Trump, Macron, Trudeau, Catalogne … et la liste pourrait durer longtemps ; un point commun au-delà de la diversité des situations : la victoire de la demande de disruption. C'est une demande plus forte que le simple changement. C'est la rupture totale, radicale, brutale. La demande existe. Elle existe si fortement que chaque offre qui parait porteuse de ruptures de ce type connait le succès. Mais le succès quand ? Jusqu'où ? Le temps d'une campagne électorale et après ? L'opinion occidentale moderne est lasse de sa gouvernance classique : les partis, les syndicats, les corps intermédiaires qui coûtent si cher pour si peu de résultats … L'opinion est en avance sur la gouvernance. Elle a conscience que le "système actuel" ne peut plus continuer. Elle n'est plus dupe des mots comme des chiffres. Il n'est pas possible de gâcher la planète au point de voir les premiers novateurs monter officiellement un business model pour la recherche d'une … autre planète. Il n'est pas possible de ne pas vivre une démocratie plus respectueuse des citoyens. Il n'est plus possible d'accepter une guerre de religion où la réponse des uns puisse résider dans l'élaboration de cortèges compassionnels pour les victimes avec cellules psychologiques pour encaisser le choc dans l'attente du prochain. Et il n'est certes plus possible d'accepter un tel écart de richesses mais pas davantage un tel écart de travail entre ceux qui produisent et ceux qui vivent de la redistribution. Tant que "le système sortant" n'accepte pas cette nécessité de ruptures, il alimente les colères, les augmente et leur éclosion ne deviendra que plus redoutable. C'est la réalité du moment qu'il faut accepter. L'économie a vécu sa disruption avec le numérique sur une séquence temps d'une brièveté historique. Pourquoi la gouvernance publique ne vit-elle pas cette même rupture ? Tant qu'elle est reportée, les colères augmentent.
Catégorie : Entreprises
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Le temps est un grand justicier …
De façon surprenante, la France reste actuellement à l'écart d'une tendance qui mérite l'attention en Amérique du Nord : la prise du pouvoir par les femmes. Prenons des exemples concrets récents qui sont autant de barrières qui volent en éclats. Le 25 septembre 2017, pour la première fois dans l'histoire des armées américaines, une jeune femme va commander une unité d'élite des US Marines vouée aux combats. Toujours aux Etats-Unis, à qui le Parti Démocrate confie-t-il la mission de redéfinir son positionnement pour les élections intermédiaires de novembre 2018 ? A Cheri Bustos, qui en 2016 a a gagné sa circonscription avec 20 points d'avance là où Trump le même jour de vote devançait Clinton de 2 points ! Et la présidentielle 2020 qui commence à démarrer, qui émerge dans les premiers sondages fédéraux ? Elizabeth Warren, Kirsten Gillibrand … Et du côté des Républicains, l'étoile montante c'est Nikki Haley, Ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU. En matière économique, l'un des pôles d'innovations les plus performants, c'est le MIT. Qui dirige l'un des laboratoires de recherches les plus stratégiques pour les prochaines années ? Daniela Rus ! Et tout dernièrement, hier soir, au Canada, lors d'une élection partielle dans une circonscription présentée comme "imprenable", qui gagne contre tous les pronostics ? Geneviève Guilbault, 34 ans ! Et la liste pourrait durer longtemps. Un changement est intervenu. Le temps des femmes et celui d'une nouvelle génération est arrivé. C'est étonnant combien la France est encore à l'écart de cette tendance qui s'explique ailleurs avec pourtant beaucoup de cohérence.
