation des mouvements actuels annoncés par lui de longue date. Le choc de fond est double : d'une part entre les élites médiatisées qui ignorent la France invisible par eux. D'autre part, par une mondialisation qui est culturellement à l'opposé des valeurs fondamentales de la société française. Le mouvement de fond grave actuellement, c'est que Macron, élu d'abord par des métropoles qui ont réussi le tournant de la mondialisation, ne passe pas des messages aux périphéries qui ont mal et à celles qui ont peur d'avoir bientôt mal. Si la "France du succès" ignore la "France qui lutte pour survivre", l'explosion est garantie. Or depuis quelques semaines, nous assistons à la caricature de cette "ignorance". Que des bacheliers n'accèdent plus à l'Université sauf par tirage au sort, c'est une provocation. Que des APL soient minorées alors que des milliards vont aux JO qui peinent à trouver des candidats tant ils sont un gouffre financier sans fond avéré, c'est une provocation. Quand la détresse de salariés saute aux visages de ministres encravatés dans des costumes haut de gamme, c'est une provocation. Quand les députés défendent arcboutés leur IRFM (second salaire non fiscalisé en réalité) au moment où de longue date des salariés ont à justifier y compris les frais d'autoroute pour être remboursés, c'est une provocation. A force d'ajouter chaque jour des provocations de ce type qui sont aux antipodes des valeurs de la France populaire, il y a le sentiment de naissance d'une contre-société intolérable. Si le dégagisme parait une imposture, l'explosion deviendra incontournable dans l'actuel climat. A écouter les discussions, elle semble sérieusement mijoter actuellement …

  • Alibaba : monter jusqu’où ?

    Amazon NYC 25 05 17

    En juillet 2016, le cours de l'action d'Alibaba était de 81 dollars. 12 mois plus tard, il est de … 152 dollars. Rarement le nom emblématique d'une société n'a été aussi mérité comme caverne à trésors. Dans le même temps, Amazon, autre "logisticien" d'envergure mondiale, a vu le cours de son action passer de 700 à 1012 dollars sur la même période. Jamais dans l'histoire de l'économie, des sociétés ont été aussi rapidement constituées, reconnues et dotées d'un capital rendant les démultiplications possibles aussi gigantesques. La capitalisation boursière d'Alibaba aujourd'hui c'est 5 fois Danone, plus de 6 fois GDF – Suez, près de 20 fois Veolia Environnement, pour citer quelques-unes des références du CAC 40. Un nouveau monde économique est en train de naître et la compétition se concentre beaucoup Etats-Unis / Chine … Le décrochage français de plus en plus manifeste dans cette course aux leaders mondiaux modernes. Une réalité qui mériterait d'être analysée avec davantage de rigueur.

  • Marché Goodfood : des enseignements très riches

    Goodfood 11 07 17

    Depuis plusieurs mois, l'opération d'introduction en bourse de Marché Goodfood (TSX : FOOD) sur la bourse de Toronto avait été signalée dans nos articles. Le 1er article sur ce sujet date du 11 mars 2017, bien avant l'introduction en bourse. L'introduction a eu lieu. Une société qui compte 23 000 membres et qui réalise 200 000 livraisons de plats cuisinés par mois en moyenne soit un CA de 2, 8 M$ a été valorisée 100 M$. Cette société a montré les 4 socles d'une réussite probable :

    1) lever des fonds pour accélérer la croissance et prendre une place de leader sur un segment de marché en 3 ans d'existence,

    2) lever ces fonds sur la base d'une valorisation qui ne dépossède pas les fondateurs donc qui les motive à rester dans l'opération en décideurs avec le savoir faire qui est le leur,

    3) fixer un montant de la part sociale (2$) très bas ce qui favorise l'actionnariat populaire surtout pour un métier (la gastronomie) qui parle facilement aux citoyens. L'offre est simple : des plats cuisinés livrés à domicile avec une logique d'originalité dans la nourriture et un accompagnement d'informations. Le constat : à 17 heures, 70 % des personnes ne savent pas ce qu'elles vont manger le soir. La journée a été pénible. Le repas retrouve alors son espace de plaisir et de convivialité et n'est plus une contrainte supplémentaire dans la journée,

    4) accéder rapidement à la bourse c'est à dire financer le développement par le plus grand nombre potentiel d'actionnaires avec donc le maximum de liberté pour les managers face à des opérateurs bancaires traditionnels.