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2018 : l’année où les budgets publics français explosent …
Débat public français irréel actuellement. Les directions des grandes administrations rognent sur tout ce qu'elles peuvent. Des exemples concrets. Les primes de déplacements des CRS sont fiscalisées et mensualisées pour différer des paiements. Les redevances aux Agences de l'eau pourraient être payées par les distributeurs (publics et privés) à facturation et non à encaissement, ce qui signifie concrètement une avance de trésorerie aux Agences au moment où l'Etat siphonne leurs finances à hauteur de 200 millions d'euros … Et la liste pourrait continuer longtemps. Tout est bon pour faire les fonds de tiroirs. Pourquoi ? Parce que le stimulus monétaire post crise 2008 a pris fin. C'est le tournant du 19 septembre 2017 avec les déclarations de la FED. Pour jouer sur un "effet édredon", la complaisance monétaire a duré 9 ans. C'est une séquence temps énorme. 9 ans pour purger, pour restructurer, pour repartir sur des bases plus saines. Qu'a fait la France pendant ces 9 ans ? Rien. Bloquée. Figée. Immobile. Avec les taux d'intérêt qui repartent à la hausse, c'est un nombre considérable de budgets publics français qui vont exploser en 2008. Impossibles à tenir. Et pendant ce temps, la classe politique française débat sur le point de savoir si "la rue a chassé ou pas les nazis"… Un hors sujet absolu. Irresponsable !
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Seule la transparence rend l’information digne de confiance
Les annonces faites par Mark Zuckerberg sont un indiscutable tournant pour l'information numérique. Il accepte de lever le secret sur des achats publicitaires. Et il a annoncé des mesures fortes pour lutter contre les tentatives de manipulation. Sur le fond, c'est le tournant de l'honorabilité de l'information numérique. Elle montre qu'elle est devenue adulte. Et comme adulte, elle ne peut se permettre d'être le receptacle d'informations erronées. Les décisions annoncées hier par Zuckerberg marque le démarrage d'un cycle nouveau de l'information numérique. Quand Facebook accepte de collaborer avec le Congrès pour établir la transparence sur la présidentielle 2016, comment refuser demain d'autres démarches de ce type pour d'autres pays ? C'était nécessaire pour garder ou renforcer la crédibilité de l'information numérique. Et cela changera aussi les "règles de fonctionnement" pour les médias traditionnels car, dans la compétition des supports, ils ne pourront être "en retard". Une date importante pour l'information.
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Quand l’intérêt n’a plus de mémoire …
Il y a quelques jours, Wish a levé 250 millions de dollars. Wish, c'est une plateforme d'e-commerce. Le parti pris est simple : des prix cassés 265 jours sur 365 ! Bref, des soldes à 90 % (au moins) tous les jours de l'année. Voilà contre quoi un "commerçant traditionnel" français doit désormais lutter. Pour acheter auprès d'un "commerçant traditionnel", il faut trouver où se garer. Puis payer le parc-mètre. Puis ne pas dépasser la durée achetée au parc-mètre sinon c'est l'amende garantie … Et de temps en temps seulement, profiter d'embellie sur les prix à – 30 ou – 50 %. Et la concurrence : se mettre devant son clavier. Chercher un produit. Cliquer. Payer en ligne. Et le coût de l'expédition (quand il est facturé selon les conditions d'achat) est moins élevé que 30 minutes de parc-mètre ! Pour des produits interchangeables, sans fonction de conseil pour le vendeur, des produits qui ne craignent ni la casse ni la péremption : comment lutter ? La fonction du prix dans la séduction d'un produit est désormais telle qu'elle cache les autres volets d'un produit. Nous sommes entrés dans un cycle où l'intérêt du prix n'a plus de mémoire, ne se rappelle de rien, jamais d'un service rendu, d'une réparation assurée, d'une recherche particulière qui avait demandé beaucoup de temps … Avec de telles conditions de consommation, si les villes ne s'adaptent pas de façon très urgente (plages horaires gratuites pour les véhicules, animations récurrentes, opérations commerciales quasi-permanentes …), nous ne sommes qu'au début d'un massacre considérable. Ce d'autant plus que la bataille financière globale est tellement inégale. Pour des entreprises d'Internet situées dans la seule localité de San Francisco, au cours des trois dernières semaines, 528 millions de dollars ont été levés auprès de capitaux risqueurs. Pas sûr que ce montant ait été levé sur toute l'année 2016 (12 mois) pour les entrées de ce segment de marché sur la Bourse de Paris. Si des modifications majeures urgentes ne sont pas apportées, les villes et villages de France ne sont pas prêts de voir arrêter la baisse des stores métalliques … Et ce constat est effectué par le client que je suis qui donne la préférence permanente au commerce indépendant de proximité avec une grande fidélité.
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L’autre visage de l’international …
Des médias français, tout particulièrement des chaînes TV, ont une conception très particulière de l'international. C'est soit le théâtre de la célébration de la "puissance française" lors de diverses manifestations soit la mise en relief de ce qui ne fonctionne pas à l'étranger. Dans ce dernier cadre, c'est d'ailleurs parfois un réel choc que de constater un reportage lénifiant pour un dysfonctionnement en France et implacable pour une faiblesse dans un pays étranger. Mais il y a un angle qui presque systématiquement défaut : présenter de façon détaillée les bonnes nouvelles intervenues dans un pays étranger. Vendredi, les statistiques sont tombées au Canada au sujet du chômage. Le marché du travail canadien a affiché son neuvième mois de gains d’emplois consécutifs en août 2017, ce qui constitue sa plus longue progression depuis la crise financière de 2008. Statistique Canada a révélé que la hausse, le mois dernier, de 22 200 emplois a permis de faire diminuer le taux de chômage de 0,1 point de pourcentage au Canada pour s’établir à 6,2 %. Cela correspond à un niveau d'emploi d'avant la crise de l'automne 2008. Et dans le même temps, le niveau moyen des salaires a augmenté ! Une réalité qui explique le niveau de confiance en faveur de Justin Trudeau. Et, dans les médias français, il n'a pas été davantage question par exemple des emplois créés par Ubisoft. L'annonce est intervenue le 5 septembre : création d'un nouveau studio avec 150 emplois créés à court terme. Cette entreprise a son siège social à Rennes et les emplois créés le sont à … Saguenay (Province de Québec). Les aides et les charges sociales font la différence. C'est aussi cela l'autre visage de l'international …
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Pourquoi Jeff Bezos ne pouvait pas être français …
Remarquable article des Echos du jeudi 7 septembre sur les 5 leçons a retenir de Jeff Bezos. Jeudi 7 septembre, Jeff Bezos a annoncé la construction d'un second siège : 5 milliards de dollars de travaux, 50 000 emplois créés … Amazon, c'est déjà 380 000 salariés soit le 8ème employeur des Etats-Unis ! Parmi les 5 leçons très instructives, il y a la leçon 4 : accepter de perdre de l'argent. Quand il était venu en France en 2 000 (29 août), Amazon c'était un CA de 70 millions de dollars de CA avec 25 millions de dollars de pertes sur l'exercice 1999. A l'issue de son point professionnel sur une péniche à Paris, j'avais brièvement parlé avec lui. Il avait reçu un orage de grêle des journalistes français annonçant l'éclatement de la "bulle Amazon" et datant même pour certains le moment de sa … liquidation. En France, il faut gagner de l'argent … tout de suite. Les seuls organismes qui peuvent perdre de l"argent, c'est le public sans que là des questions soient jamais posées comme s'il avait vocation, même dans des domaines concurrentiels, à cumuler les trous à boucher et les grandes entreprises avec beaucoup de salariés qui peuvent engager un chantage à l'emploi pour obtenir des renflouements. Pour les autres, accepter le long terme, c'est impossible. Le mécanisme est verrouillé : le commissaire aux comptes lance des alertes. L'expert comptable est pris d'angoisse. Les concurrents agitent le drapeau rouge en ayant comme argument de vente que l'entreprise en question ne peut plus survivre longtemps. Il maque plus que la convocation dans la salle d'attente du tribunal de commerce et la "messe est dite" : le sapin est avancé … C'est certains que Jeff Bezos ne pouvait pas être français. Mais en attendant l'essentiel des emplois qu'il crée ne le sont pas non plus. Un constat qui mériterait d'être analysé plus sérieusement que d'actuels débats bien éphémères …
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Enfin. Bravo Orvis !