    Tant que la France n'aura pas tiré les enseignements d'opérations de ce type, elle bridera la "seconde vie des start-ups" dans des conditions qui vont être très pénalisantes dans les prochaines années et très destructrices d'emplois en France. 

  • Un leader sinon rien

    Eve Sleep

    Il y a des périodes où l'économie et la politique traduisent des tendances communes de façon impressionnante. Aujourd'hui, une entreprise compte si elle est leader de son segment de marché ou si elle porte la promesse de le devenir rapidement. Dernier exemple en date, Eve Sleep, 31 mois d'existence, elle change l'offre des matelas, introduite en bourse de Londres en mai 2017. Elle lève 40 M€ pour devenir leader européen du matelas et des dérivés. Il n'y a plus d'introduction réussie sans une promesse visible de leadership sur une offre. La période actuelle ne s'occupe plus des seconds et encore moins des au-delà. Etre le leader sinon pas de salut.

    C'est la même règle que la politique française vient de consacrer en 2017 avec une force d'une brutalité probablement inédite. Les partis traditionnels ont vécu des primaires qui ont décapité leurs leaders. A cette étape, occupés par leurs guerres internes, ils laissaient l'espace libre à une start-up politique (En Marche). Son leader prenait le segment du marché du changement. Et il allait affronter dans la présidentielle deux autres leaders reconnus (Le Pen et Mélenchon). Pour les autres, leur présidentialité disparaissait avec leur statut de seconds. Et pour les législatives, tout a été amplifié puisqu'en les partis traditionnels partaient au combat sans le moindre leader reconnu. faute de leader reconnu, ils n'ont même pas eu d'exposition, de visibilité. Mieux qu'Eve Sleep qui a attendu 31 mois pour une introduction irréelle en bourse, En Marche a raflé le marché parlementaire en 13 mois.  Du jamais vu en temps de paix dans une démocratie ancienne. C'est vraiment la période du "un leader sinon rien".

  • Environnement : après les mots, quels actes en France … ?

    Los Angeles

    Après le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris, la mobilisation aux Etats-Unis est forte. Qu'en est-il en France ? Aux Etats-Unis, des entrepreneurs mobilisent leurs fondations pour compenser les pertes de dotations fédérales. Des Gouverneurs signent des accords pour … respecter l'Accord de Paris, trans-partis et trans-frontières avec le Canada. Le Gouverneur de Californie vient même de signer un accord avec la … Chine. Et reçu par le Président chinois, Jerry Brown s'est engagé à "porter la bonne parole de tels accords" auprès de ses collègues. Et la liste pourrait continuer encore longtemps. Pour la France, qu'en est-il en dehors de la formule "make our planet great again" ? Les entrepreneurs se mobilisent peu. Les élus locaux sont plongés dans les législatives. Quels actes concrets depuis le 1er juin ? Des régions françaises ont-elles pris des actes forts ? Non. Des villes ou des grandes métropoles ? Non. Des grandes entreprises du CAC 40 ont-elles annoncé des mesures ? Non. En France, un tweet présidentiel semble suffire … Surprenant quand même. Dans quelques mois, avec les chiffres, très probablement, des entreprises américaines auront fait davantage que l'Etat français. Une comparaison qui ne va pas plaider en faveur du "make France great again".