Quand nous avons lancé la collection Balades en Famille avec Béatrice Métenier, Lydia Menut et Eric Merlen (collection qui constituait à l'époque une novation importante), nous avons été confrontés à des réactions surprenantes : nous allions "livrer" la nature au grand nombre. Et les critiques découlaient de ce constat. Face aux critiques, nous avons continué et même, grâce à l'imagination de Béatrice, Lydia et Eric, nous avons multiplié les collections thématiques permettant de faire partager la nature au plus grand nombre : bivouacs, sommets sans corde … Pour que la nature soit bien défendue, il faut qu'elle soit complice et aimée par le plus grand nombre. Et non pas inaccessible pour le plus grand nombre. Or cette approche, c'est un choc culturel face à certaines traditions. Une mentalité très répandue est celle d'une conception élitiste de la nature. La nature aurait son aristocratie. dans ce cadre, il faut avoir une sorte de "sang bleu" fait de passion, de tradition et surtout de grande forme physique. Cet élitisme repose sur une approche ancienne selon laquelle "la nature se mérite". Il faut de l'effort, de la sélection. Et pour les tenants de cette approche, partager la nature au plus grand nombre, ce serait affaiblir la nature puisque sa fragilité deviendrait encore plus manifeste lorsque la nature est beaucoup fréquentée.
Les catalogues de produits portent cette mentalité : des corps d'athlètes. Tous plus musclés, énergiques les uns que les autres.
Avec sa dernière vidéo, Orvis, marque référente de l'outdoor, vient de casser ce code (cf vidéo ci-dessous). C'est un tournant important. Une personne âgée, handicapée peut aussi pêcher, s'amuser, être complice avec la nature parce que la nature se mérite d'abord par ceux qui l'aiment, qui la respectent et, face aux handicaps, cet amour doit être encore plus fort parce que le lien avec la nature est alors plus difficile, elle demande encore davantage d'efforts. Cette "mobilité" réduite peut être passagère (femmes enceintes ou jeunes mamans). Elle peut être permanente. Elle mérite d'être mieux considérée. Orvis vient de contribuer à effectuer ce grand pas. Bravo.
Une philosophie qui devrait inspirer davantage notamment les gestionnaires de parcs naturels pour aménager des parcours pour des personnes à mobilité réduite tout particulièrement. Un vaste chantier sur lequel la France a beaucoup de retard.
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La France et son enfer permanent du « tous pareils »
Le dossier de la suppression ou la diminution significative des emplois aidés montre actuellement que, même une nouvelle direction politique composée pour partie de jeunes ayant la volonté exprimée de "changer les choses", la France n'arrive pas à sortir du "tous pareils". Qu'il faille évoluer sur les emplois aidés, c'est un choix qui peut se défendre. Mais pourquoi mettre tous les emplois aidés sur une logique d'uniformité ? Il y a tant de critères qui changent : l'objet de l'activité, la taille d'une collectivité bénéficiaire, la richesse fiscale d'une collectivité bénéficiaire … Des critères adaptés aux réalités diversifiées du terrain. Non, en France, quand une mesure est prise, elle doit être dans la culture du "tous pareils". Pourquoi, ? Parce que le pays accepte peu les différences de traitements. Il y aurait alors les "privilégiés" et … les autres. Cette logique bureaucratique de l'administration centralisée est désormais particulièrement fausse puisque la société a explosé en une multitude de couches différentes. La mesure parée de toutes les qualités apparentes de l'égalité de tous devient en réalité terriblement injuste puisque les inégalités règnent sur la base d'une multitude de critères du terrain. Paris applique toujours le "tous pareils" quand le terrain est au "tous différents". C'est vraiment une preuve de plus du crépuscule de tout un système politico-administratif national.