  • Le clic inconscient …

    Obama militante

    Il flotte actuellement un "effet Macron" qui peut produire des effets particulièrement inattendus et imprévisibles en France : le clic inconscient. Dans les discussions, c'est la culture de la "jeunesse retrouvée". Les français n'avaient pas perdu leur jeunesse, leur vitalité, leur énergie. Elles étaient juste égarées. Mises au placard. Ils viennent de les retrouver. La façon de donner raison à un adage plein de bon sens : "nous ne cessons pas d'avoir du plaisir quand nous devenons vieux. Mais nous devenons vieux quand nous cessons d'avoir du plaisir". Et ce pays hier allergique aux réformes découvre le plaisir de … réformer. Des citoyens si prompts à la moue redécouvrent l'effet positif du … sourire. J'ignore combien de temps cet état va exister mais pour le moment il est là, synonyme de nouvelles attentes, de nouveaux désirs, de nouveaux espoirs. C'est le clic inconscient de la présidentielle. les français votaient pour un président et ils héritent d'une vitamine collective. Rare à ce point. La dernière fois où j'ai ressenti cette ambiance, c'était aux Etats-Unis en 2008. Une légèreté qui changeait de l'ambiance pesante, agressive, hostile des années Bush. D'un coup, l'avenir redevenait le voisin espéré, possible. Si cela se vérifie dans les urnes dimanche, c'est à la fois l'héritage le plus positif et la responsabilité la plus lourde pour la nouvelle majorité. 

  • GoDaddy ou la promesse d’un site commercial Internet en 1 heure pour 8 dollars par mois

    GoDaddy 3

    La révolution numérique n'est qu'au début de ses potentialités. GoDaddy met une offre qui montre la diffusion accélérée qui s'annonce : réaliser un site commercial en 1 heure pour 8 dollars par mois avec, dans ce montant, la maintenance ultérieure de ce site. Ce spécialiste de la gestion des noms de domaines et de l'hébergement donne une perspective de ce qui attend. Ce qui est vécu sur le plan commercial a vocation à le devenir sur le plan civique. On assiste à une accélération des interactivités, à une croissance des audiences qui montrent que des seuils ont été franchis. Les évolutions techniques sont considérables depuis les premières offres dans ces domaines. Et l'affirmation du smartphone amplifie ces tendances. En France, les "véritables législatives" seront désormais dans la mobilisation sociale et dans la mobilisation numérique (pour rappel le phénomène des pigeons sous Hollande) tant les législatives "institutionnelles" sont le simple wagon de la locomotive qu'est la présidentielle.

  • Nous sommes faits de l’étoffe des rêves …

    Mark Zuckerberg 27 05 17

    Remarquable discours de Mark Zuckerberg à Harvard jeudi 25 mai. Son actuelle tournée sur le terrain suscite de nombreuses interrogations sur ses objectifs à terme. Ce qui est déjà sûr, c'est que Zuckerberg a délivré un discours de grande qualité qui est d'abord une invitation aux rêves individuels et à la lucidité collective. Au départ de tout, il y a un rêve. Ceux qui l'oublient s'engagent souvent dans une triste bouderie avec la vie. 

    Pour prendre connaissance des principaux extraits, cliquer sur le lien suivant : Mark.

  • Jeff Bezos (Amazon) ou le chemin entre le 29 août 2 000 à Paris et le 25 mai 2 017 à New York …

    Amazon NYC 25 05 17

    Hier, à New York, Jeff Bezos (Amazon) a ouvert sa première librairie. Une existence physique. Du dur. Un point de ventes dans une rue. Loin de la vente en ligne du début. Désormais complémentaire de la vente en ligne du début.  Grâce à Martine Collonge, alors dynamique et efficace déléguée régionale d'Euronext Lyon (antenne régionale aujourd'hui fermée !), j'avais pu rencontrer Jeff Bezos sur une péniche à Paris lorsqu'il était venu ouvrir sa première antenne française. Les places étaient comptées, rares. Il avait fallu rapidement répondre et recevoir 10 jours avant une immense carte de confirmation en carton lourd qui occupait la moitié d'une table. Le chemin est fabuleux en 17 ans.

    En 2000, à Paris, Jeff Bezos fête son 100 000 ème client en France. Il explique que le site français appliqué alors aux seuls livres devrait être "facile à gérer" puisque le prix unique du livre ne permet pas la bataille sur les prix qui sévit dans les autres pays. Il expose toute sa vision, étape par étape et convie à … l'Aventure. Les journalistes français présents passent leur temps à le questionner sur le "temps de survie" de sa société qui à cette époque réalise 70 millions de dollars de CA mais enregistre 25 millions de dollars de pertes sur l'exercice 1999. Et de conclure de façon quasi-unanime : "… la bulle Amazon va éclater".

    25 Mai 2017, avec le parcours du "numérique au physique" évoqué alors, Jeff Bezos peut évoquer d'autres chiffres. Amazon c'est 135 000 salariés, 90 milliards de dollars de CA. En 2016, c'est 2 milliards de dollars de bénéfice net. Chaque mois c'est 20 millions de visiteurs pour le seul pays de la France. La "bulle a éclaté" mais dans la réussite la plus totale.

    Ce parcours fabuleux n'aurait jamais été possible sans plusieurs éléments de la chaîne du succès :

    • la vision de l'entrepreneur,
    • l'acceptation du risque par de véritables capitaux risqueurs pour des sommes considérables,
    • la diversification des ressources par un marché boursier qui accepte la place des défis.

    Autant d'étapes éloignées du début quand Jeff Bezos s'était installé en mobilisant les 300 000 dollars qui étaient toutes les économies de ses parents. 

    Le jour où la France sera la terre de telles aventures, l'emploi et l'économie iront mieux. Ayant alors tourné la page d'une représentation patronale caricature d'archaïsme frileux, cénacle de managers interchangeables qui ont si vite compté dans les cercles protégés dont l'administration et qui n'engagent pas leur patrimoine personnel, partenaires de réseaux bancaires habitués à ne prêter qu'à ceux qui ont déjà … réussi et éloignés d'un financement boursier puisque en France le hasard avec le loto est Dieu tandis que la bourse avec le raisonnement est le … Diable. Mais ce jour là en France est-il seulement possible ?

    Jeff Bezos

     

  • Marché Goodfood : étape clef le 17 mai ou les messages passés à la … France

    Goodfood 07 05 17

    Dès début mars, j'annonçais l'introduction en Bourse à venir de Marché Goodfood. Elle est désormais confirmée avec une date clef : le 17 mai. C'est un tournant dans un moment clef de la vie de chacun : la cuisine. Le succès de Marché Goodfood (200 000 repas livrés chaque mois dans plusieurs régions du Canada) atteste d'une évolution de fond : la personnalisation de l'alimentation avec le goût de la découverte. Un créneau déjà vécu avec succès par Freshii sur la base de l'alimentation santé à petits prix. A 17 heures, 70 % des personnes ne savent pas quel sera leur repas du soir. Plus il est question de jeunes générations, plus ce chiffre est élevé. Quoi de plus simple que d'être livré à domicile : juste ce qu'il faut, avec toutes les garanties sur la qualité des produits et les informations sur la recette à mettre en oeuvre en quelques minutes. C'est le même esprit que Le Petit Ballon ou Une Petite Mousse. Ce qui est intéressant dans le parcours de Marché Goodfood, c'est l'étape par le passage par la Bourse de Toronto dont les valeurs sur 2016 ont été les plus actives en moyenne. Pour qu'un marché financier soit performant, il faut des étapes avant la "grande cotation" sur un marché majeur. La France a déstructuré les places régionales d'Euronext. Ce faisant, elle a liquidé des étapes initiatrices utiles. C'est un échec considérable qui pénalise beaucoup les startups. Si ce dispositif n'est pas rapidement corrigé, c'est un facteur d'expatriation qui va beaucoup impacter les emplois en France. la Bourse reste une étape de développement qui mérite d'être mieux considérée parce qu'elle permet des opérations mixtes (cessions de titres et augmentations de capital), parce qu'elle assure une indépendance face aux banques … Faute de corrections rapides dans les deux ou trois prochaines années, avec une telle faiblesse, la France décrochera significativement de la seconde étape de vie d'une startup.